Mr. C: Honnêtement, je ne pense pas que j’aurais été un tel succès sans méditation

Mr. C: Honnêtement, je ne pense pas que j'aurais été un tel succès sans méditation

MR. C PARLE DE SON MODE DE VIE ACTUEL, DE L’IMPACT DE LA PANDEMIE SUR LA VIE NOCTURNE, DE LA MÉDITATION ET DE SES PENSÉES POSITIVES COMME RACINES DE SON SUCCÈS, DE NOUVELLE MUSIQUE ET DE BIEN D’AUTRES CHOSES

Richard West, surtout connu sous son nom de scène Mr. C, est l’une des personnes qui a repoussé les limites de la vie nocturne. Il a eu un rôle important dans le développement de la culture rave anglaise au début des années 80. Depuis, il garde toujours en tête de cultiver l’esprit underground de la pure rave et nous offre de la techno et de la house contemporaines lors de ses fêtes fantastiques.

Richard a commencé son chemin dans le “showbiz” à l’âge de 16 ans en tant que rappeur et résident du légendaire club londonien, Camden Palace; c’est alors qu’il se fait appeler Mr. C. Bientôt, son attention a été captée par la scène rave naissante. Il a enregistré son premier morceau de house «Page 67» en 1987 sous le nom de Myster-E.

À partir de ce moment, il a commencé à s’intéresser de plus en plus à la dance électronique émergente et au DJing et est rapidement devenu l’une des figures importantes du boom de l’acid house, qualifié par les ravers anglais enthousiastes de “The Second Summer of Love”. Le nom du nouveau phénomène culturel renvoie à “The First Summer of Love”, organisé par les hippies à la fin des années 60.

En 1995, Richard a ouvert sa propre boîte de nuit The End, qui s’est avérée être l’un des meilleurs lieux électro de Londres. The End a accueilli nombre de spectacles hauts en couleur pendant 13 ans. Au cours de cette période, Richard a boosté sa carrière en enregistrant de nombreux grands titres sous son nom de scène Mr. C.

Il est considéré comme l’un des inventeurs d’un nouveau style musical – une fusion de house et de techno.

Depuis la fermeture de The End en janvier 2009, Richard continue d’organiser de grands événements, sous la marque Superfreq, qui est également le nom de sa maison de disques ; il se produit dans des entrepôts londoniens ou dans des endroits d’exception partout dans le monde.

De nos jours, Richard réside à Los Angeles. Il continue ses tournées à succès en tant que DJ tout autour du globe et produit également de la nouvelle musique. Richard est une personne accomplie qui ne limite pas ses intérêts uniquement à la musique. Il enseigne également la méditation depuis presqu’une décennie maintenant et fait ses premiers pas en tant qu’acteur.

Nous avons eu la chance de parler avec Richard de sa nouvelle musique, de l’impact de la pandémie sur son style de vie et sur sa vie nocturne, de la méditation et des pensées positives comme racines de son succès et d’autres choses intéressantes.

Interview: Dmitry Tolkunov

Salut Richard! Merci beaucoup d’avoir trouvé du temps à consacrer à cette interview. Tout d’abord, ce serait génial de savoir ce qui se passe dans votre monde musical?

Ma compilation de remixes Radical Inclusion est maintenant disponible. Je suis ravi de mon propre remix ainsi que de ceux réalisés par Radio Rental, J. Gabriel x Chuffing Buffy et In.Phrequent.

Le single de Wonkytonk avec Radio Rental, “Wonk” sort dans environ cinq semaines.

En juillet, je sortirai un EP avec Noel Jackson dans le cadre de notre projet conjoint East LA Teck. Je travaille également sur des remixes pour J. Gabriel x Chuffing Buffy pour mon label Superfreq et pour Ian Taylor pour le label rEJECT mUSIC. Je travaille sur un autre remix pour mes amis Ian Britton et Chloe Sinclair, alias Miss C, qui sont maintenant des résidents et promoteurs de Superfreq. Il y a beaucoup de matériel qui arrive à Superfreq maintenant, nous sortons un nouvel EP environ toutes les trois semaines. Cette année, déjà, nous avons des sorties de Lee Reynolds, Momo Rex, Ilario Liburni, Igor Vincente, Chords of Stockholm. J.Gabriel x Chuffing Buffy va suivre, puis Wonkytonk, Ne.Hau, East LA Tek, David Scuba, Lubelski, Noel Jackson. Sur notre site Superfreq.org vous pouvez voir et écouter l’intégralité du catalogue des musiques déjà sorties et à venir.

