Xavi Mujal, le directeur général de Ràdio i Televisió d’Andorra (RTVA) a parlé avec all-andorra.com sur la politique d’information, la liberté d’expression et l’organisation de télé radiodiffusion en Andorre.
Interview : Irina Rybalchenko
Qu’est la RTVA aujourd’hui?
La RTVA – c’est la seule société de télévision et de radio qui parle sur l’Andorre. 90% du budget de la RTVA viennent de l’argent public (donc c’est le gouvernement qui nous finance). Les autres 10% nous viennent à travers le département commercial, c’est la publicité.
Actuellement, tout ce que nous produisons est l’information ou les actualités. Nous ne sommes pas engagés dans la production de films sur les événements sportifs ou culturels, nous n’avons pas de technologies appropriées. A l’époque de la télévision analogique c’est vrai que nous l’avons fait. Mais comme toutes les médias publiques on a dû s’adapter à la crise.
Combien de personnes travaillent à la RTVA aujourd’hui?
Actuellement, nous sommes 70 personnes. Avant, il y avait 130 personnes qui travaillaient ici. Mais le budget a diminué il y a 5 ans.
Parmi ces 70 personnes, il y a 25 journalistes. Il y a même les cameramen. Pour moi, le concept de la télévision de journalisme implique la capacité de manipuler la caméra. Et en face, si le cameramen enregistre un sujet, il doit être capable d’expliquer à l’antenne quelle est l’intrigue de ce sujet.
Tous les journalistes qui travaillent pour vous sont-ils des journalistes professionnels?
Tous les journalistes ont fait leurs études en France ou à Barcelone – ici, en Andorre, il n’y a pas de faculté de journalisme. Tous nos journalistes sont professionnels.
Existe-t-il des projets de développement de la RTVA? Quels sont les plans?
La RTVA doit évoluer au niveau technologique pour avoir de meilleurs moyens pour travailler. C’est cher mais c’est ce qui permet de progresser de façon plus importante. L’époque analogique est dans le passé, maintenant c’est 100% numérique. C’est la partie la plus importante pour tous les médias – la transformation vers le monde d’internet. C’est ce qui nous permet d’avancer.
Avec quels types de caméras travaillez-vous?
En général, nous travaillons avec la SONY digital. Notre volonté c’est de travailler à 100% en numérique. Pour les télévisions de l’extérieur c’est simple, mais dans notre cas ça va arriver d’ici 2-3 ans, mais ce n’est pas évident. C’est notre objectif le plus proche.
Combien de programmes y a-t-il maintenant?
Avant on avait beaucoup de programmes différents, mais maintenant nous avons décidé de nous concentrer sur les actualités. En même temps, chaque lundi, nous avons un programme sur le sport, chaque jeudi – un programme sur la politique et chaque vendredi – un programme sur des thèmes sociétaux.
De plus, Radio national d’Andorra a différents programmes sur des sujets politiques ou économiques, mais pas chaque jour.
En tant qu’entreprise publique, financée par le gouvernement, vous pouvez critiquer le gouvernement?
Oui, on a publié des informations contraires aux intérêts du gouvernement.
Donc, en Andorre, la liberté d’expression existe-t-elle?
Oui. Je suis le directeur, ce n’est pas moi qui pose des questions. Je contrôle ce que les journalistes disent soient vrai.
Avez-vous des correspondants spéciaux qui travaillent dans d’autres pays, par exemple, dans les pays voisins, l’Espagne et la France?
Nous somme un pays très spécial car nous sommes trop petit. Il y a 20 ans, il y avait très peu de télévisions disponibles en Andorre: TV3, Antenne 2, France 3. Maintenant, il y a 180 chaînes qui arrivent en Andorre. Pour savoir ce qui se passe dans le monde, le citoyen d’Andorre a la possibilité de choisir les chaînes de télévision internationales. Alors, ce n’est pas nécessaire d’avoir des correspondants extérieurs.
Notre objectif est de raconter à nos citoyens ce qui se passe en Andorre, ou sur les Andorrans, par exemple, les athlètes, les participants aux compétitions internationales.
Et c’est toujours en catalan?
Oui, le catalan est la langue officielle de l’Andorre. Comme une langue co-officielle, on a des émissions en français – à la radio et à la télévision aussi. C’est grâce à un accord avec France 24. Chaque jour, on a les infos de 18 h 30 à 19 heures avec France 24. On traduit en français et en espagnol.
Pendant les Jeux olympiques en Corée du Sud les journalistes de la RTVA y ont travaillé. Vous envoyez souvent vos correspondants dans d’autres pays ?
Pour faire la couverture des JO, il fallait acheter les droits sportifs. Sinon c’est impossible de pouvoir suivre à l’extérieur. Les autres chaînes ne parlent pas des athlètes andorrans, c’est évident. Donc nous avons envoyé nos journalistes pour faire la couverture des athlètes andorrans. C’était pareil à Sochi, par exemple et on fera de même à Japeu. C’est cher mais c’est de l’argent qui a été bien investi.
Il n’y a pas de profit économique. Mais les citoyens d’Andorre pouvaient obtenir des informations sur sa télévision. C’est notre statut. Notre objet ce n’est pas gagner de l’argent. C’est au moins ne pas en perdre. Nous n’avons pas de dettes, bien qu’à l’époque la RTVA comme media publique a enregistré beaucoup de dettes qui ont été payées par le gouvernement. Ça fait 3 ans que les dettes sont à zéro.
Et qui sont vos principaux annonceurs?
Les banques, les centres commerciaux, les organisateurs d’événements qui se passent dans les stations de ski (Freeride World Tour, par exemple). Les entreprises ne changent pas beaucoup, elles sont stables.
Je n’aime pas la publicité. Dans mon modèle parfait de la télévision publique c’est 0% de publicité. Mais on en a besoin et 10% c’est pas mal. Comme ça on fait bien le travail.
Combien coûte la publicité à la RTVA?
Radio, TV et notre site web qui travaille bien aussi – c’est un paquet de services. 20 secondes à la télévision, 140 euros – juste la TV. Mais nous ne vendons pas les secondes – 6 spots de 20 secondes, ce n’est rien. Normalement, nous vendons le paquet de publicité sur radio, TV et le site web.
Est-ce qu’il y a eu des poursuites contre des journalistes pour fausse déclaration ou mauvaise interprétation? Quelle est la responsabilité de telles actions?
Pas souvent. Parfois, il y a eu des personnes qui ont été accusées dans des articles et voulaient aller en justice pour faire une pétition ou une demande. D’habitude ce que fait la justice ce sont des actes de réconciliation comme on dit. Mais habituellement, les personnes vont directement dans les médias pour parler et demander une correction. Donc un conflit est résolu avant la justice.
La législation andorrane sur les droits des journalistes est-elle conforme à la législation européenne?
J’ai la certitude que les journalistes en Andorre sont aussi bien protégés que les journalistes des autres pays européens. Le secret professionnel est respecté ici, c’est très important. Les journalistes andorrans peuvent travailler en liberté.
Quels types de lois protègent et régulent la liberté d’expression en Andorre?
Il n’y a pas de loi spécifique pour protéger les journalistes. Il y a une législation qui assure les droits d’avoir un secteur professionnel. Ceci existe pour les médecins, les avocats, les économistes aussi. Je répète : les journalistes en Andorre peuvent travailler en liberté.
Vous en tant que journaliste connaissez-vous qui contrôle les autres médias en Andorre?
Tous les journaux du pays sont privés. Moi je ne connais pas vraiment tous les propriétaires des journaux. Mais autant que je sache, il n’y a aucune banque qui contrôle les médias en Andorre.