Nous collaborons avec l’Institut de Technologie du Massachusetts et investissons beaucoup d’argent dans les recherches conjointes, a déclaré le ministre de l’Éducation d’Andorre, Eric Jover

le-ministre-de-leducation-dandorre-eric-jover

Le ministre de l’Éducation d’Andorre, Eric Jover, parle des principaux avantages de l’éducation en Andorre pour all-andorra.com:

Interview : Irina Rybalchenko

L’Andorre connait une expérience unique avec ses trois systèmes d’éducation et selon la directrice de l’UNESCO, Irina Bokova, cette expérience pourrait être utilisée par l’UNESCO. Comment cela fonctionne?

Selon l’UNESCO, nous sommes reconnus comme les champions de l’éducation. L’UNESCO utilise notre expérience afin d’améliorer les normes mondiales de l’éducation.

Oui, nous avons trois systèmes d’éducation en Andorre – andorran, français et espagnol. Les trois systèmes sont publics et gratuits pour les citoyens et les résidents d’Andorre. C’est un modèle unique, vraiment, et ce genre de système d’éducation n’existe dans aucun autre pays dans le monde. Les systèmes français et espagnol dépendent respectivement des ministères de l’Éducation de la France et de l’Espagne. Le gouvernement d’Andorre a une très bonne relation avec ces deux ministères.

Nous investissons également dans les écoles françaises et espagnoles. Pour l’instant, nous avons un équilibre: chacun de ces trois systèmes accueille environ 1/3 des étudiants andorrans. Nous n’avons pas de travail pour y parvenir. Cela se fait absolument naturellement. Et l’on voudrait continuer dans la même direction.

La coopération internationale est toujours très importante pour nous. De notre côté, nous travaillons en étroite collaboration avec l’UNESCO ainsi qu’avec le Conseil de l’Europe dont nous avons eu la présidence en 2012.

Les principales priorités de notre programme d’éducation sont la démocratie et la protection des droits humains. Nous enseignons ces compétences au cours du programme scolaire. Je suis sûr que l’éducation est un bon outil pour changer le monde, en tenant compte de la menace du terrorisme et de la discrimination raciale. Maintenant nous testons la façon dont ça fonctionne sur nos élèves. Si cette expérience est positive, nous souhaitons partager nos connaissances avec d’autres pays.

Vous avez mentionné que votre ministère participent dans le financement des écoles espagnoles et françaises. Quel est le bilan total du ministère de l’Éducation d’Andorre?

En parlant du financement des écoles espagnoles et françaises, je voudrais dire que nous payons pour l’enseignement les disciplines liées à l’Andorre, y compris le catalan (la langue officielle d’Andorre), l’histoire d’Andorre ainsi que la géographie et l’environnement. Il est important pour nous de fournir les connaissances de ce genre, parce que tous nos élèves sont citoyens ou résidents d’Andorre.

Nous finançons également tous les coûts liés à l’entretien des bâtiments scolaires, comme les réparations, l’isolation des bâtiments etc. Il est important d’ajouter que nous avons un programme appelé “3E” (eficiència, energètica, escola), ce qui signifie « l’efficacité énergétique dans les écoles ». C’est un projet mutuel avec le ministère de l’Environnement et le ministère des Territoires. Nous accordons beaucoup d’attention à l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments des écoles. Le gouvernement d’Andorre essaie de changer la mentalité de la société du point de vue de l’efficacité énergétique et la protection de l’environnement. Et nous utilisons les bâtiments publics des écoles comme un bon exemple.

En outre, le programme implique la génération suivante en donnant à nos élèves une part très importante dans la société moderne. Donc, comme on peut le voir, nous essayons « d’utiliser » nos écoles pas seulement pour l’enseignement traditionnel. Lorsque nous avons besoin de changer des fenêtres, nous expliquons aux élèves la raison, les conséquences ainsi que donner des connaissances pratiques sur les matériaux modernes. C’est comme un jeu pour les enfants, mais avec un objectif pédagogique.

Pour 2017, le ministère de l’Éducation prévoit 62 millions d’euros dans le cadre du projet “3E” plus un million d’euros du ministère de l’Environnement et le ministère des Territoires. Ce budget est plus important que ce que nous avions en 2016.

Toutefois, le budget pour le transport scolaire sera plus faible l’année prochaine. Mais ce n’est pas parce que nous voulons économiser notre argent. Cette année, nous avons dépensé environ 5 millions d’euros pour le transport scolaire. Nous prévoyons d’économiser 10% en raison de l’optimisation dans ce secteur.

Comment se passe l’intégration d’Andorre avec les autres universités dans le système universitaire européen?

À présent, nous sommes une partie du processus de Bologne, qui est un collectif d’autorités publiques, des universités, des enseignants et des élèves, en collaboration avec les associations d’intervenants, des employeurs, des agences d’assurance qualité, des organisations internationales et des institutions, notamment la Commission européenne. Ainsi, l’Andorre est membre de l’Espace européen d’enseignement supérieur (EEES). Le niveau de la formation dans notre université est absolument équivalent à celui des universités des autres pays européens.