Comment remplissez-vous vos journées dernièrement? Cette étrange situation pandémique que nous traversons a-t-elle changé votre mode de vie?

Je reste très actif. Oui, la pandémie a eu un grand impact sur mon style de vie – je fais maintenant beaucoup d’émissions en direct sur Internet avec mes DJ sets. Avec Noel Jackson, nous avons lancé une nouvelle plateforme de podcast et de streaming, websitefreqstream.com. Dans le cadre de cette plate-forme, nous faisons une diffusion hebdomadaire, en direct, avec mes sets, appelée Techno Tuesday, qui comprend 95% de musique inédite. Je veux ainsi promouvoir tout ce bon son que je reçois. Aujourd’hui, en temps de crise, les artistes et les labels ont vraiment besoin de soutien et je suis heureux de le leur fournir.

De plus, tous les vendredis, je fais une émission de Class 88, dans laquelle je joue des sets de mes musiques des années 1986 à 1992. Je reste à l’écart des succès commerciaux de cette époque. Je me focalise plus sur les morceaux qui sont à l’origine de la Révolution de l’acid house, apportant un regard expert sur les racines de notre musique. La culture rave pour le plus grand plaisir des inconditionnels. Ce seront des émissions mensuelles, au cours desquelles je jouerai des sets de deux heures à partir de mes “tracks” rétro préférés soigneusement sélectionnés.

Je suis également sur le point de lancer une émission mensuelle appelée Mr.C’s Magnificent 7, qui dans sa forme ressemblera plus à une émission de radio. Je vais présenter et revisiter mes 7 morceaux préférés de l’émission Techno Tuesday du mois. Tout cela, encore une fois, vise à soutenir les labels et les grands artistes qui m’inspirent.

De plus, j’ai un projet de lancer une émission hebdomadaire appelée Mr.C Loves; chaque semaine je présenterai un invité avec un de ses podcasts. Je suis en train de demander à tous mes DJs préférés à travers le monde de me soumettre leurs postcasts. Il ne sera pas seulement question de pourquoi j’aime leur musique, mais aussi de nos relations chaleureuses et amicales.

Bien sûr, il y aura des grands noms, mais je prévois aussi, une fois par mois, de faire une émission avec un DJ local encore inconnu sur la scène internationale. Ce sera un excellent DJ avec qui j’ai sympathisé lors d’une tournée mondiale par exemple.

Ma première émission mettra à l’honneur Eddie Richards, le DJ don’t j’ai beaucoup appris et que je considère comme mon gourou. Ensuite, il y aura Karl Cox, Murf, Clive Henry, Art Deparment, Tara Brooks, Steve Bug, Colin Dale. Et il y a bien d’autres artistes qui ont confirmé leur volonté de participer à ce projet. Dans les semaines qui arrivent, je les annoncerai.

Enfin, je vais faire une émission régulière dédiée aux artistes de mon label Superfreq appelée Superfreq Stream. Je demanderai aux artistes qui s’apprêtent à sortir de la musique sur Superfreq dans un très proche avenir de faire un podcast spécial pour la diffusion.

Nous aurons donc des podcasts inédits. J. Gabriel x Chuffing Buffy donne le coup d’envoi, suivi de mon partenaire dans Wonkytonk, Radio Rental, ensuite de Ne.Nau, puis de Noel Jackson pour notre sortie de East LA Tek, et enfin de mon autre partenaire Superfreq, David Scuba pour sa sortie avec Lubelski.

