Faune des Pyrénées: Les vautours

Faune des Pyrénées: Les vautours

Le terme vautour est un nom usuel désignant certains rapaces diurnes présents sur presque tous les continents. Les vautours sont des animaux nécrophages qui se nourrissent principalement de carcasses d’animaux et à ce titre en tant qu’« équarrisseurs naturels », ils fournissent un service éco systémique particulièrement important, dans une niche écologique essentielle à la bonne santé de tous les autres animaux, ainsi qu’à celle de l’homme. Le terme ne doit pas être confondu avec celui d’autour qui désigne d’autres rapaces.

Présentation :

Les vautours sont regroupés dans 2 ordres distincts dont la convergence évolutive est similaire :

  • Les ciconiiformes, famille des cathartidés, qui comprend les condors, les urubus et les sarcoramphes (ou « vautours pape »).
  • Les  accipitriformes, famille des accipitridés, qui comprend non seulement des vautours mais aussi, entre autres, les aigles, les busards, les gypaètes et les éperviers. C’est dans ce second ordre que se trouvent les vautours que l’on peut rencontrer en Europe.

Ces deux familles ont suivi une évolution convergente car occupant une même niche écologique. Ces espèces ont le cou long et la tête généralement nue, ce qui leur facilite le dépeçage des carcasses. Leurs larges ailes permettent les longs vols, et le planage, lors d’une quête de carcasse.

Anatomie :

L’une des principales caractéristiques anatomiques des vautours est leur tête dépourvue de plumes et donc à la place, recouverte d’un fin duvet. On attribue souvent un rôle adaptatif à ce caractère, car leur mode d’alimentation contraint leur tête à être très souvent recouverte de sang, endroit particulièrement difficile à nettoyer. Ils ont également un long cou. Ils repèrent les carcasses principalement grâce à leur vue perçante. Certains observateurs leur prêtent un sens de l’odorat développé, rare chez les rapaces en particulier et chez les oiseaux en général.

Tous les membres de la famille des Accipitridés sont pourvus d’un bec puissant, crochu et acéré, et de serres fortes et recourbées. La plupart saisissent leur proie vivante au sol, dans l’eau ou en vol. Ils sont d’excellents voiliers, et les espèces les plus grandes pratiquent fréquemment le vol à voile où le profil de l’aile permet l’identification à longue distance. Les espèces plus petites pratiquent souvent le vol battu.

Reproduction :

Les vautours pondent un seul œuf par saison de reproduction, ce qui rend leur population d’autant plus vulnérable. Les vautours pondent à même le sol ou dans un nid.

Alimentation :

Les vautours se nourrissent de carcasses d’animaux morts. Ils chassent en volant haut dans le ciel pour repérer les animaux morts ou proches de la mort. Une grosse proie telle qu’une vache ou un dromadaire est souvent partagée par plusieurs oiseaux.

Ces habitudes alimentaires amènent les vautours à participer activement à l’élimination naturelle et rapide des cadavres de gros animaux, aussi bien des animaux sauvages dans les régions peu habitées par l’homme que des animaux d’élevage, tels que des moutons ou des vaches.

Le rôle écologique de ces grands rapaces est très important. En nettoyant les carcasses, ils peuvent éviter la transmission d’une maladie épidémique, ou même, près des villages empêcher la puanteur des corps en putréfaction.

Etat des populations :

Les vautours sont en régression presque partout, et ont disparu d’une grande partie de leur aire naturelle de répartition; en 2010, 14 espèces sur 23 (soit 61 % des espèces de vautour) étaient menacées d’extinction; les effondrements les plus rapides de population ont lieu en Asie et Afrique.

En tant que nécrophages, ce sont des espèces naturellement très résistantes aux microbes, mais en consommant les cadavres d’animaux empoisonnés ou en ingérant des plombs de chasse ou balles de munitions de chasse en plomb, ils meurent fréquemment de saturnisme aviaire et sont particulièrement vulnérable à différents poisons.

Longévité jusqu’à 35 ans.

Les vautours de nos montagnes :

En France, la première moitié du 20ème siècle a vu la disparition de la quasi-totalité des populations de vautours, mais, grâce à la réussite d’importants programmes de réintroduction dès les années 1980, quatre espèces de vautours fréquentent désormais à nouveau notre ciel :

  • Le vautour fauve : C’est l’un des plus grands rapaces de France, son envergure varie de 2,35 m à 2,65 m pour un poids de 7 à 11 kg. Il est caractérisé par ses couleurs brune et crème, sa tête fine au front plat et son long cou, garni d’un duvet blanc et ras, qui émerge d’une collerette de plumes blanches duveteuses.
    En vol, le vautour fauve se reconnaît à sa très grande taille, à ses ailes longues, larges, arrondies à l’arrière, aux extrémités digitées et relevées vers le haut. Sa queue est très courte. Le vautour fauve niche en colonies, dans des falaises abruptes ou de grands rochers escarpés, les nids sont le plus souvent situés dans des gorges.
    Ce rapace se reproduit pour la première fois à l’âge de 4 ou 5 ans.
  • Les couples sont souvent unis pour la vie. Les vols nuptiaux sont effectués à proximité des sites de reproduction et des dortoirs.
  • Le couple vole de façon synchrone le long des parois rocheuses, l’un des partenaires légèrement au-dessus de l’autre. Les accouplements ont lieu sur le nid ou à proximité de celui-ci, dès le mois de décembre. Le vautour fauve niche très tôt : l’unique œuf est pondu entre la fin décembre et la mi-mars. Le nid est construit d’un amas sommaire de branches, deux à trois semaines avant la ponte. Les deux adultes participent à la construction de celui-ci, à l’incubation et à l’élevage du jeune. L’incubation dure environ 54 jours. Le poussin, qui pèse 170 à 210 g à sa naissance est nourri par régurgitation.
    Le séjour du jeune au nid est d’environ 120 jours. Après l’envol, il reste encore plusieurs semaines avec ses parents dont il est dépendant pour l’alimentation.
  • Le percnoptère : C’est un rapace de taille moyenne, le plus petit des quatre vautours européens. Son envergure varie de 1,50 à 1,65 m, son poids moyen est de 2kg. Le percnoptère est un rapace fin, léger et élancé.
    Les adultes présentent une silhouette blanche bordée de noir, qui peut parfois faire penser à une cigogne. La peau nue de la face est jaune chez l’adulte. Les jeunes oiseaux sont uniformément gris brun. Agile, il apparaît en vol comme un oiseau planeur de grande taille, battant des ailes de temps en temps. Sa silhouette est allongée à l’arrière par une queue cunéiforme. Sa petite tête triangulaire, nue jusqu’à la gorge, est prolongée en pointe par un bec long, fin et faiblement recourbé.

