Nous voulons ouvrir plusieurs bornes de recharge pour voitures électriques pour attirer des touristes dans Tarascon, a dit le maire de la ville, Alain Sutra

M. Alain Sutra, ex-professeur de français pour les étrangers, est maire de Tarascon (Ariège) depuis 2001. Au fil de ces années, il a réussi à faire beaucoup pour la ville et son image touristique. Cependant, il a encore beaucoup de projets à mettre en œuvre, qu’il a partagés avec all-andorra.com.

Interview : Irina Rybalchenko

Qu’est-ce qui pourrait être intéressant dans votre ville?

En France il y a deux Tarascon: Tarascon-sur-Rhône et Tarascon-sur-Ariège. Notre Tarascon, Tarascon-sur-Ariège, a une très longue histoire. Les grands spécialistes de la préhistoire disent que Tarascon est une des capitales mondiales.

Pourquoi?

Parce que dans notre environnement, il y a le plus grand nombre de grottes dans le monde. La plus connue est la grotte de Niaux, mais il y en a des centaines d’autres qui ne sont pas visitées car c’est interdit ou elles sont difficiles d’accès. Cela prouve qu’il y a des millions d’années, les hommes et les femmes se sont installés à Tarascon.

À côté de Tarascon, on a construit le Parc de la Préhistoire, qui présente notre région pour les enfants de manière pédagogique et ludique. C’est un parc avec de nombreux ateliers scolaires, des découvertes… En période hivernale, il est fermé. Toutefois, il est visité par 60 000 visiteurs chaque année.

Il y a un autre fait historique à propos duquel j’aimerais parler. À l’entrée de la mairie, on peut voir un grand panneau rouge-blanc-bleu. C’est un document authentique et unique en France. En faisant des travaux de rénovation à l’église Notre Dame de la Daurade à Tarascon, les ouvriers sont tombés sur un papier rouge-blanc-bleu révolutionnaire qui prouve que l’édifice religieux avait été transformé en temple laïc ou temple de la Raison.

Les révolutionnaires ont décidé qu’il fallait combattre la religion catholique comme religion prédominante. On a confisqué des biens de l’église et décoré les murs de l’église avec un papier rouge-blanc-bleu. C’est un document exceptionnel!

Est-il vrai qu’il y avait des mines de fer à Tarascon?

Oui, au cours du dernier siècle, Tarascon était la terre du fer et de l’aluminium. Il y avait 3 sites du fer ici: Mécrus, Tarascon et Olat. La construction des barrages a amené l’électricité pas chère. Cela a contribué à la production d’aluminium de très bonne qualité. Des millions de tonnes d’aluminium raffiné et utilisé dans l’aéronautique ont été produits.

Pendant un siècle, Tarascon a connu une période de richesse et de prospérité.

L’exploitation des mines de fer et la production d’aluminium ont provoqué des périodes d’immigration successives. Après la Révolution d’octobre, les Russes blancs sont arrivés. Les Italiens, les Espagnols, les Marocains ont suivi… Il y avait beaucoup de travail, on manquait de main d’oeuvre. Pour fournir suffisamment de travailleurs, on a amené des villages entiers du Portugal, donc il y a une communauté très forte de Portugais à Tarascon.

Tout ça fait que notre ville est cosmopolite. Il y a plein de générations mélangées. Et ça donne du dynamisme à notre ville.

À cette période-là, il y avait 15 000 habitants.

Mais finalement les sites se sont désengagés. Olat a été fermé, Mercus a été repris en partie et Tarascon a réduit ses salariés.

Les gens ont commencé à quitter la ville…

Et maintenant, combien de personnes vivent en ville?

Maintenant, il y a 3400-3500 habitants. Et nous avons toujours la même infrastructure: deux stades, deux gymnases, des courts de tennis, une piscine couverte, une crèche, un collège, des écoles, une maison de jeunes, un centre culturel… Mais on n’a pas d’argent comme à l’époque.

Y a-t-il des entreprises dans la ville?

Nous avons une centrale pour produire l’électricité. Nous produisons 40% de l’électricité que nous utilisons. Il y a encore des industries mais elles sont petites. Il y a des souterrains pour l’aéronautique. Il y a des entreprises qui sont liées à la métallurgie et des entreprises qui font des ponts, des routes etc. Mais ce ne sont pas de grosses entreprises, elles ont 50-60 salariés.

Comment-on peut attirer les touristes à Tarascon?

Il me revient de construire une nouvelle image de Tarascon qui n’est plus industrielle. Quand nous avons été confrontés à cette triste réalité, nous avons décidé de changer notre positionnement. Comme vous le savez, pour aller à Toulouse il faut traverser Tarascon. Et par contre, pour aller de Toulouse en Andorre pour faire du ski ou pour aller en Espagne il faut toujours traverser Tarascon. C’est un carrefour incontournable. Notre positionnement est exceptionnel! 18 000 voitures passent via Tarascon tous les jours!

