La Catalogne – une communauté autonome de l’Espagne

Les dessins : Joan Mañe Fort

La Catalogne (en catalan : Catalunya, en occitan : Catalonha, en espagnol : Cataluña) est une communauté autonome se trouvant au nord-est de l’Espagne, elle est officiellement considérée comme ayant une nationalité. Sa capitale et métropole est la ville de Barcelone. Elle est entourée par la Communauté valencienne au sud, l’Aragon à l’ouest, la France au nord, l’Andorre au nord-ouest, et la mer Méditerranée à l’est.

Elle couvre une superficie de 31 950 km2 (6 % de la superficie de l’Espagne). Ses langues officielles sont le catalan, l’occitan (dialecte aranais en val d’Aran) et l’espagnol ou castillan.

En 2015, elle comptait 7 508 106 habitants (17 % de la population espagnole), ce qui en faisait la deuxième communauté d’Espagne après l’Andalousie et la dixième subdivision territoriale de premier niveau administratif d’Europe au regard de la population. Elle est également la plus peuplée parmi les Pays catalans, ensemble culturel et linguistique qui la lie à la Communauté valencienne, aux îles Baléares, à la principauté d’Andorre, à la Franja aragonaise et à l’essentiel du département français des Pyrénées-Orientales.

La Catalogne est l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne, et possède son identité qui est notamment représentée par son gouvernement, son drapeau et sa langue (le catalan).

Elle est régie par un statut d’autonomie. Depuis le 19 juin 2006, elle est définie comme « réalité nationale » par son statut d’autonomie de 2006. Le préambule de cette loi, qui n’a pas de valeur juridique, déclare que le parlement catalan définit la Catalogne comme nation. Le Parlement de Catalogne, majoritairement indépendantiste, a proclamé le 27 octobre 2017 la République catalane conduisant l’Espagne à suspendre provisoirement tous les pouvoirs de la Généralité de Catalogne.

Administrativement, la communauté autonome de Catalogne actuelle est divisée en 42 comarques, regroupées en quatre provinces : Barcelone (Barcelona), Gérone (Girona), Lérida (Lleida) et Tarragone (Tarragona). Les agglomérations les plus importantes sont celles de Barcelone, par ailleurs deuxième aire urbaine d’Espagne en talonnant de peu Madrid, et de Tarragone.

La Catalogne est née en tant que réalité nationale par la réunion politique de plusieurs comtés de l’ancienne marche d’Espagne carolingienne entre le IX siècle et le XIIe siècle sous l’autorité de la maison de Barcelone. La principauté de Catalogne ainsi constituée devient progressivement un État à la fin du Moyen Âge, avec ses institutions comme les Corts, son droit hérité du droit romain, wisigothique et féodal et compilé dans les Usatges, ou encore sa langue, le catalan, qui se constitue en langue administrative, juridique et littéraire à partir du XIIe siècle.

Par le système politique de monarchie pactiste, la Catalogne conserve ses spécificités et privilèges institutionnels, coutumiers et juridictionnels, appelés constitutions et autres droits, au sein de la couronne d’Aragon puis du royaume d’Espagne, jusqu’aux décrets de Nueva Planta de 1715 et 1716 qui, après une longue guerre et la conquête de la Catalogne par les armées franco-castillanes, abolisent les institutions catalanes.

Après le mouvement de renouveau de la langue et de la culture catalanes de la Renaixença dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le nationalisme catalan ou « catalanisme » se structure idéologiquement à la fin du XIXe siècle, tandis que la Catalogne est l’une des rares régions d’Espagne à connaître alors une importante révolution industrielle. De même, le mouvement artistique du modernisme témoigne de l’ouverture sur l’Europe de la région ainsi que du nouveau rayonnement culturel que connaît ce territoire.

Industrialisée depuis le XIXe siècle, avec les secteurs historiquement dominants du textile, de la construction navale ou de la mécanique auxquels se sont ajoutés à la fin du XXe siècle ceux du tourisme, de l’automobile, de la chimie, de la pharmacie, de l’agroalimentaire ou de l’informatique, la Catalogne est aujourd’hui la deuxième communauté autonome de l’Espagne.

