On manque un peu de publicité et un peu de cohérence entre nous, a dit le maire de Foix, Norbert Meler

Le maire de Foix, Norbert Meler, a parlé pour all-andorra.com des plans du développement de la ville et des tâches principales de l’administration de Foix.

Interview : Irina Rybalchenko

Êtes-vous le maire de la ville de Foix ou du département de l’Ariège dans les Pyrénées centrales?

Je suis le maire de Foix (depuis mars 2014), qui compte 10000 habitants. Ensuite vous avez une communauté d’agglomération, Pays Foix Varilhes, qui compte 32000 habitants. Puis vous avez l’Ariège et ses 160000 habitants. Le conseil municipal de Foix ce sont 29 conseillers municipaux, avec un groupe majoritaire de 24 élus socialistes et Europe-écologie-les verts. Ensuite vous avez 3 élus des Républicains, la droite républicaine, et 2 pour la gauche de la France insoumise. On est élu pour 6 ans donc jusqu’en mars 2020.

À partir de 2008, j’étais adjoint et je m’occupais de l’Éducation et de la Jeunesse. Moi, je suis socialiste. Je n’ai pas la même sensibilité politique que le président de la République, Emmanuel Macron. Pas du tout!

À quelle fréquence rencontrez-vous le président de la France?

L’an dernier, je participais à la réunion annuelle des maires de France. On était 3500 maires de France à écouter le président, le programme qu’il avait pour les communes, l’argent qu’il allait leur donner, l’argent qu’il allait leur prendre… Tous les ans, les maires de France se réunissent en assemblée durant plusieurs jours. Le dernier jour, il est de tradition que le président de la République vienne prononcer un discours. Cette année encore, j’y serai en novembre.

Quel projet vous vouliez réaliser en tant que maire?

Mon objectif c’était d’abord de respecter ce que les autres ont fait avant moi et tout ce qu’ils nous ont passé comme héritage. En s’appuyant là-dessus aujourd’hui, on fait ce qu’on a à faire. On a fait des travaux dans la ville, on a créé des animations, on a accueilli des demandeurs d’asile, on a développé le centre universitaire, on l’a rénové complètement. On l’a fait parce qu’on était en fonction à ce moment-là. Et on prépare ce qui se passera entre 2020 et 2026. On prépare une base avec de l’argent qui existe et on prépare aussi des générations qui seront en capacité de prendre des responsabilités.

C’est ça mon seul souci. Après, que mon nom reste quelque part, ça n’a aucune importance. Vous savez, la vie elle continue tout le temps. Nous on est de passage sur le chantier à un moment donné. À l’endroit où on se trouve, il faut faire le travail qu’on a à faire. Et on ne fait pas tout. On fait des choses très petites. Des choses petites qui s’ajoutent font de grandes choses…

Cet ouvrier à qui on demandait: « Qu’est-ce que tu fais? » Il répondait: « Moi, je taille une pierre. » Et l’autre: « Moi, je taille une pierre pour faire un mur. » Et le troisième: « Moi, je taille une pierre pour faire un mur qui fera une cathédrale derrière. » Notre travail s’inscrit dans un chantier qui est global et général. C’est cet état d’esprit que j’essaie d’insuffler à ceux qui travaillent avec moi et en particulier aux générations plus jeunes qui travaillent avec moi, de jeunes élus de 35-40 ans.

Qu’est-ce qu’il manque à l’image de Foix?

On manque un peu de publicité; on manque aussi un peu de cohérence entre nous. Il faut prendre une image de Foix et de l’Ariège et rester sur cette image. Les gens se fixent sur cette image. J’étais ce matin dans une réunion sur le développement économique. Je disais: « c’est quand même extraordinaire, quand on parle de notre région, on a du mal à situer l’Ariège et on situe mieux Foix! Pourquoi? » Parce qu’on a ce château. Puisqu’on l’a montrons-le.

Qu’est-ce qu’on peut faire alors à Foix?