Notre système nous permet d’avoir une reconnaissance similaire de nos diplômes au niveau universitaire. Si un étudiant andorran est diplômé de l’université d’Andorre, il peut continuer ses études au niveau master dans une université des 48 pays européens. C’est bon pour la mobilité et le mouvement international de nos étudiants.

En ce qui concerne notre système d’enseignement supérieur, il dispose de trois cycles universitaires : trois années pour obtenir un diplôme de baccalauréat, deux années – de master et trois années – de doctorat. La France et la majorité des autres pays européens ont le même système. En Espagne c’est différent: il faut étudier quatre années pour obtenir un diplôme de baccalauréat, un an – pour un diplôme de master et trois années – de doctorat. Mais le niveau de connaissance à la fin de chaque cycle est similaire.

Le problème est que l’Andorre n’est pas membre de l’UE. C’est pourquoi nous ne pouvons pas participer au programme d’éducation “Erasmus+”, qui est le plus connu au niveau de l’Union européenne. Parmi les autres projets intéressants, il y a aussi “Horizon 2020”. C’est le plus grand programme de l’UE sur les recherches et les innovations avec près de 80 milliards d’euros de financement sur 7 ans (2014 à 2020) – en plus des investissements privés.

Nous travaillons en étroite collaboration avec l’UE et essayons de faire ce genre de coopération, ce qui est très important pour le développement de l’enseignement supérieur en Andorre.

Quand prévoyez-vous de signer cet accord?

Les négociations sont en cours. La solution dépend de la rapidité de l’Andorre, Saint-Marin et Monaco, quand ils pourront trouver une bonne solution de compromis avec l’UE. Il est prévu en 2018, mais je ne suis pas complètement sûr. Nous devons avoir un référendum afin de savoir si nos citoyens sont d’accord avec ce document ou non.

Quels sont les principaux programmes éducatifs conjoints entre l’Andorre et l’UE ainsi qu’avec d’autres pays du monde?

L’université d’Andorre a certains programmes avec d’autres universités européennes, y compris de nombreuses disciplines avec l’université ouverte de Catalogne, ainsi qu’une maîtrise en tourisme et tourisme culturel avec les universités de Perpignan, Toulouse, Paris et les îles Baléares. Ensuite, nous allons développer un programme avec l’université d’État du Colorado lié au tourisme de montagne.

Quelle est la poursuite du développement de l’enseignement supérieur en Andorre?

Nous voulons améliorer notre université, qui est déjà très bien, mais assez jeune (elle a été créée en 1997). Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un grand choix de disciplines. Nous devons nous concentrer sur celles qui sont utiles en Andorre. Parmi elles, ce sont le tourisme international, l’éducation et l’informatique. L’étude de l’anglais est également important pour notre pays pour le développement au niveau international.

Le gouvernement d’Andorre prévoit-il d’augmenter le nombre d’heures de cours d’anglais dans les écoles primaires?

Nous voulons améliorer le niveau général d’anglais en Andorre, mais pas par cette méthode. Il y a une méthode différente. Depuis l’enfance, ici en Andorre, nous apprenons plusieurs langues. Pour obtenir de bons résultats, il faut construire une structure linguistique dans un cerveau. Cette structure est solide et consolidée. Elle peut être utile pour l’apprentissage d’autres langues. Notre vision est d’introduire l’anglais pas comme une langue étrangère, mais comme une “langue véhiculaire”.

Allez-vous inviter des locuteurs natifs?

Nous avons déjà un programme avec Oxford et un autre – le Fulbright – avec le gouvernement américain. Ils permettent aux étudiants de venir en Andorre et d’aider des élèves andorrans dans l’apprentissage de l’anglais.
Certaines disciplines à l’université sont en anglais, ce qui prouve nos intentions d’apprendre l’anglais en Andorre. Certaines disciplines seront disponibles en anglais à partir de la première année d’études, certaines à partir de la deuxième. Cela dépend du niveau des étudiants. Mais à l’avenir, nous prévoyons d’offrir la possibilité d’étudier en anglais dès la première année.

Prévoyez-vous d’attirer des professeurs de l’étranger?

Nous faisons ça déjà. Dans le projet d’accord avec l’UE, nous allons le développer via le programme “Erasmus+”, qui suppose une mobilité des professeurs aussi.

Envisagez-vous de développer des sciences fondamentales à l’université d’Andorre et de créer des clusters scientifiques?

C’est une question difficile. Nous devons être très prudents. Aujourd’hui, par exemple, la nanotechnologie est un sujet chaud au niveau mondial. Il serait intéressant de faire de la recherche dans ce domaine en Andorre. Mais nous avons besoin de créer une très grande infrastructure avec des laboratoires modernes, ce qui suppose des investissements considérables. Tous les grands pays de la science travaillent beaucoup dans ce domaine. Un petit pays comme l’Andorre ne sera jamais en mesure de réussir dans ce domaine des sciences s’il travaille seul. Par conséquent, nous devrions nous concentrer sur des domaines de recherche plus liés à notre savoir-faire tels que l’environnement et le tourisme.