Histoire de la Catalogne

Du fait de son emplacement, le territoire catalan a été l’objet de nombreuses influences externes, souvent simultanément, depuis les temps préhistoriques jusqu’à la naissance de l’Espagne en tant qu’État, ainsi que de nombreuses circulations d’hommes, d’idées, de savoirs et de techniques. Inversement, il a été lui-même une importante source d’inspiration pour d’autres territoires, principalement durant le Moyen Âge, lorsqu’il est devenu le cœur politique et culturel de la couronne d’Aragon. Cette dernière a établi une thalassocratie en Méditerranée occidentale entre le XIIIe siècle et le SVIe siècle, laissant un héritage d’environ 10 millions de catalanophones à ce jour.

L’union dynastique avec la couronne de Castille en 1479 mais surtout les conséquences de la guerre des faucheurs de 1640-1659, de la prise de Barcelone le 11 septembre 1714 par les forces franco-castillanes de Philippe V de Bourbon, des guerres carlistes au XIXe siècle ou de la dictature nationaliste et centralisatrice de Francisco Franco entre 1939 et 1975 ont fortement diminué le rôle politique et culturel joué par la Catalogne en Espagne et en Europe.

La Catalogne contemporaine (depuis le XIXe siècle)

La Catalogne est annexée à l’Empire français par Napoléon Ier du 26 janvier 1812 au 10 mars 1814 et divisée en quatre départements. Le règne de Ferdinand VII (a régné 1808-1833) a vu plusieurs soulèvements catalans et après sa mort, le conflit sur la succession entre les absolutistes « carlistes » partisans de Carlos María Isidro et les partisans libéraux d’Isabelle II a conduit à la Première Guerre carliste, qui a duré jusqu’en 1840 et était particulièrement virulent sur le territoire catalan.

La Catalogne est divisée. Les zones les plus industrialisées soutiennent le libéralisme et la bourgeoisie catalane tente de contribuer à la construction du nouvel État libéral.

Le règne d’Isabelle II a été marqué par l’inefficacité administrative, le centralisme et les tensions politiques et sociales. Les libéraux se divisent bientôt en « modérés » et en « progressistes » et en Catalogne un courant républicain commence à se développer. Pendant le deuxième tiers du siècle, il y a eu plusieurs soulèvements progressifs à Barcelone et ailleurs.

Elle s’industrialise rapidement au XIXe siècle, et entre ensuite dans l’ère industrielle avec beaucoup plus de dynamisme que la plupart des autres territoires espagnols. Le territoire catalan a vu la première ligne ferroviaire dans la péninsule Ibérique en 1848, reliant Barcelone à Mataró, construite avec capitaux privés.

Le développement économique entraîne une assez forte urbanisation comme l’atteste l’extension planifiée de Barcelone (Eixample), mais aussi le renouveau culturel de la Catalogne (la Renaixença) et un retour des revendications linguistiques et nationalistes catalanes (le catalanisme).

Au tournant du XXe siècle, la Catalogne est l’un des pôles de développement de l’Art nouveau, qui y prend le nom de modernisme catalan, marqué par les productions d’architectes (Antoni Gaudí, Lluís Domènech i Montaner, Josep Puig i Cadafalch), de peintres (Ramon Casas, Santiago Rusiñol), de sculpteurs (Eusebi Arnau, Josep Llimona) et de revues proches du milieu catalaniste (L’Avenç).

Cette effervescence culturelle culmine avec les expositions universelles qui se tiennent à Barcelone en 1888 puis en 1929-1930. Par la suite, d’autres acteurs majeurs de la scène artistique internationale au XXe siècle se sont formés ou se sont implantés fortement en Catalogne, comme Pablo Picasso, Salvador Dalí, Joan Miró ou Antoni Tàpies. Sur le plan musical, peuvent être cités Pau Casals, Jordi Savall ou les artistes lyriques José Carreras et Montserrat Caballé.

Le mouvement pour l’indépendance du début du XXIe siècle

Indépendantisme catalan

La crise économique et du logement de la fin des années 2000 et du début des années 2010 ainsi que la décision du Tribunal constitutionnel espagnol d’invalider plusieurs dispositions du statut d’autonomie entraînent d’importantes tensions sociales et politiques en Catalogne de même qu’entre la communauté et le gouvernement central.

Cela aboutit à la montée du mouvement des Indignés et de l’indépendantisme catalan, caractérisé par la victoire de la liste Barcelone en commun de la gauche radicale et écologiste aux élections municipales de 2015 à Barcelone, permettant l’accession au poste de maire de l’activiste Ada Colau, et par celle de l’alliance indépendantiste Ensemble pour le oui aux élections au Parlement de Catalogne de la même année. Une déclaration sur le lancement du processus d’indépendance de la Catalogne est adoptée par le Parlement de Catalogne le 9 novembre 2015.

