Au Pic du Midi, nous nous intéressons à nos origines et naissance du système solaire, a dit Rémi Cabanac, Directeur Scientifique du Pic du Midi

 

Ouvert en 2000 au grand public, le Pic du Midi a été classé en 2003 comme site naturel national au titre de la beauté de son paysage. Le 19 décembre 2013, il a été labellisé Réserve Internationale de Ciel Etoilé, la 1ère de France. C’est dans ce lieu magique que depuis plus de 140 ans, chercheurs et techniciens de l’espace observent, décryptent et photographient le ciel et toutes ses planètes jusqu’aux plus lointaines galaxies.

Rémi Cabanac, Directeur Scientifique du Pic du Midi, nous a parlé des recherches scientifiques du site et ses projets de développement.

PHOTO: MATTHIEU PINAUD

Interview: Irina Rybalchenko pour El Periòdic News

Que représente aujourd’hui le Pic du Midi en termes de science ?

Le Pic du midi aujourd’hui couvre des domaines scientifiques variés : sciences de l’univers, environnement et vie de la Terre. En astronomie, il s’agit de l’origine du système solaire, de l’évolution des étoiles et de leurs systèmes planétaires à travers l’observation de leurs structures magnétiques, de l’observation du soleil et de l’observation des petites planètes.

En aérologie, les études portent sur les évolutions climatiques, l’impact de l’activité humaine sur la troposphère, la chimie de l’atmosphère, les aérosols, le suivi des microplastiques, les éléments radioactifs et les polluants de source humaine. Mais aussi les phénomènes électriques dans la stratosphère avec l’observation de sprites.

En terre interne, nous étudions les mouvements tectoniques de la chaîne pyrénéenne.

En écologie, nous travaillons sur le projet ECTOPYR, étude des bouleversements écologiques provoqués par le changement climatique.

En outre, nous assurons des missions de formation par la recherche des étudiants universitaires, accueillons des missions scientifiques et technique demandant un soutien technique en altitude.

Vous observez le soleil depuis deux coupoles : la Lunette Jean Rösch et le Coronographe. Que pouvez-vous dire du diagnostic global de l’activité solaire ?

L’activité solaire suit un cycle de 22 ans, observée avec CLIMSO : couronne basse et disque. Les phases d’accélération des particules de la photosphère (quelques milliers de degrés) à la couronne (quelques millions de degrés) sont encore mal connues. Un nouvel instrument, le plus grand du monde, est en phase d’assemblage (C3) pour mieux comprendre ces phénomènes.

La lunette Jean Rösch ne fait plus d’observations scientifiques du soleil. Elle est utilisée pour la formation des étudiants.

Comment l’observatoire va-t-il évoluer ?

Sur les prochaines années, le nouveau bâtiment Dauzère-Soler permettra d’accueillir des chercheurs pour des ateliers scientifiques au sommet, des étudiants pour la formation, une salle de pilotage centralisé de tous les télescopes au sommet, une plateforme environnementale élargie, une salle informatique moderne, une salle de conférence pour 40 personnes et 30 nouveaux couchages.

Y aura-t-il de nouveaux télescopes ?

Un site d’observation vivant évolue au rythme des besoins de la communauté. Pour l’instant, la communauté utilise les télescopes existants et construit des instruments post-focaux (qui sont placés derrière les télescopes existants). Il est vraisemblable qu’un nouveau télescope soit construit dans les années qui viennent si la communauté le souhaite. La communauté des aérologues a également des projets de développement.

Combien d’investissements sont nécessaires pour le développement des infrastructures ?

Côté scientifique, les investissements des dernières années sont de plus de 13 millions d’euros :

· instrumentation TBL : SPIP (5 millions euros), bonnette VISION (1 millions euros)

· Coronographe : C3 (150 000 euros)

· construction du bâtiment Dauzère-Soler (7 millions euros).

Quel est le montant annuel du financement du site ?

Côté scientifique, le coût de fonctionnement est assimilable au coût salarial de 40 agents de l’état techniciens/ingénieurs/administratifs/chercheurs. Environ 2 millions euros/an.

Les climatologues travaillent-ils à l’observatoire ?

Le Pic du Midi est un site d’observation. Les climatologues de l’OMP (Université Paul Sabatier) et du GIEC utilisent les observations climatologiques du sommet (température, humidité, vents, gaz à effet de serre) pour leurs modèles de réchauffement climatique.

Quels sont les principaux sujets scientifiques actuellement débattus par la communauté climatique internationale ?

Cette question est trop vaste pour pouvoir y répondre. Au Pic du Midi, nous nous intéressons à nos origines (naissance du système solaire). Y a-t’il de la vie ailleurs que sur Terre dans l’univers? Comment va évoluer le climat dans les prochaines dizaines d’années? Comment les espèces animales vont s’acclimater? Pouvons-nous prévoir les éruptions solaires observées au coronographe? La pollution de source humaine à l’échelle globale augmente-t’elle?

Comment coordonnez-vous le travail avec les autres grands observatoires dans le monde, en particulier avec l’Observatorio del Roque de los Muchachos voisin ?

Les observatoires du monde forment un réseau complémentaire qui observent conjointement parfois dans des campagnes ciblées, ou de façon indépendante. Les observatoires des Canaries (Roque de los Muchachos, Teide), du Chili (ESO, CTIO, etc.), d’Hawai (CFHT) mais aussi les missions spatiales (GAIA, HST, JWST, Corot, TESS, etc.) sont utilisés conjointement avec le TBL ou le T1M sur des campagnes de suivi. Cela dépend des demandes des équipes de scientifiques.

Coopérez-vous avec des universités (avec lesquelles) et acceptez-vous des étudiants en stage ?

La recherche scientifique est un travail mondialisé depuis les débuts de la science. Les universités sont en contacts constants. L’Université Paul Sabatier accueille des chercheurs du monde entier et le Pic du Midi accueillent des observateurs du monde entier. Les universités françaises ont des programmes de formation en astronomie qui utilisent les équipements du Pic du Midi. Les observations scientifiques en mode service s’appuient sur les étudiants.

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