Il est possible que la Casa de la Vall andorrane reçoive bientôt le statut de site du Patrimoine mondial de l’UNESCO, a dit le SG de la commission nationale andorrane de l’UNESCO Jean-Michel Armengol

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Le secrétaire général de la commission nationale andorrane de l’UNESCO, Jean-Michel Armengol, a énuméré les principaux projets de l’UNESCO en Andorre pour all-andorra.com et a parlé de ceux à venir pour les deux prochaines années.

Interview : Irina Rybalchenko

Quelle année l’unité de l’UNESCO a été ouverte en Andorre?

En 1993 l’Andorre a adopté sa constitution et elle est devenue un membre des Nations Unies. Il y a 20 ans l’Andorre est devenue membre de l’UNESCO (23 février 1996). Comme on le sait, l’UNESCO est une organisation qui dépend des Nation Unies dont le but est la promotion de la valeur de l’éducation, la science, la culture et la communication. Dans toutes ses grandes directions il y a des sous-directions, des sous-programmes et des activités comme la liberté d’expression, le patrimoine mondial, la diversité culturelle, le dialogue entre les cultures.

Tout à fait, l’UNESCO est un grand réseau international avec beaucoup d’activités. Le siège est à Paris et les 197 État-membres ont des commissions nationales, comme ici, en Andorre.

L’UNESCO a un programme international, mais chaque pays peut développer à travers ses commissions nationales des séries d’activités qui correspondent aux besoins du pays. Par exemple, l’Andorre est un pays de diversité culturelle et nous travaillons beaucoup avec des écoles associées avec l’UNESCO (en tout, dans le monde il y a près de 7 000 écoles avec lesquelles l’UNESCO collabore).

Combien d’écoles sont associées avec l’UNESCO en Andorre?

Il y a 7 centres inscrits, du niveau primaire jusqu’au niveau universitaire: l’école andorrane de Santa Coloma, la Sagrada Familia, col·legi Janer, l’école andorrane d’Ordino, d’Encamp, le centre de formation professionnelle et le Colegio espñol Maria Moliner (ancien Institut espagnol).

Les activités sont liées avec l’environnement, la culture. Le 21 février, par exemple, est organisée et célébrée la journée internationale de la langue maternelle. En Andorre il y a beaucoup d’écoles avec beaucoup de nationalités. Les élèves lisaient des poèmes dans leur langue maternelle ou proposaient des chansons dans leur langue maternelle.

Il n’y a pas d’écoles françaises. Pourquoi?

Parce qu’il n’y a pas de demande de la part du système éducatif français. Ce n’est pas obligatoire, c’est le compromis de la direction de l’école.

Pour l’université c’est différent. Le recteur de l’université, Miguel Nicolau, est membre de la commission nationale andorrane de l’UNESCO. De plus l’université a un statut de chaire de l’UNESCO. Une chaire de l’UNESCO est un autre réseau auquel participent des universités sur des thématiques telles que l’environnement, la culture ou la technologie.

Quels sont les autres projets de l’UNESCO en Andorre?

Nous travaillons aussi avec les associations culturelles, environnementales, de la protection de l’environnement, des jeunes, des femmes, en particulier sur les questions de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Ici, en Andorre, il y a des problèmes de femmes qui sont battues, maltraitées.

Il y a aussi le thème de la liberté d’expression.

Tous les deux ans, nous organisons une rencontre d’artistes du monde entier pour promouvoir la diversité culturelle et passer les valeurs de l’humanisme: ArtCamp Andorre, des couleurs pour la planete. La dernière édition a eu lieu en 2016 avec 31 artistes peintres (la première édition était en 2008). Pendant 12 jours les artistes vivent et travaillent ensemble à Ordino. La prochaine rencontre se déroulera en juillet 2018.

A Malte, il y a le même projet artistique ArtCamp (c’est plus pour des artistes des pays méditerranéens et de l’UE). Cette année, Malte a la présidence de l’UE pendant 6 mois (du mois de janvier au mois de juin). Au mois de mai, ils feront la deuxième édition d’ArtCamp. Un artiste d’Andorre participera à ce projet. En fait, il y aura entre 15 et 20 artistes.