Le 23 décembre 2016, un référendum pour l’indépendance de la Catalogne est annoncé. Ce dernier se tient le 1er octobre 2017 dans un contexte de vives tensions entre l’État espagnol, qui a déclaré cette consultation illégale, et la Généralité de Catalogne.

En effet, le Tribunal constitutionnel espagnol a suspendu le 12 septembre 2017 la loi définissant les modalités légales de création d’un État catalan votée par le Parlement de Catalogne. Le parquet ordonne aux forces de police d’empêcher la tenue de tout référendum. Bien qu’étant soutenu par l’essentiel de ses homologues européens, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy est vivement critiqué dans la presse internationale pour l’ampleur de la répression.

Lors d’une intervention devant le Parlement réuni le 10 octobre 2017, Carles Puigdemont proclame que « avec les résultats du référendum, la Catalogne a gagné le droit d’être un État indépendant ». Peu après la fin de la séance, les députés indépendantistes, bien que minoritaires à la suite des élections de 2015 (47,7 % du vote populaire), signent une déclaration qui reconnaît « la République catalane comme État indépendant et souverain, fondé sur le droit, démocratique et social ».

Bien que le texte n’y fasse pas référence, son application est suspendue en conséquence du discours de Carles Puigdemont devant les parlementaires, « pour entreprendre un dialogue, arriver à une solution négociée pour avancer face aux demandes du peuple catalan ».

Le 27 octobre 2017, la Catalogne engage un « processus constituant » pour se séparer de l’Espagne.

Le 14 octobre 2019, neuf dirigeants indépendantistes catalans sont condamnés à des peines allant de neuf à treize ans d’emprisonnement. Ces condamnations entrainent en protestation de fortes mobilisations. Le 18 octobre, la manifestation est durement réprimée par la police.

Géographie

Avec une superficie de 31 950 km2, la Catalogne est la sixième communauté la plus étendue d’Espagne. Offrant une certaine diversité de biotopes et de paysages qui ont été forgés par des conditions géologiques, hydrographiques, climatiques et anthropiques particulières, le territoire catalan est constitué en 2009 à 40 % de forêts, à 29,1 % de sols cultivés, à 16,3 % de matollars (garrigues), à 6,2 % de zones urbanisées, à 5,3 % de prairies, à 2,5 % de nu naturel et à 0,6 % d’eaux continentales.

La Catalogne a une diversité géographique remarquable, compte tenu de la taille relativement petite de son territoire. Elle est conditionnée par la côte méditerranéenne, à l’est, avec 580 km de côtes, les grandes unités de relief issues des Pyrénées, au nord, et le bassin hydrographique de l’Èbre, au sud.

Les Pyrénées catalanes représentent près de la moitié orientale de la longueur des Pyrénées car elles s’étendent sur plus de 200 km, du massif du Besiberri à celui des Albères au cap de Creus. Le point culminant de la Catalogne, qui se trouve au nord de la région de Pallars Sobirà, sur la frontière franco-espagnole dans les Pyrénées centrales, est la Pique d’Estats (3 143 m), suivi du Comaloforno (3 033 m, parfois considéré par les Catalans comme le véritable point culminant car n’étant pas frontalier), du Puig Pedrós (2 915 m), du pic de Médécourbe (2 914 m) et du Puigmal (2 910 m).

Les paysages pyrénéens sont marqués par l’absence de grands lacs, comparativement au massif des Alpes par exemple, la rareté et l’altitude élevée des cols ainsi que des vallées orientées du nord vers le sud toutefois moins escarpées que leurs homologues françaises. Se différenciant des Pyrénées axiales, les pré-Pyrénées sont des formations de montagnes parallèles, mais avec des altitudes plus basses, moins raides et dont la formation géologique est différente. Parmi ces chaînes piémontaises catalanes figurent les massifs de Montsec, Boumort, Port del Comte, du Cadi, de Moixeró, Pedraforca ou Catllaràs.

Plus au sud, le système méditerranéen catalan repose sur deux cordillères sensiblement parallèles à la côte, orientées du nord-est, où elles s’appuient sur les contreforts pyrénéens par le biais d’une cordillère transversale (sommets volcaniques de la Garrotxa), vers le sud-ouest, où elles font le lien avec le système ibérique de l’autre côté de la basse-vallée de l’Èbre par le massif de transition que sont les ports de Tortosa-Beseit.