Et en plus, chaque jour je dirige des émissions en direct avec des cours de méditation et continue la recherche constante de nouveaux talents pour le label … Je suis vraiment très occupé.

Quels sont vos sentiments et vos pensées concernant cette situation liée au coronavirus et quelle tournure cela prend-il à Los Angeles où vous vous trouvez actuellement?

Toute cette pandémie est terrible. C’est horrible de voir combien de personnes perdent leur famille et leurs amis. J’ai perdu l’un de mes meilleurs amis; ma femme a perdu son oncle également. Ensuite, il y a tellement de gens qui perdent leur emploi et qui sont maintenant en difficulté.

C’est tout simplement horrible. Ici, à L.A., les gens suivent les directives de distanciation sociale. La Californie a mis en place des restrictions très tôt et les habitants de L.A. se sont très bien comportés, la pandémie a donc été très bien gérée ici. Par conséquent, ça s’est mieux passé qu’à New York où ils ont eu beaucoup de morts à déplorer. Il est compréhensible que la pandémie ait un impact significatif sur l’industrie des clubs.

Pensez-vous qu’il est possible que nous voyions bientôt des formes “mutantes post-pandémiques” de clubbing où on verrait des “dance floors” respectant une stricte conformité de la distanciation sociale?

Je ne vois aucun clubbing se produire de sitôt ici en Amérique ou en Europe. Clubbing et distanciation sociale ne sont pas compatibles car nous dansons ensemble. Je pense que lorsque la pente de la courbe sera nulle et que le nombre de personnes infectées aura considérablement diminué, nous pourrons commencer à organiser de petits événements privés, d’environ 100 personnes, pas plus. Puis, si l’amélioration se confirme, il sera progressivement possible de passer à des événements de plus grande envergure – de 250 puis peut-être 500 personnes. Et seulement lorsque le vaccin sera développé et administré à tous, nous pourrons organiser des évènements rassemblant 1000 personnes, jusqu’à revenir à la normale.

Comme vous l’avez déjà mentionné, vous donnez actuellement des cours de méditation en ligne. Comment est née cette idée et pourquoi l’avez-vous lancée?

J’enseigne la méditation et je suis coach de développement personnel depuis presque 10 ans maintenant. A cause de la crise sanitaire, il y a tant de gens qui doivent rester confinés chez eux; ça les rend fous. Beaucoup de gens sont déboussolés par un décès dans leur famille ou dans leur entourage, certains ont perdu leur emploi. Ce climat mène parfois à de la violence domestique…

J’ai commencé à donner ces cours en ligne pour aider les gens à se débarrasser de l’anxiété, des peurs et du stress. Ils aident à susciter la compassion et les soins. Dans ces moments difficiles, c’est ma contribution, je partage les informations et les outils dont je dispose pour aider mes semblables. Mon but est d’aider les gens à composer un peu mieux avec le stress que génère cette pandémie.

Depuis combien de temps pratiquez-vous la méditation pour vous-même? Voudriez-vous me dire un peu comment vous avez commencé dans cette pratique?

J’ai commencé à pratiquer la méditation en 1983 à l’âge de 17 ans. C’est mon beau-père qui m’a initié alors qu’il se lançait dans la pratique. Il a éveillé en moi des questionnements sur le fonctionnement de l’esprit humain, ce qui a ensuite conduit à ma fascination pour la psychologie et les forces d’attraction. J’ai pratiqué la méditation et la pensée positive toute ma vie d’adulte. Cela m’a aidé à éviter le crime et la pauvreté. Même mon tout premier morceau «Page 67», sorti en 1987, était une chanson de house profonde consacrée à la méditation et à la pensée positive. Honnêtement, je ne pense pas que j’aurais obtenu tous ces succès sans méditation.

C’est pour cette raison que j’enseigne la méditation; partager des outils indispensables à la vie, car nous méritons tous d’avoir accès à ces informations et à ces connaissances.

Pensez-vous que cette pratique de méditation vous donne des capacités que vous pouvez utiliser dans vos pratiques artistiques comme jouer ou composer de la nouvelle musique?