Nous collaborons avec l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT) et investissons beaucoup d’argent dans les recherches. Pour réussir, il est important de créer des ponts entre l’université d’Andorre et les autres universités du monde.

Quelles sont les nouvelles technologies de l’éducation internationale qui peuvent être intégrées dans le système d’éducation d’Andorre?

Nous aimons beaucoup l’utilisation de nouvelles technologies dans les écoles andorranes. Par exemple, chaque étudiant de 12 à 16 ans du système andorran a son propre iPad. Avant cet âge, un iPad est délivré par groupe de 4 à 5 étudiants. Сe n’est pas pour économiser de l’argent. С’est parce qu’à l’âge de douze ans c’est l’âge optimal pour travailler de façon autonome avec les outils technologiques.

Dans le cadre de notre collaboration avec le MIT, nous avons un projet pilote dans l’une des écoles d’Andorre-la-Vieille pour les étudiants de 10 à 12 ans. L’un des objectifs de ce projet est une étude de l’interaction entre le comportement humain et la consommation d’énergie. Les salles de classe sont équipées de 80 capteurs pour la surveillance et l’enregistrement des changements dans les paramètres tels que la température, le taux de CO2, le mouvement, l’intensité de la lumière et d’autres. Ainsi les enfants peuvent contrôler et optimiser l’atmosphère dans les salles de classe par eux-mêmes.

A la fin de cette année scolaire, en juin, nous verrons si ce projet est un succès. S’il est un succès, je proposerai à l’utilisation ces types de capteurs dans toutes les écoles andorranes.

Quels sont les principaux programmes nationaux de soutien aux étudiants talentueux?

Chaque année, nous choisissons les 5 meilleurs élèves: un de chaque système éducatif en plus d’un élève de “l’enseignement professionnel” et un élève de “l’éducation générale”. Ce sont des étudiants de moins de 16 ans. Nous les envoyons dans les universités de leur choix, en payant pour le premier cycle universitaire, leur déplacement, les frais d’inscription et de logement.

Y a-t-il de nouvelles disciplines que vous allez mettre en œuvre dans les écoles primaires?

Nous n’avons pas de nouveaux plans pour les élèves de l’école primaire. Pour les enfants de 14 à 16 ans, nous allons ajouter la robotique (la science des robots).

Mais il est important d’ajouter que nous enseignons à nos élèves à l’aide de différentes méthodes. Par exemple, nous enseignons la mathématiques comme un outil pour accomplir une logique de la tâche et pas comme une science.
Imaginez un atelier pratique avec l’objectif de construire un hôtel en Andorre. On demandera aux élèves de compter la quantité de matériaux nécessaire, le nombre de chambres, le nombre optimal de sièges au restaurant de l’hôtel, le nombre de tasses dans un placard au restaurant etc. Ensuite, il sera demandé de choisir l’espace pour construire l’hôtel et sa classification. Les dernières questions sont liées au marketing. Donc, c’est une combinaison de connaissances. C’est la meilleure façon d’enseigner les mathématiques aux enfants.

Un autre exemple est celui de la linguistique. La compétence linguistique est notre objectif. Mais nous n’avons pas à enseigner les langues. Nous utilisons des langues pour enseigner d’autres disciplines.

Quel est le salaire moyen des enseignants dans les écoles andorranes?

Il dépend de nombreux facteurs: combien de temps un enseignant a travaillé à l’école, sa qualification, ses bonus. Le minimum est d’environ 1600 euros par mois.

Quels sont les règlements principaux dans l’éducation andorrane: le nombre d’élèves par enseignant, le nombre d’heures de formation dans les disciplines etc. Respectent-ils les normes européennes?

Il n’existe pas de normes européennes dans ce domaine. Les écoles andorranes suivent, respectivement, des normes espagnoles, françaises et andorranes. En ce qui concerne le système andorran pour les écoles primaires et secondaires, la limite est de 25 élèves par classe et 30 au lycée.

Les entreprises privées s’intéressent-elles au développement des projets éducatifs en Andorre? Y a t-il des exemples concrets?

Il y a un exemple. C’est une école privée à l’Aldosa-La Massana (le Col•legi del Pyrénées). Elle est basée sur le système éducatif français mais c’est une société privée.

J’ai eu plusieurs réunions avec des investisseurs potentiels qui sont intéressés par l’enseignement privé en Andorre. L’Andorre a une très bonne image au niveau éducation. L’Andorre est aussi un pays de bon climat, avec des avantages fiscaux et un niveau de vie élevé… Tous ces arguments sont bons à la fois pour des investisseurs potentiels et des parents.

Quels sont les projets pour l’année à venir?

Nous allons augmenter le nombre d’universités dans le pays. J’attends de bonnes nouvelles l’année prochaine relatives à de nouveaux investissements dans ce secteur.

Où? Sant Julia va-t-il devenir un campus?

Le choix d’un bon emplacement est la prochaine étape. Sant Julia est déjà une ville universitaire et ce serait bon d’avoir une autre université ici.

Read more: Interview d’actualité ...