“Le véritable impact doit venir de chacun d’entre nous, et c’est pourquoi il sera nécessaire que certains d’entre nous ouvrent les yeux !”
Comme nous le disions dans l’article précédent, nous essaierons désormais d’analyser tous les aspects inclus dans la négociation de l’accord d’association avec l’UE qui, d’une manière ou d’une autre, peuvent influencer la projection internationale de la juridiction andorrane et donc de la Marque Andorre.
Pour commencer, il semble que nous soyons à la fin des négociations et que les deux parties souhaitent conclure un accord avant la fin de l’année. Cependant, des voix critiques se sont élevées, soulignant qu’il y a des questions importantes en jeu pour conclure si rapidement. Peut-être n’ont-elles pas tort, mais nos négociateurs nous disent que l’agenda chargé de l’UE rend difficile une prolongation, d’autant plus qu’en janvier 2024, d’autres questions deviendront prioritaires pour l’UE, comme les négociations avec d’autres pays européens pour une future extension de l’Union. Le fait d’avoir seulement trois mois pour conclure l’accord est source d’inquiétude et de pression.
Comme nous l’avons déjà mentionné, les deux parties fixent leurs positions finales sur les derniers sujets à négocier. Parmi les plus délicats figure le protocole financier proposé, qui, tel qu’il est rédigé, est préoccupant. Tout comme l’avis des régulateurs financiers de l’UE, peut-être plus méfiants en raison de notre passé que de la transparence développée depuis plus d’une décennie. Certains estiment que plus de temps est nécessaire pour négocier ce protocole, mais le Secrétaire d’État négociateur a indiqué qu’il ne suivra pas le même calendrier que les autres annexes, et que des arrangements spécifiques seront mis en place pour ce sujet. Nous espérons qu’il pourra être finalisé dans les délais prévus et dans des conditions acceptables.
En effet, ceux qui sont bien informés affirment que la négociation de ce protocole financier sera difficile. Il y a le précédent du “non paper” de la France en 2019 qui remettait en question les services financiers d’Andorre. Dans tous les cas, il est conseillé de consulter les institutions financières andorranes pour connaître les limites acceptables.
Mais la situation est devenue encore plus tendue avec le retrait soudain de Monaco des négociations, pour des raisons extérieures à la position d’Andorre. Cependant, cela a permis à ceux qui sont contre l’accord d’évaluer l’étude d’impact économique qui semble avoir été utile pour les négociateurs monégasques pour conseiller la suspension des négociations.
Face à l’insistance de certains groupes politiques, le gouvernement a décidé de lancer une étude d’impact économique, probablement inspirée de celle de Monaco. Par le biais d'”Andorra Recerca i Innovació”, un appel d’offres international a été lancé d’urgence pour étudier l’impact économique de l’accord d’association avec l’UE. La date limite de soumission des candidatures est fixée au 25 octobre, soit deux mois avant Noël. La question est de savoir si cette étude sera terminée à temps pour influencer la décision d’Andorre de signer ou non l’accord.
Un autre signe de l’importance accordée à cette phase finale des négociations a été l’initiative du Pacte d’État pour la négociation avec l’UE, qui consiste à nommer les deux anciens chefs du gouvernement, Jaume Bartumeu et Antoni Martí, comme observateurs de la négociation.
En attendant, nous en apprenons davantage sur les négociations, en particulier sur la libre circulation des personnes. C’est un sujet sensible qui préoccupe beaucoup de monde. Il est clair que l’accord entraînera des changements en matière d’immigration, mais on sait qu’un système de quotas similaire à l’actuel sera respecté, inspiré par le traitement accordé au Liechtenstein. En général, malgré une analyse plus détaillée à venir, on s’attend à ce que cet aspect, combiné au maintien des contrôles frontaliers, garantisse la sécurité et l’ordre public comme auparavant. En fait, si vous vous promenez dans les rues de la principale ville du Liechtenstein, vous réalisez qu’en 33 ans, ils n’ont eu aucun problème majeur d’ordre public malgré l’ouverture de leurs frontières en tant que membre de l’espace Schengen, un sujet qui est, d’ailleurs, en dehors des négociations d’Andorre avec l’UE.
Concernant cette libre circulation des personnes, nous avons vu cette semaine l’inauguration officielle de l’année universitaire en Andorre. Notre chef de gouvernement a souligné la grande opportunité que cela représente pour les étudiants et futurs professionnels andorrans d’accéder au marché intérieur européen. Je me demande comment mesurer l’impact que cela pourrait avoir pour les citoyens andorrans d’accéder à ce marché. Et inversement, comme je l’ai souvent souligné, comment mesurer l’impact du développement futur d’un campus universitaire offline plein d’étudiants européens attirés par la nouvelle offre d’Andorre avec des diplômes reconnus dans l’Espace économique européen ?
Comme j’ai souvent entendu nos négociateurs le dire, l’impact réel positif de l’accord dépend en grande partie de nous tous, de la gravité avec laquelle nous abordons les opportunités qu’il nous offre. Les conditions objectives seront présentes, mais l’attitude est clé pour le succès découlant de l’utilisation que nous en faisons. Et surtout, il sera nécessaire de faire beaucoup de pédagogie, comme cela a été fait jusqu’à présent, ou peut-être plus, car s’il y a réellement des avantages et des opportunités, il faudra apprendre à les saisir. Et ici, il faut attirer l’attention de ceux qui doivent prendre leurs responsabilités au sein des institutions publiques, mais aussi de tous ceux qui y croient vraiment.
Études d’impact, d’accord! Mais n’oublions pas que le véritable impact doit venir de chacun d’entre nous, et pour cela, il sera nécessaire que plus d’un retire son bandeau des yeux !
Pere Augé, PDG et associé fondateur de l’entreprise Augé Holding Group
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