Il y a un autre projet qui implique l’envoi de jeunes hommes et de jeunes filles âgés d’au moins 18 ans de nationalité européenne ou arabe à Oman pour se retrouver dans le désert. Le projet s’appelle Connecting cultures, l’Université du désert. Cette année, au mois de janvier, nous avons participé à ce projet pour la 6ème fois. Pendant une semaine, les participants ont vécu ensemble sans téléphone portable et ont pu comparer leurs cultures et faire tomber de nombreux préjugés. C’était très bien organisé.

En 2007, nous avons eu un projet similaire dans la vallée du Madriu-Perafita-Claror. C’est une rencontre de jeunes du monde entier pour vivre et faire des activités ensemble et découvrir ce qu’est un site inscrit sur la liste du Patrimoine mondial. Pendant plus de 15 jours, des jeunes venus du monde entier apprennent à vivre ensemble. Nous travaillons actuellement à la réalisation de la prochaine édition pour 2019.

Au mois de février, nous avons collaboré au projet Ull-nu (Vème festival audiovisuel de jeunes créateurs audiovisuals des Pyrénées – France, Espagne et Andorre). Ce sont des courts-métrages.

Nous allons participer à la célébration de la journée internationale des femmes le 8 mars ; la journée mondiale de l’eau le 20 mars. Les petits chanteurs d’Andorre chanteront lors d’un concert au Comu d’Escaldes.

En avril, ce sera la célébration internationale des droits d’auteurs et des livres Sant Jordi. Le 22 mai, nous participons avec l’ambassade de France et le ministère de l’Environnement à la projection du film L’Odyssée, sur la vie du commandant Cousteau (qui est sorti en 2016) à l’Illa Carlemany.

Et enfin, au niveau général de l’UNESCO, il y a une date importante. À la fin de cette année, il y aura la Conférence générale et tous les États-membres se réunissent pour l’élection du nouveau directeur général. Actuellement, c’est la bulgare Irina Bokova.

Les candidats sont précisés?

Il y a une répartition géographique – après Irina Bokova un représentant des pays arabes aura le privilège d’être choisi – il y a plusieurs candidats issus du Qatar, d’Égypte, du Liban mais aussi d’Italie et Philippines.

Quel est le budget pour réaliser tous ces projets en Andorre?

Le budget de la commission est de moins 100 000 euros. Le budget total de l’UNESCO pour cette année est de 350 000 000 euros.

Quelle est la dynamique par rapport à l’année dernière?

Il y a un problème. Depuis que la Palestine est entrée comme pays-membre de l’UNESCO, le Congrès américain n’autorise pas que les États-Unis payent leur participation (chaque état-membre doit payer en fonction de sa population et de sa richesse) à cause de la présence de la Palestine à l’UNESCO. Cela provoque un déficit budgétaire parce que 20% du budget viennent de la part des États-Unis.

La vallée du Madriu est-il le seul patrimoine culturel de l’UNESCO en Andorre?

Oui, à l’heure actuelle il n’y en a pas d’autres.

L’Andorre, la France et l’Espagne travaillent pour obtenir le statut de patrimoine mondial de l’UNESCO pour trois sites liés à l’histoire d’Andorre: la cathédrale de la Seu (Espagne), la Casa de la Vall (Andorre) et le château de Foix (France). Où en sont les négociations?

C’est encore à l’étude. C’est un projet qui implique 3 pays. Le processus est le suivant: les trois pays ont présenté les propositions au centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est le premier pas. Il y a une liste d’attente: en France et en Espagne il y a beaucoup de sites-candidats, donc c’est plus facile que l’Andorre prenne le leadership comme candidat et les autres pays s’ajouteront. Je pense qu’on va se mettre d’accord. C’est un projet multiple, bien avancé et très intéressant.

Si la Casa de la Vall reçoit le statut de patrimoine mondial de l’UNESCO cela aura une incidence sur le budget de la commission andorrane? Que cela signifiera pour l’Andorre?

Non, l’inscription d’un site n’apporte aucuns revenus supplementaires à la commission nationale du pays mais par contre c’est un label qui est très reconnu au niveau international et généralement une inscription augmente la frequentation touristique de 20% dans la région du site.

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