Ce système comprend alors la cordillère littorale à l’est, d’une part, et la cordillère prélittorale, davantage à l’intérieur des terres, d’autre part. La cordillère littorale, qui va de la plaine de l’Empordà au nord-est jusqu’à Tarragone au sud-ouest, est de moindre longueur et d’altitude plus basse que celle pré-littorale, qui s’étend de la cordillère transversale de la Garrotxa jusqu’à Montsià. Leurs points culminants respectifs sont le Montnegre (763 m) et le mont de l’Homme dans le massif du Montseny (1 712 m), tandis que Montserrat est l’un des massifs les plus représentatifs de ce système.

La plaine de la Selva sépare pour sa part la côte des cordillères littorales, pré-littorales et transversales. Le système est coupé en deux approximativement en son milieu par la vallée du Llobregat. Fortement artificialisée du fait de l’étalement urbain des agglomérations barcelonaises, tarragonaises et gironines, mais aussi en raison du tourisme de masse sur les plaines littorales (Costa Daurada, Costa del Maresme et Costa Brava), cette partie du territoire catalan est également occupée par plusieurs régions viticoles.

Enfin, occupant une grande partie de l’arrière-pays catalan, la dépression centrale catalane est une plaine située entre les Pyrénées au nord et la cordillère pré-littorale à l’est et au sud. Le Sud de la province de Lérida (le Ponent) et le Centre de celle de Barcelone (les Comarques centrales) occupent ce territoire. Il s’agit d’une vaste plaine dont l’altitude varie entre 200 et 600 mètres. Le bassin sédimentaire et les eaux qui descendent des Pyrénées, qui forment la partie nord-orientale du réseau hydrographique de l’Èbre, ont créé un terreau fertile pour les terres agricoles, renforcé par la construction de nombreux canaux d’irrigation, tout en servant à la production hydroélectrique.

Voies de communication et transports

De par sa situation, sa topographie et son histoire, la Catalogne est une des régions de la péninsule Ibérique les plus ouvertes sur le reste de l’Europe et du monde, s’appuyant sur des réseaux de communication terrestres, maritimes et aériens relativement denses.

Voies routières

Le réseau routier est centralisé vers Barcelone.

La principale autoroute, l’AP-7, est aussi connue sous le nom d’Autopista de la Mediterrània. Elle traverse toute la Communauté en suivant la côte à l’est, depuis la frontière française (col du Perthus), où elle est reliée à l’autoroute A9 La Catalane et au reste de la route européenne 15 (E15, Inverness-Algésiras), et s’étend au-delà vers le sud (Communauté valencienne, région de Murcie et Andalousie). L’AP-2 et l’A-2, surnommées respectivement Autopista et Autovia del Nord-est, relient Barcelone et l’intérieur de la Catalogne (Lérida) à Saragosse et, au-delà, à Madrid.

Transports ferroviaires

L’organisation du réseau ferroviaire catalan suit principalement celle du réseau routier. En effet, là encore le poids du carrefour barcelonais s’impose, les principales lignes convergeant vers la capitale tandis que son agglomération est elle-même parcourue par de nombreux trains de banlieue appelés Rodalies ainsi que par l’unique métro de Catalogne (le deuxième plus étendu d’Espagne).

Environ 80 % des axes de chemin de fer actuels ont été tracés au XIXe siècle.

Pour sa part, le développement de la grande vitesse est légèrement plus tardif que dans les communautés castillanes ou andalouses. Ainsi, si la première ligne à grande vitesse (LGV) espagnole a été inaugurée entre Madrid et Séville en 1992, les trains express appelés AVE desservent Lérida depuis 2002, Tarragone à partir de 2006 et Barcelone depuis le 20 février 2008.

Les compagnies de chemins de fer actives en Catalogne sont les Ferrocarrils de la Generalitat de Catalunya (FGC), pour les chemins de fer appartenant à la Généralité de Catalogne, et la Renfe, la compagnie nationale espagnole, qui opère des trains seule ou en coopération avec la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) pour les LGV transfrontalières.