Ça dépend du temps que vous avez mais vous pouvez rester quelques jours pour visiter le château, l’abbatiale Saint-Volusien, le musée, les forges de Pyrène, la rivière de Labouiche. Si vous restez plus longtemps, il y a beaucoup de petits sites qui méritent le détour. J’aime beaucoup un petit moulin, tout à fait là-haut dans la montagne. Les gens du village ont refait ce moulin dans lequel on faisait le pain qu’on distribuait à toute la vallée. Il ouvre surtout l’été car ce sont des bénévoles qui le font tourner. Vous avez aussi à l’entrée de Foix les vestiges d’un vieux château qui a été démoli, le château de Labarre. Il gardait la ville de Foix. Il reste des murailles mais aussi des meurtrières où on pouvait tirer de deux côtés. C’est rare. Nous avons restauré dans la montagne des terrasses. Ce sont des murs de 3 m qui ont été construits pour pouvoir cultiver en montagne. Dans la promenade de Villote, on a déboisé et c’est superbe.

Pouvez-vous nous parler de la situation économique de votre ville?

Foix est une ville qui a environ 12 millions d’euros en fonctionnement, 5 millions d’euros en investissement (cette année). La taxe d’habitation est plus basse que la moyenne des villes de même strate, c’est-à-dire des villes entre 10000 et 20000 habitants. Ensuite les villes peuvent faire des emprunts et donc s’endetter. Le taux d’endettement de Foix est très très inférieur à des villes comparables.

Quels sont les projets d’investissement?

Aujourd’hui, on est dans la politique de la ville, dans le développement du territoire. Dans les 6 mois à venir, le travail va porter sur la rénovation de l’habitat. On a des appartements dans la ville historique qui sont vieux, vétustes, insalubres. On a un projet de les rénover sur 10 ans. Dans les mois qui viennent, on va commencer le plus rapidement possible. Pour faire en sorte que les gens habitent à Foix. Parce que les gens qui habitent à Foix, ils consomment à Foix.

Ça enclenche le développement économique dans le centre de Foix. Pour venir, il faut qu’ils aient des logements, il faut qu’il y ait de l’économie au centre pour pouvoir acheter parce que sinon c’est une ville morte qui se dégrade, et où s’installent les incivilités et la délinquance. Il faut aussi des services autour. Les services, c’est la culture, ce sont les écoles, c’est le social, c’est la protection de l’environnement. Tout marche ensemble. Aujourd’hui, le travail qu’on a à faire et sur lequel on a un peu de retard, c’est la restauration des logements et l’aide à la restauration, l’amélioration des espaces publics, les rues et les places qui restent à améliorer. Troisièmement, on a encore du travail sur le stationnement. En investissement, c’est ça qui nous attend.

Est-ce qu’il y a des investissements qui peuvent intéresser les investisseurs étrangers?

Nous, sur Foix, il y a deux projets sur lequel on peut attirer des investisseurs de l’extérieur. Pas forcément sur Foix. C’est Foix et le territoire parce que Foix ne peut pas vivre tout seul. Foix vit avec les communes qui sont autour et les communes qui sont autour vivent avec Foix. En fonction des projets, on le fait à Foix ou on le fait sur une échelle plus grande. Ce que vous me demandez repose plus sur la communauté d’agglomérations de 32000 habitants. Pour les investisseurs, sur Foix, il y a les habitations qu’on rénove. Si des personnes veulent venir, il y a des possibilités d’investissement. Sur les commerces aussi, l’artisanat, les petits commerces et ensuite les zones industrielles, celles-ci ne sont pas à Foix, elles sont un peu plus au nord, Saint-Jean-de-Verges, Varilhes sur la communauté de communes parce qu’à Foix, il n’y a pas de grands terrains.

Il y a aussi une usine importante qui est une usine de haute technologie à l’échelle européenne et mondiale, 500 emplois, c’est Continental. Ils fabriquent des pièces qui vont servir pour l’informatique des voitures par exemple…

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, y a-t-il une université à Foix?

