PASCAL ARBEZ-NICOLAS (ALIAS VITALIC) PARLE DE SA PASSION DES NOMS SLAVES, DE L’IMPORTANCE DE L’ASPECT VISUEL DE SES SPECTACLES, DE SES PROJETS POUR SON NOUVEL ALBUM ET DE SON MODE DE VIE PENDANT LA PANDEMIE
Pascal Arbez-Nicolas, surtout connu dans le monde musical sous le nom de Vitalic, est l’une des forces dirigeantes et incroyablement productives de la scène électronique française. Vitalic c’est déjà quatre albums qui couvrent un large éventail de genres allant de l’électro au punk, en passant par le post-disco et par une techno puissante et émotionnelle. Vitalic, c’est aussi de nombreuses vidéos cinématographiques brillantes. Vitalic, c’est enfin un tas de remixes pour des artistes légendaires comme Giorgio Moroder, Moby et Daft Punk.
En parallèle, Pascal trouve également le temps de développer un projet nommé Dima, autour d’une musique techno encore plus orientée vers l’underground. Nous avons eu la chance de parler avec Pascal, tenu au confinement dans le sud de la France où il travaille dur chaque jour pour terminer son nouvel album, revenant à ses racines punk.
Interview: Dmitry Tolkunov
Salut Pascal! Merci beaucoup d’avoir trouvé du temps pour parler avec nous. Ce serait intéressant de savoir ce que vous avez fait récemment. Peut-on s’attendre à une nouvelle musique ?
En ce moment, je travaille sur un nouvel album “Vitalic”. J’avais prévu de le finir dans les prochains mois, mais probablement à cause de la situation actuelle, sa sortie sera reportée. En effet, nous avions prévu de faire une présentation avec un grand concert et puis une tournée, comme je le fais habituellement. Nous avons réservé quelques salles pour des spectacles, mais nous ne savons pas quand nous pourrons le faire.
Habituellement, vos concerts ont une production scénique impressionnante et conceptuelle. Envisagez-vous d’avoir un spectacle solide pour le nouvel album également?
Normalement, pour un nouvel album, j’organise de grands spectacles sur scène bien produits pour de grands festivals, mais aussi je fais des concerts dans des boîtes plus petites. Cette combinaison de grands et petits événements fonctionne toujours pour moi, donc je pense que je vais le faire de la même manière cette fois aussi.
Et je suis, bien sûr, passionné par l’éclairage et la scénographie pour les grands spectacles. C’est toujours une part déterminante de la performance qui donne à chaque fois la possibilité de raconter une nouvelle histoire, et c’est ce que je veux faire.
Participez-vous au domaine créatif ou technique dans le montage de vos spectacles?
Je travaille avec une équipe d’architectes, de scénographes et d’ingénieurs lumière. Chaque fois au début de chaque production, nous parlons du concept de l’album, puis ils proposent quelques idées. Nous reprenons une des idées et travaillons ensemble sur la mise en scène dans la salle. Je ne peux pas les aider avec la partie ingénierie car je n’y connais rien. Mais je dirige artistiquement le déroulement en salle. Généralement, nous allons tous ensemble, toute l’équipe, dans le sud de la France et travaillons sur le spectacle.
L’autre point fort de l’aspect visuel de votre musique ce sont des vidéos brillantes, avec une intrigue intéressante et ambiguë. Comment vous y prenez-vous habituellement pour créer ces superbes vidéos ? Qui donne les idées?
Habituellement, les réalisateurs m’envoient des idées et ensuite nous travaillons ensemble. Ce qui me plaît, c’est d’ajouter une histoire qui, tout en gardant le lien avec la musique, fonctionne de façon autonome. Ces vidéos sont alors des courts-métrages qui vivent par eux-mêmes. Je suis toujours à la recherche de cette dimension cinématographique.
Jusqu’à présent, quelles sont les vidéos que vous préférez parmi celles que vous avez réalisées pour “Vitalic”?
J’aime vraiment “Stamina”, qui est une sorte de court métrage qui raconte une histoire étrange.
De plus, je me rends compte que certaines de mes vidéos sont vraiment sexys, alors que le projet “Vitalic” ne concerne pas principalement le sexe et la séduction. C’est un peu plus sérieux, mais souvent mes vidéos mettent en lumière de belles femmes et des sous-entendus sexuels. L’une des vidéos les plus sexys que j’aime vraiment est “Waiting For The Stars”. J’aime vraiment son côté 70’s avec beaucoup de paillettes, de belles femmes et un environnement cosmique.
Une de mes vidéos préférées est “Fade Away”, qui est un bon exemple d’un court-métrage avec une intrigue claire, qui peut aussi se suffire à lui-même. J’ai toujours été intrigué par une question – quel genre de trésor dans l’attaché-case a conduit à un gâchis aussi sanglant?
En fait, je ne sais pas. Pour mes vidéos, j’aime juste choisir des intrigues qui ne donnent pas de réponses sans ambiguïté, laissant de la place à une énigme. Je pense que cette passion pour les histoires étranges en vidéo a été largement influencée par la vidéo de Daft Punk «Da Funk». Je me souviens que cela m’a fait une impression indélébile quand je l’ai regardée pour la première fois alors que j’étais étudiant. C’était si étrange et ça laissait tant de questions en suspens. Pour moi, cette vidéo est une sorte de standard auquel je veux que mon travail ressemble à certains égards.