Transports aériens

La plate-forme de correspondance du réseau aérien catalan est l’aéroport international de Barcelone-El Prat (BCN), situé dans la commune d’El Prat de Llobregat et la banlieue sud-est de Barcelone. Propriété de l’État espagnol et géré par ENAIRE, il sert de hub pour les compagnies à bas prix Vueling et Level, ainsi que de base majeure pour Iberia, Air Europa, Air Nostrum, EasyJet, Norwegian Air International et Ryanair. Il reste toujours le deuxième aéroport d’Espagne mais en réduisant son écart avec Madrid-Barajas, est le neuvième d’Europe et le 17e mondial.

Les trois autres capitales provinciales et grandes agglomérations catalanes disposent également de leurs aéroports internationaux : l’aéroport de Gérone-Costa Brava (GRO), l’aéroport de Reus (REU) et l’aéroport de Lleida-Alguaire (ILD). Enfin, un aéroport essentiellement domestique, celui d’Andorre–La Seu d’Urgell (LEU), également propriété de la Généralité de Catalogne, dessert autant les Pyrénées catalanes.

Transports maritimes

La Catalogne est, depuis le Moyen Âge, bien intégrée dans les réseaux maritimes internationaux. Le port de Barcelone est un port industriel, commercial et touristique d’importance mondiale. Il s’agit du premier port à conteneurs de Catalogne, le troisième d’Espagne après ceux de Valence dans la Communauté valencienne et d’Algésiras en Andalousie, le 9e de mer Méditerranée, le 14e européen et le 68e mondial.

Mais il s’agit surtout du sixième plus grand port de croisière au monde et du premier en Europe ainsi qu’en Méditerranée.

Les ports de Tarragone au sud-ouest et de Palamós près de Gérone au nord-est sont beaucoup plus modestes.

Gouvernement

La Catalogne dispose de sa propre autonomie et possède des compétences dans quelques domaines. Le 3 novembre 2005, le Parlement catalan a adopté le projet de loi de réforme du statut de la Catalogne, qui a ensuite été débattu devant l’Assemblée parlementaire espagnole à Madrid. Après des discussions ayant montré des divisions, et une révision à la baisse négociée par le président du gouvernement espagnol et le chef du premier parti catalan, le projet a été adopté par l’Assemblée et proposé aux Catalans par référendum. Malgré certains indépendantistes ayant appelé à voter non (car le projet ne reconnaissait pas la Catalogne comme nation, ne lui laissait pas la totale maîtrise des impôts, des ports et des aéroports), presque 75 % des votants l’ont accepté le 18 juin 2006.

Cependant le taux de participation était légèrement inférieur à 50 %. Le nouveau statut a été en partie annulé par le Tribunal constitutionnel le 10 juillet 2008 (6 % des articles furent annulés ou amendés).

La Généralité de Catalogne (en catalan : Generalitat de Catalunya) est l’institution par laquelle l’autonomie de la Catalogne est organisée. Elle se compose du parlement, de la présidence, du gouvernement et d’autres institutions créées par le pouvoir législatif.

Pouvoir législatif

Le Parlement de Catalogne (Parlament de Catalunya, en catalan) est l’organe législatif. Il représente le peuple de Catalogne, vote les lois de sa compétence, le budget, contrôle l’action du gouvernement et établit d’autres institutions catalanes. Lors des élections du 14 février 2021, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC, indépendantiste du centre-gauche social-démocrate), Ensemble pour la Catalogne (Junts ou JxCat, indépendantiste du centre et centre-droit libéral), et la Candidature d’unité populaire (CUP, indépendantiste de gauche anticapitaliste), trois formations ayant défendu la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017, s’étant opposées à l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole et demandant la libération des dirigeants catalanistes condamnés pour « sédition », ont remporté 74 députés sur 135 au parlement, avec 48,05 % des suffrages exprimés.

Présidence

Le président de la Généralité de Catalogne (President de la Generalitat de Catalunya, en catalan) est le plus haut représentant de la Catalogne, et est chargé de diriger l’action du gouvernement. Depuis le 24 mai 2021, Pere Aragonès, membre de l’ERC, est président de la Généralité. Il est à la tête d’une coalition indépendantiste avec Ensemble pour la Catalogne. Il exerçait déjà cette charge par intérim depuis la destitution par le Tribunal suprême le 28 septembre 2020 de son prédécesseur, Quim Torra, dont il était le vice-président, arrivé au pouvoir en 2018.

Pouvoir exécutif

Le gouvernement de Catalogne (Govern de Catalunya, en catalan), est l’organe collégial chargé de la direction de la politique et de l’administration publique de la Généralité, il détient le pouvoir exécutif et réglementaire. Il est composé du président de la Généralité, du premier conseiller (ou du vice-président) et des ministres.