Notre ville est situe à 460 m d’altitude. On a un microclimat. Les hivers sont relativement courts et pas froids, les étés sont chauds.

A côté de Cabana, il y a une station de ski de fond, elle s’appelle Beuil (pour le moment il n’y a pas d’hôtels – juste la station).

A la sortie de la ville, il y a un camping, des hébergements de loisirs – ce sont des bungalows. Chaque année, nous pouvons y accueillir 1 000 personnes du mois de mai jusqu’à octobre. C’est presque 27% de notre population.

Il y a aussi une belle résidence 3 étoiles avec un bon restaurant. Au centre de la ville, il y a un autre hôtel 3 étoiles – mais c’est la norme française: il est de bonne qualité et d’un prix correct.

Nous avons rasé les vieux bâtiments et à leur place on a fait des jardins.

Quels événements culturels et sportifs ont lieu dans la ville?

Toute l’année, il y a des activités culturelles qui sont organisés par les associations – ici il y a 60 associations culturelles et sportives.

Je suis le président de l’association internationale de folklore. Chaque année, nous accueillons 15-20 groupes de très haut niveau pour participer au festival latino. Il se passe du mois de juin jusqu’à septembre. Ce festival est gratuit et il attire beaucoup de monde de l’Europe, d’Amérique Latine, d’Afrique…

Chaque année, nous avons la foire – c’est la montée des animaux vers les près au mois de mai et la descente le 30 septembre. C’est un gros événement avec 10 000 visiteurs. La fête et l’animation durent 2-3 jours et c’est assez bon pour attirer des touristes.

La partie sportive – c’est en premier lieu l’Ariégeoise la cyclosportive des Pyrénées. C’est une course pour des cyclistes de très haut niveau.

De plus, nous avons deux équipes de football à Tarascon, une équipe de rugby. La natation, le judo, la boxe, le volley sont aussi populaires ici.

Avez-vous des relations avec l’Andorre dans le domaine de la culture, du sport, des affaires ou du tourisme?

Pas trop. Il y a une relation très particulière entre notre église de Tarascon et l’église Meritxell en Andorre. Une fois j’ai présidé ici une réunion avec le coprince d’Andorre, l’évêque d’Urgell.

Je connais l’ex-Premier ministre d’Andorre, M. Pintat, il a une femme française. Il venait parfois à Tarascon et nous nous sommes rencontrés amicalement.

De plus, ma grande-mère était andorrane. Mon cousin habite en Andorre et je le vois de temps en temps.

J’ai une grande amitié pour l’Andorre. J’ai connu l’Andorre il y a 60 ans, c’était un petit pays très agréable avec une belle culture. J’aime bien tous les petits villages en Andorre sauf le Pas de la Case. J’ai très envie d’avoir des relations avec l’Andorre.

Malheureusement, aujourd’hui, l’Andorre est associée souvent à un endroit où on peut acheter du tabac ou de l’alcool pas cher. Mais l’Andorre doit vouloir entrer dans l’EU et changer son image. Je sais que l’Andorre encourage activement l’utilisation de véhicules électriques. Pour permettre à nos amis andorrans de charger leurs voitures, nous voulons ouvrir plusieurs points de chargements. Ainsi, nous pouvons attirer des touristes supplémentaires dans notre ville.

Le village voisin, Ax-les-Thermes, est le concurrent d’Andorre pour le ski. Tarascon est le partenaire.

Y a-t-il beaucoup de terrains à vendre? Quels projets d’investissement pourraient intéresser votre ville?

Nous n’avons pas beaucoup de terrains. En même temps, pour nous c’est important de continuer à travailler dans le domaine touristique. Il faut construire des hôtels, des restaurants de bonne qualité. Je suis en contact avec McDonald’s, ça m’intéresse beaucoup.

Quel est le bilan de votre ville?

Le budget annuel de la commune est de 5 millions d’euros, plus de 3 millions d’investissements.

Le marché immobilier de Tarascon est-il attrayant?

Le marché immobilier est très attrayant. Une maison avec un jardin peut s’acheter pour 150 000 à 250 000 euros. Tarascon est une ville très sûre et c’est un grand avantage aussi.

Que voudriez-vous faire pour la ville en tant que maire à part le développement du tourisme?
Nous avons voulu aussi conserver la population de Tarascon. Pour ça nous avons renforcé nos services. Nous avons créé une nouvelle crèche pour les enfants, la maison des services publics pour aider des personnes en difficulté, le club des seniors pour les personnes âgées.

Nos écoles sont complètement gratuites. Les enfants ne doivent même pas acheter des stylos. Le transport scolaire est aussi gratuit. Notre politique sociale est très forte.

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