Oui, il y a une université avec 420 étudiants. Elle travaille dans 3 directions. D’une part, elle forme des enseignants et notamment des professeurs des écoles. Elle s’appelle centre universitaire Robert-Naudi. Il y a une formation dans les métiers du tourisme. Et un troisième pôle qui forme les animateurs du territoire. Vous savez dans toutes les mairies vous avez des gens qui préparent les dossiers, qui montent les subventions…

De très nombreux étudiants viennent de l’extérieur du département. Cette université a été ouverte en 1990. À l’époque, il y avait dans tous les départements une école normale, qui formait les instituteurs. Elles ont été supprimées et remplacées par des instituts de formation. A cet institut ont été ajoutées d’autres formations. Pour nous c’était tourisme et géographie, aménagement du territoire. Bientôt 30 ans! Et ça se développe.

Quelles sont les relations entre Foix et Andorre?

Foix est jumelée à Andorre-la-Vieille. Au début des années 2000, le jumelage a été signé. Ce jumelage vivait et aujourd’hui, les gens ont changé, il ne se fait plus. Ce que je pense, c’est qu’on pourrait reprendre des relations économiques, ainsi qu’au niveau médical, au niveau des politiques jeunesse, des échanges de jeunes. On a rencontré l’ambassadeur de France en Andorre au mois de juin. On s’est engagé avec l’ambassade pour reprendre des contacts avec l’Andorre et voir comment on pourrait redonner vie à ce jumelage, retrouver l’intérêt d’Andorre-la-Vieille et de Foix. Moi, je pense que l’université et le secteur médical sont deux vecteurs importants. Aujourd’hui, les Andorrans quand ils ont besoin de soins, ils partent à Barcelone. Foix est beaucoup plus près. L’hôpital mérite d’être encore développé.

Et dans le domaine du tourisme?

Le tourisme c’est géré par le département de l’Ariège. Une agence est à Foix mais c’est pour l’ensemble du département. Des liens se font obligatoirement. Foix a un patrimoine et l’Andorre également. Les gens qui viennent visiter Foix pourront facilement le faire en Andorre. Il y a une heure et demie de route. Inversement c’est vrai aussi. Il y a une proximité qui n’est pas inintéressante.

Il y a une liaison de bus entre Toulouse et Andorre. Pourquoi n’y a-t-il pas le même service avec Foix?

Je ne sais pas. Peut-être parce que ce sont des choses qui restent à faire. Tout ce qui est échange est porteur au plan humain et également au plan économique. Simplement il y a des priorités. Il y a des choses qui se font quand elles se présentent. On ne peut pas être sur tous les dossiers à la fois. Foix, seule, ne peut pas se lancer dans des opérations de cette importance. On se retrouve face à une échelle beaucoup plus grande. Là, c’est l’agence du tourisme de l’Ariège qui s’occupe de cette affaire-là.

Une question pour nos lecteurs des États-Unis, Grande-Bretagne et Russie. Existe-t-il des relations entre ces pays et Foix?

Non, on n’a pas de relations directes par contre on voit passer des visiteurs en bus qui viennent d’Angleterre, de Russie, d’Israël… Vous avez deux sites touristiques proches de Foix qui sont merveilleux, le parc de la Préhistoire à Tarascon-sur-Ariège et la rivière souterraine de Labouiche. La rivière a creusé la roche et vous visitez la grotte dans une barque sur 1500 mètres de promenade. C’est fantastique! Je ne sais pas pourquoi, ce site touristique a un public que n’ont pas les autres. J’ai vu beaucoup de bus étrangers qui y viennent. Ce serait à creuser. Quand ils sont là, ils pourraient très bien aller à Foix, aller au parc de la Préhistoire ou aller en Andorre. Ça demande d’être un petit plus structuré.

Est-ce que vous avez des statistiques sur la fréquentation touristique à Foix?

Au château de Foix, ce sont 85000 visiteurs par an. Et l’église en bas du château, l’abbatiale Saint-Volusien, ce sont 130000 visiteurs par an. Le conseil départemental est propriétaire du château, ce n’est pas la ville. Ils ont racheté un grand bâtiment au pied du château, qui était le tribunal. On a construit un nouveau tribunal au sud de la ville. Dans l’ancien tribunal, tout sera démoli dedans parce qu’il était très vieux et un grand musée y sera aménagé. Ce château est en restauration et on passera de 85000 visiteurs à beaucoup plus. Il y aura un ascenseur qui sera installé pour les personnes à mobilité réduite ou les personnes avec des bébés. Il y a un projet porté par le conseil départemental de 8 millions d’euros. Le château est un site touristique qui est appelé à grandir. Les gens qui viendront pourront visiter le musée et rester 3 ou 4 heures au lieu d’une heure pour le château uniquement. Ils resteront sur place, mangeront au restaurant ou resteront sur place pour coucher à l’hôtel. Ce sera terminé pour juin 2019.