Division territoriale

La Catalogne est divisée aujourd’hui en trois divisions administratives : les municipalités (en catalan municipis), les comarques, niveau administratif comparable aux communautés de communes françaises, et les provinces (en catalan províncies), division générale de l’Espagne, mais les provinces sont actuellement en cours de remplacement par une nouvelle division régionale catalane, les vigueries (en catalan vegueries).

Municipalités les plus importantes: Barcelone, L’Hospitalet de Llobregat, Badalona, Terrassa, Sabadell, Tarragona, Lérida, Mataró, Santa Coloma de Gramenet, Reus, Gérone.

Langues

Originaire du territoire historique de la Catalogne, le catalan en est une des quatre langues officielles et jouit d’un statut particulier depuis l’approbation du statut d’autonomie de la Catalogne de 1979, qui déclare qu’il est le langage « propre à la Catalogne ». Les autres langues qui ont un statut officiel sont l’espagnol, langue officielle dans toute l’Espagne, et l’occitan (l’occitan gascon, parlé dans le val d’Aran, aussi appelé aranais).

Sous la dictature franquiste, le catalan est, de 1939 jusque dans les années 1970, exclu du système d’éducation public et de toutes les autres institutions officielles et publiques.

Aujourd’hui, le catalan est la langue principale du gouvernement autonome de Catalogne et des autres institutions publiques qui relèvent de sa juridiction, coofficielle sur le territoire à côté de l’espagnol. L’éducation publique de base est dispensée en catalan, à l’exception de trois heures par semaine consacrées au castillan.

Symboles identitaires : drapeaux

Le drapeau de la Catalogne est un symbole national catalan.

Les couleurs du blason, le « Sang et or », d’origines médiévales, revêtent une importance identitaire forte pour les Catalans.

Économie

La Catalogne a connu une période d’industrialisation importante au cours du XIXe siècle et du XXe siècle, précédé d’une longue tradition commerciale et de fabrication. Aujourd’hui, l’économie catalane se distingue dans le contexte espagnol par un profil industriel très marqué. Elle représente environ un cinquième de l’économie espagnole. La répartition des secteurs est la suivante :

– Secteur primaire : 2,8 %

– Secteur secondaire : 37,2 %

– Secteur tertiaire : 60 %

La Catalogne est la première destination touristique de l’Espagne. Les principales destinations touristiques de la Catalogne sont la ville de Barcelone, les plages de la Costa Brava à Gérone et la Costa Daurada de Tarragone. Dans les Pyrénées, il existe plusieurs stations de ski. Les touristes viennent essentiellement d’Espagne et du Portugal, et dans une moindre mesure du Benelux et de la France.

La Catalogne est, après Madrid, la deuxième communauté d’Espagne où le prix du logement est le plus cher.

 

Lieux et monuments principaux

La Catalogne est l’une des Communautés autonomes les mieux dotées d’Espagne au titre des sites inscrits au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Ainsi, avec six biens inscrits en 2017, tous culturels, elle vient après la Castille-et-León (huit dont sept culturels et un naturel) et l’Andalousie (sept dont six culturels et un naturel).

Ces biens sont, par ordre d’ancienneté d’inscription :

Sept réalisations de l’architecte moderniste Antoni Gaudí dont six à Barcelone (fin XIXe siècle-début XXe siècle) : le palais Güell (Palau Güell en catalan, 1886-1891), le parc Güell (1900-1914) et la Casa Milà dite La Pedrera (la « carrière de pierre » en français, 1906-1910), auxquels ont été rajoutés en 2005 les travaux réalisés de son vivant sur la Sagrada Família (entre 1882 et 1932, à savoir la crypte et la façade de la Nativité), la Casa Vicens (1883-1888), la Casa Batlló (1904-1906) et la crypte de la Colonie Güell à Santa Coloma de Cervelló (1908-1914).

Le monastère de Poblet (qui a servi de nécropole aux rois d’Aragon jusqu’au XVe siècle, inscrite en 1991).

Le palais de la musique catalane (Palau de la Música Catalana en catalan, 1905-1908) et l’hôpital de Sant Pau (Hospital de la Santa Creu i Sant Pau en catalan, 1905).