Le vautour percnoptère est une espèce migratrice qui passe l’hiver en Afrique subtropicale et dans le Sahel de septembre à mars. De retour en Europe, il se reproduit en zones montagneuses, dans des cavités assez profondes, en parois rocheuses. Les couples de percnoptères nichent à distance les uns des autres. C’est une espèce plutôt solitaire.

Il est en âge de se reproduire vers 4 à 5 ans. Les parades aériennes et les premières manifestations territoriales ont lieu dès son retour de migration.

Le nid est composé de branches sèches, de chiffons, de laine et de déchets (plastiques, papiers…). La femelle pond 2 œufs au printemps, fin avril. L’incubation dure 42 jours et les jeunes s’envolent 70 à 90 jours après l’éclosion. Quelques jours seulement après l’envol, à peine autonomes, ils partent déjà en migration et ne reviendront pas en Europe avant l’âge de 4 ans.

  • Le vautour moine : Avec 2,65 à 2,85 m d’envergure il est un peu plus grand que le vautour fauve, mais également plus léger et pèse en moyenne de 7 à 10 kg. Sa coloration très sombre renforce sa stature imposante. L’apparente “tonsure” qu’il a sur le dessus de la tête et sa robe foncée, lui confèrent son nom.

Posé, il se tient très droit et porte la tête haute. En vol, le vautour moine étonne par son envergure et sa parfaite maîtrise du vol plané. En l’air, il se déplace sans effort, de manière souple et glissante, les ailes en apparence immobiles. Sa tête dépasse peu à l’avant du corps, sa queue courte est légèrement pointue. Ses ailes sont plus longues et plus larges que chez le vautour fauve. Elles sont tenues bien à plat, à l’horizontale, avec la main (extrémité de l’aile) légèrement tombante.

Le vautour moine niche dans les arbres en colonies lâches. Il construit son nid à la cime d’un arbre, un pin sylvestre ou un chêne vert, à flanc de coteau, entre 3 et 20 m du sol. Les couples commencent à se reproduire vers 4 ou 5 ans. Les parades aériennes commencent de janvier à mars, en même temps que la construction du nid.

Les accouplements ont lieu dans le nid ou dans ses abords immédiats. La femelle va pondre un unique œuf que les deux partenaires vont couver pendant 55 jours environ. Le séjour du poussin au nid dure de 110 à 120 jours. Après son envol, en août ou septembre, le jeune reste encore avec ses parents, qui continuent de le nourrir pendant quelques semaines. Les adultes sont sédentaires, ils restent toute l’année à proximité de leur site de reproduction.

Les jeunes par contre sont vagabonds et peuvent s’éloigner parfois très loin de leur lieu de naissance. Contrairement aux vautours fauves, les vautours moines sont beaucoup moins sociables.

  • Le gypaète barbu : C’est l’un des plus grands rapaces d’Europe avec le vautour moine. Son envergure varie de 2,60 à 2,90 m pour un poids de seulement 5,5 à 6,5 kg. Le gypaète est adulte à l’âge de 7 ans. Son plumage aux ailes gris ardoise et au corps blanc à orange, le rend inconfondable. Les juvéniles et immatures sont sombres avec un léger contraste entre le corps et les ailes qui s’accentue avec l’âge. Il n’existe pas de différence d’aspect entre les mâles et les femelles.

En vol sa silhouette dégingandée fait penser à un immense faucon. Son faible poids lié à une très grande surface portante confère au gypaète une virtuosité qui surclasse la plupart des autres rapaces. Le gypaète est sédentaire à l’âge adulte mais les jeunes sont très erratiques. Les couples restent unis toute l’année et occupent un territoire immense (300 à 500 km2).

Le nid construit dans une paroi rocheuse est assez particulier car le gypaète est le seul grand rapace à le garnir abondamment de laine. Un œuf ou parfois deux sont déposés à quelques jours d’intervalles et couvés durant 54 jours environ. L’unique poussin ne pèse que 150 grammes à la naissance mais grandit rapidement et s’envole vers l’âge de 120 jours, il a alors la taille et le poids de l’adulte. Le jeune reste dépendant des parents pendant quelques semaines puis s’émancipe doucement. Le succès de la reproduction reste faible chez cette espèce ce qui la rend très fragile lorsqu’elle est persécutée.

Essentiellement nécrophage, sa nourriture est en majorité constituée d’os et de ligaments. Il est surnommé le « casseur d’os » car, utilisant une technique propre à l’espèce, il se saisit des os des cadavres qu’il laisse tomber sur des rochers afin qu’ils se brisent pour pouvoir ensuite s’en nourrir.

*STAPS Font-Romeu, Renforcement randonnée pédestre, Alain Place, guide de haute montagne et de canyonning en France.

Read more: Sport et vie en Pyrénées ...