Indubitablement. La méditation aide à ne faire qu’un avec l’Absolu et la Conscience même. Nous, l’espèce humaine, ainsi que les animaux, sommes la Conscience. Mais nous seuls avons la capacité de comprendre que notre conscience propre est connectée à la Conscience Universelle. Cette Conscience a toujours existé et existera toujours. Elle est éternelle et infinie. Elle est tout ce qui a été, tout ce qui est et tout ce qui sera dans n’importe quelle dimension du Multivers. C’est pourquoi la Conscience est aussi appelée Absolu, dans le sens où elle est absolument tout.

En méditant, nous immergeons le corps et la conscience dans une paix absolue. Et cette paix n’est pas seulement l’immobilité, c’est l’occasion d’entrer dans le Néant, dans cet endroit où il n’y a rien – ni espace, ni temps. Et là où le temps n’existe pas, tout est à la fois passé, présent et futur. Ainsi, il s’avère que le rien est le Tout, c’est-à-dire l’Absolu.

La méditation donne cette compréhension. Devenant une partie de la Conscience Unique dans la méditation, nous sommes remplis d’inspiration et d’idées. Ceci est étonnamment utile pour tous les artistes et rend le processus de création de musique plus créatif et inventif. Et jouer est une expérience d’unification supplémentaire.

En plus d’être un producteur célèbre, vous faites régulièrement vos propres soirées Superfreq. Y a-t-il des endroits où, en particulier, vous aimeriez les organiser après la quarantaine?

Pour commencer, je serai heureux d’organiser de petits événements, pour une centaine de personnes au maximum. Je voudrais rassembler mon cercle d’amis, notre communauté, pour se retrouver et célébrer la vie ensemble. L’objectif principal des événements Superfreq a toujours été de célébrer la vie avec des amis et des personnes que nous aimons.

Quelle a été la raison de la fermeture de votre club The End alors que c’était un tel succès durant ses 13 ans d’histoire?

Nous avons fermé, même si le bail était en vigueur pour encore 8 ans. Trois ans avant la fermeture, le bâtiment dans lequel se trouvait le club a été acheté par un promoteur qui souhaitait construire à la place un complexe résidentiel d’élite. Il a essayé de nous faire partir, mais nous étions catégoriques et avons refusé. Nous avions un bail légal et qui nous engageait. En juillet 2008, le nouveau propriétaire de l’immeuble a fait une offre que nous n’avons pas pu refuser.

Il a proposé, comme il ne nous resterait que 8 ans sur le bail au mois de janvier 2009, de nous payer ces 8 années calculées sur le bénéfice moyen des années de travail les plus lucratives. La condition était de fermer en janvier 2009. Bien sûr, c’était une belle opportunité. On avait le choix entre travailler dur pendant 8 ans ou empocher immédiatement cette même somme d’argent. Nous avons choisi l’argent.

Avez-vous déjà pensé à vous relancer dans ce milieu et à ouvrir une nouvelle boîte de nuit?

Je n’ai jamais pensé ouvrir une autre boîte de nuit. J’ai déjà été propriétaire de la meilleure boîte de nuit que le monde ait jamais vue. Il est temps de faire autre chose.

Vous êtes maintenant connu principalement comme DJ et producteur musical de house music. Dans le passé, vous avez été rappeur, un leader du célèbre groupe The Shamen. Avez-vous déjà pensé à vous produire à nouveau en concert?

Je fais toujours des performances en studio, mais non. J’ai maintenant 54 ans, ce qui est bien trop vieux pour recommencer à faire des tournées en live avec un groupe. Je pense que je laisserai cela aux jeunes artistes de 20/30 ans. Il n’y aura jamais non plus de retour de The Shamen.

Quelles sont les choses en priorité que vous aimeriez faire après la fin de la pandémie?

Etre DJ devant une foule de personnes qui se sont réunies pour profiter de la vie avec une musique house et techno de qualité, ça, ça me manque vraiment beaucoup.

Nous croisons les doigts et espérons avec vous que ces temps reviendront. Merci beaucoup pour cette discussion intéressante.

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