60 des 757 sites recensés d’art rupestre du bassin méditerranéen de la péninsule Ibérique, dont les plus connus restent les grottes d’El Cogul ou celle d’Els Vilars.

Neuf églises romanes de la Vall de Boí dans l’Alta Ribagorça (XIe siècle-XIIe siècle), inscrites en 2000.

Quatorze monuments s’étendant sur 200 ha formant l’ensemble archéologique de Tarragone ou de Tarraco.

Un des onze sites d’ichnites de dinosaures de la péninsule Ibérique, qui forment un bien naturel partagé par le Portugal et l’Espagne et inscrit sur la liste indicative depuis 2002, celui de Fumanya dans le Berguedà.

Deux des dix-sept vestiges du patrimoine historique minier également proposés par l’Espagne en 2007, à savoir les mines néolithiques de Can Tintorer en Gavà dans le Baix Llobregat et celles de Bellmunt del Priorat dans la comarque d’El Priorat (exploitées dès l’époque romaine mais culminant au XXe siècle).

Le portail du monastère de Ripoll, de style roman du XIIIe siècle.

La Catalogne participe, avec onze autres Communautés autonomes, à l’« itinéraire culturel du vin et du vignoble à travers les villes méditerranéennes ».

Art et architecture

La Catalogne a donné de nombreuses figures importantes au monde dans le domaine de l’art. Les peintres catalans de renommée internationale sont Salvador Dalí, Joan Miró (qui a aussi des origines familiales à Majorque) et Antoni Tàpies, tous appartenant au XXe siècle. Également lié à l’environnement pictural de la Catalogne, Pablo Picasso a vécu son enfance à Barcelone et s’est formé dans les milieux artistiques et intellectuels catalans du début du XXe siècle.

D’autres artistes importants sont Claudi Lorenzale pour le mouvement nazaréen et le romantisme médiévaliste qui a marqué sur le plan artistique la Renaixença, Marià Fortuny pour le romantisme et l’orientalisme catalan du XIXe siècle, Ramon Casas ou Santiago Rusiñol, principaux représentants du courant pictural du modernisme catalan de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, José Maria Sert pour le Noucentisme du début du XXe siècle, ou encore Josep Maria Subirachs pour la sculpture et la peinture expressionnistes ou abstraites de la fin du XXe siècle.

Les plus importants musées de peinture de la Catalogne sont, au regard de la fréquentation en 2014, le théâtre-musée Dalí de Figueras (troisième d’Espagne et le 47e du monde), le musée Picasso de Barcelone (sixième d’Espagne et 64e du monde), le CaixaForum également à Barcelone (septième d’Espagne et 77e mondial), le musée national d’art de Catalogne (MNAC) toujours à Barcelone (huitième d’Espagne et le 84e au monde). D’autres institutions barcelonaises importantes sont la Fondation Antoni-Tàpies, la Fondation Joan-Miró, le musée d’art contemporain de Barcelone (MACBA) et le Centre de culture contemporaine de Barcelone (CCCB).

Les architectes catalans de renommée mondiale de ce style sont Antoni Gaudí, Lluís Domènech i Montaner et Josep Puig i Cadafalch.

Littérature

Le premier écrivain d’importance en langue catalane reste le philosophe, théologien, poète et romancier Raymond Lulle (Ramon Llull en catalan), originaire de Majorque.

Entre les XVIe et XIXe siècles, l’historiographie romantique définit cette époque comme la Decadència, considérée comme la période « décadente » de la littérature catalane en raison d’une baisse de l’usage de la langue vernaculaire dans les productions culturelles, ainsi que du fait d’un manque de mécénat de la part de l’aristocratie catalane.

En revanche, le catalan reste largement la langue écrite et orale des classes populaires.

Le catalan littéraire revient en force au XIXe siècle avec la Renaixença (« renaissance ») culturelle et politique, inspirée par le mouvement romantique européen et représentée par des écrivains et des poètes tels que Jacint Verdaguer pour la poésie, Narcís Oller pour ses romans et Àngel Guimerà pour le théâtre.

Ce renouvellement littéraire, intellectuel mais aussi linguistique se maintient dans la durée, grâce aux Jeux floraux de Barcelone créés en 1859, au travail du grammairien Pompeu Fabra, qui a produit les normes du catalan moderne, ainsi qu’à l’Institut d’études catalanes (IEC, Institut d’Estudis Catalans) fondé en 1907.