Y a-t-il beaucoup d’hôtels 4, 5 étoiles à Foix?

Non! C’est ce qui manque. Je cherche des investisseurs. On a des sites qui sont intéressants. On cherche pour des hôtels haut de gamme et pour avoir de la restauration. On a une agence départementale qui ne fait que ça, le développement économique, A.A.A. Elle travaille sur la recherche d’industries, et sur l’hôtellerie aussi. Ensuite, on a des relations personnelles. Des gens qu’on connaît, qui sont dans ce milieu, sur Paris ou ailleurs, qu’on a contactés, qui sont venus voir sur place et qui cherchent pour nous. Par relation, on essaie de trouver.

Pour le moment, on n’a pas trouvé. On a sur la ville trois pôles intéressants. On a près du café de Villote qui est encore ouvert aujourd’hui une ancienne bâtisse à rénover qui est un ancien hôtel. C’est un propriétaire privé. On a ce qui était un des plus beaux hôtels de la région qui s’appelle La Barbacane, une bâtisse de caractère qui appartient aussi à un privé et ensuite, l’ancienne Banque de France qui est un bâtiment du XXème siècle, très beau, avec un parc autour, qui peut accueillir un bel hôtel, un beau restaurant. On cherche un investisseur.

La Banque de France où il y avait autrefois 50 employés, il doit en rester 4 ou 5! Ça coûte cher à l’État français à entretenir et donc il va vendre ce bien. Nous, on s’est dit que c’est tellement près du centre-ville, tellement près du château, tellement près de l’abbatiale Saint-Volusien que ça vaudrait le coup de trouver un investisseur. Ce qu’on constate c’est que, quand vous avez de grandes entreprises qui reçoivent des gens importants – Continental par exemple –  pour les faire dormir, manger dans des endroits qui coûtent cher, ils vont à Toulouse.

En ce qui concerne la vie culturelle, y a-t-il beaucoup d’événements?

Oui il y en a beaucoup. Le 16 juin, vous avez eu le festival des enfants organisé par les Francas du Pays de Foix avec des spectacles d’enfants, des jeux et un marché d’été. Le 21 juin, comme partout en France, c’était la fête de la musique. Le 29 juin, la course pédestre « Porcina Fuxi », une corrida pédestre de 7 km qui passe dans les rues de la ville et organisée par la Confrérie de la saucisse de Foix. Du 29 juin au 1er juillet, le festival « Foix’R de rue» proposait un programme de musique, de sports et d’arts de rue.

Du 6 au 14 juillet, le 22ème festival cinématographique présentait des films et débats sous le grand thème « Résistances ». Le 7 juillet, la Confrérie de la saucisse organisait sa fête.

Vous avez une très grosse manifestation qui se déroulera le 15 décembre qui met le feu partout à Foix. Ça s’appelle « Tout Foix, tout flamme ». Ce sont des illuminations dans le centre de la ville de toutes sortes d’objets qui défilent. C’est très original. 20000 spectateurs viennent dans les rues.

Du 21 juin, la fête de la musique, jusqu’au 15 octobre, on a des manifestations tous les week-ends! On termine par la foire de la Barguillière. On y présente des animaux. Foix est une ville animée.

Quelle est la dynamique du marché immobilier?

Aujourd’hui, les prix sont à peu près stables. La tendance est à l’augmentation car la ville est dans une dynamique de développement. Quand on regarde le centre-ville de Foix, depuis 2 ans, le nombre de boutiques qui s’ouvre est plus important que le nombre de boutiques qui ferme. Le nombre d’emplois qui se crée est plus important que le nombre d’emplois qui sont supprimés. On est dans une dynamique positive. Donc plus il y a de demandes, plus les prix de l’immobilier sont à la hausse. Depuis 2 ans, on constate une évolution. Mais c’est un travail de très longue haleine.

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