Et que se passe-t-il avec votre projet parallèle, “Dima”, qui est orienté sur un son plus techno. Avez-vous un projet qui donnera jour à une nouvelle musique sous le nom de Dima?
Je suis maintenant en train de terminer le nouvel album de Vitalic. Mais je pense que lorsque l’épidémie et le régime de confinement prendront fin et que je pourrai le présenter et le diffuser, je commencerai à créer et à sortir d’autres morceaux techno, comme Dima.
D’où est venue cette passion pour les noms slaves que vous utilisez pour vos projets artistiques?
Cela vient du fait que j’ai baigné dans la culture russe depuis que j’en ai étudié la langue à l’école et à l’université et que je suis allé beaucoup de fois en Russie et en Ukraine. J’ai choisi les noms Vitalic et Dima pour mes projets parce que j’aime juste la façon dont ils sonnent; il y a beaucoup d’énergie dedans.
Vous avez une impressionnante collection de remixes que vous avez fait en tant que Vitalic pour des grands artistes légendaires comme Giorgio Moroder, Moby, Daft Punk. Avez-vous des projets confirmés pour faire des remixes passionnants bientôt?
Pour le moment je ne fais pas beaucoup de remixes, peut-être deux par an, pas plus. Et je n’ai pas de projet avec des célébrités. Dernièrement, je m’intéresse plus à des remixes pour quelque chose de plus underground. Les derniers que j’ai fait étaient pour le groupe de rock français “Louisa” que j’aime beaucoup et aussi pour Paulor, un producteur mexicain, pour un morceau “Space Ship” qui s’est avéré être un grand succès l’été dernier. En ce moment, je n’ai pas d’autre projet car je suis totalement absorbé par le nouvel album que j’ai mentionné.
Tous vos précédents albums sont assez différents dans leur style et leur humeur et couvrent des genres musicaux différents comme le punk, l’électro, le post-disco, la techno. Quelle sera la principale orientation stylistique et l’ambiance du nouvel album?
Je reviens au punk, j’ai besoin de rock maintenant, de cette énergie rude comme sur mon premier album «OK Cowboys» que j’ai fait il y a 15 ans.
Mes sons changent avec le temps et ils sont influencés par les choses qui se passent autour de moi et par mon humeur. Et je ne me préoccupe pas de ce qui est cool en ce moment. C’est comme en 2009 quand j’ai fait mon deuxième album “Flasmob”. Il était disco et le disco était un gros mot à l’époque; ce n’était pas cool du tout de faire une telle musique. Mais je le sentais juste comme ça. J’avais ce ressenti et je l’ai fait. Et quelques années seulement après la sortie de l’album, nous avons vu peu à peu le disco revenir.
Maintenant, c’est surtout l’ère du hip-hop – le rap est le style le plus en vogue – mais j’ai le sentiment que bientôt un renouveau du rock se produira et qu’un nouveau bon groupe de rock apparaîtra.
Peut-on dire que vous êtes toujours un peu avant-gardiste?
Je suis juste en train de suivre mon intuition. Je ne prétends pas être une sorte de météorologue musical qui prédit les tendances. Je fais juste ce que je veux et ce que je ressens et il arrive souvent que mes sensations anticipent de nouvelles tendances musicales.
Comment remplissez-vous vos journées maintenant, pendant le confinement, avec tous ces bouleversements ; le report du spectacle de la sortie de votre album et aucun concert qui ne peut avoir lieu ?
Je suis chez moi dans le sud de la France avec quelques-uns de mes amis. Nous avons une vie quotidienne absolument normale – nous nous réveillons le matin, nous travaillons toute la journée. Le soir, nous regardons des films et nous nous couchons tôt et c’est presque la même chose tous les jours. Il semble donc que ce soit une vie absolument normale. La seule chose qui change est que nous ne sortons pas. Mais quand je suis à Paris en train de travailler sur de la nouvelle musique dans mon appartement, je ne sors pas non plus. Donc, ce n’est pas vraiment une grande différence. La seule chose qui me manque vraiment, c’est ma famille dont je fais partie maintenant.
Dans l’ensemble, quels sont vos sentiments à propos de cette folle pandémie dans votre pays d’origine et partout dans le monde?
Je suis confronté à une chose semblable pour la première et, espérons-le, la dernière fois et je ne sais vraiment pas quoi en penser car je n’ai pas de connaissances assez approfondies pour statuer sur le sujet. J’essaie juste de tirer le meilleur de cette situation d’isolement et d’utiliser tout ce temps pour faire de la nouvelle musique. Mais certains membres de ma famille ont déjà été infectés par le coronavirus et ce n’était pas une situation drôle du tout. Ils ont traversé de terribles souffrances et grâce à Dieu, il ne leur est rien arrivé et ils vont bien maintenant. Et ces restrictions en termes de sortie à l’extérieur génèrent du stress pour les membres les plus âgés de la famille qui y sont contraints. Comparé à leur situation, être à la campagne, au grand air et la plupart du temps travailler en studio – ce n’est pas terrible du tout. J’espère vraiment que ce sera bientôt fini, que nous reviendrons à la vie normale et que je pourrai faire tout ce qui était prévu.
Nous sommes sincèrement de tout cœur avec vous pour que vos souhaits se réalisent. Merci beaucoup, Pascal, pour cette conversation intéressante!
Je vous remercie.