Pendant la dictature de Primo de Rivera, la guerre civile (« Génération de 36 ») et l’époque franquiste, la littérature catalane se maintient malgré la répression qui s’abat sur le catalan et le catalanisme, en étant souvent produite en exil. Les auteurs les plus éminents de cette période restent Salvador Espriu, Josep Pla, Josep Maria de Sagarra (ces trois derniers étant considérés comme les principaux artisans du renouvellement de la prose catalane), Mercè Rodoreda, Joan Oliver Sallarès dit « Pere Quart », Pere Calders, Gabriel Ferrater, Manuel de Pedrolo, Agustí Bartra (es) ou Miquel Martí i Pol.

Par ailleurs, plusieurs écrivains étrangers ayant combattu dans le cadre des Brigades internationales racontent ensuite leurs expériences des combats dans leurs œuvres, historiques ou fictionnelles, avec par exemple Hommage à la Catalogne (Homage to Catalonia) du britannique George Orwell en 1938 ou Le Palace en 1962 et Les Géorgiques en 1981 du français Claude Simon.

Musique

La sardane est considérée comme la danse catalane populaire la plus caractéristique. D’autres airs et danses de la musique traditionnelle sont le contrapàs (plus désuet aujourd’hui), ball de bastons (es) (le « bal de bâtons »), la moixiganga, les goigs (cantiques populaires) ou encore la jota dans la partie sud.

Le modernisme catalan s’exprime ensuite aussi sur le plan musical, à partir de la fin du XIXe siècle, en mélangeant influences folkloriques et internationales post-romantiques, au travers des œuvres d’Isaac Albéniz ou Enric Granados.

Les représentations de l’opéra, principalement importées d’Italie, ont commencé au XVIIIe siècle.

D’autres styles musicaux populaires sont nés dans la deuxième moitié du xxe siècle comme la Nova Cançó (la « Nouvelle chanson » en français) à partir des années 1950 avec Lluís Llach et le groupe Els Setze Jutges, la rumba catalane dans les années 1960 avec Peret, le rock catalan à partir de la fin des années 1970 avec La Banda Trapera del Río et Decibelios pour le punk rock.

L’artiste colombienne de renommée internationale de pop latino, Shakira, est installée depuis les années 2010 à Barcelone, où elle enregistre une partie de ses albums, tourne certains de ses clips (comme celui de Loca), tout en chantant parfois en catalan.

Culture populaire

Les festes majors sont les fêtes patronales des villes et villages de Catalogne. Dans les plus grandes célébrations les éléments de la culture populaire catalane sont habituellement présents : les processions ou défilés de gegants (géants) et correfocs de démons et des pétards, accompagnés de danses et chants traditionnels et de castells.

Parmi les fêtes traditionnelles et populaires les plus représentatives figurent le Patum de Berga ayant lieu dans la ville de Berga (située au nord de Barcelone), la Sant Jordi, la nuit de la Saint-Jean (Nit de Sant Joan en catalan) ou la fête de la châtaigne (Castanyada en catalan) dans toute la Communauté autonome, La Mercé de Barcelone, le rassemblement de l’escargot (Aplec del Caragol en catalan) de Lérida et les fêtes du feu du solstice d’été dans les Pyrénées (Falles del Pirineu en catalan), entre autres.

Les castells sont l’une des principales manifestations de la culture populaire catalane. L’activité consiste en la construction de tours humaines mettant en concurrence des colles castelleres (équipes). Cette pratique a pour origine la partie sud de la Catalogne au cours du XVIIe siècle.

Un autre marqueur des manifestations populaires catalanes restent la sardane, une danse née pour sa part au nord du territoire, dans les comarques gironines.

Gastronomie

La gastronomie catalane, comme toutes les cuisines du bassin méditerranéen, fait un usage abondant de poissons, fruits de mer, huile d’olive et légumes frais. Les spécialités sont nombreuses et incluent pa amb tomàquet (pain à la tomate), Calçotada, escudella i carn d’olla, suquet de peix, (soupe de poisson) et bien sûr la crème catalane (similaire a la crème brûlée).

Région vinicole, le vignoble catalan possède plusieurs dénominations d’origine telles que le Priorat, Montsant, Penedes et Empordà, et on y trouve également un mousseux, le cava.

Bibliographie:

L’Enciclopèdia: Grup Enciclopèdia Catalana.

«Els Països Catalans»: Grup Enciclopèdia Catalana.

Institut d’Estadística de Catalunya