L’élite politique est issue de la classe moyenne, qui disparaît petit à petit, donc nous avons des groupes de pression des extrémistes, dit Mladen Ivanic, le président de la Bosnie-Herzégovine

mladen_ivanicMladen Ivanic, le président de la Bosnie-Herzégovine, a partagé son point de vue avec all-andorra.com concernant des questions de la politique globale discutée lors de Nizami Ganjavi, une conférence en Andorre les 13-14 june.

Interview : Irina Rybalchenko

Participez-vous à cette conférence pour la première fois?

Non, c’est ma troisième participation.

Parmi les questions discutées à la conférence telles que la mondialisation, la sécurité, la politique d’immigration européenne… quelles sont les nouvelles opinions qui ont été présentées par les participants en comparaison des années précédentes?

Tout d’abord, je suppose que ce genre de conférences est très utile. L’échange d’opinions apporte de nouvelles vagues de pensées. L’un des principaux problèmes qui a été discuté à cette conférence a été la politique de l’immigration. Il semble qu’il n’y ait pas plus de problème avec les immigrés. Artificiellement, grâce à la coopération entre la Turquie et l’UE, tous les réfugiés sont arrêtés à la frontière de l’UE. Mais nous avons l’illusion de cette solution. Le problème essentiel des immigrants n’est pas résolu. La raison est un faible niveau de développement économique des pays du Moyen-Orient. C’est un phénomène qui continuera à exister dans le futur et je ne pense pas que l’UE sera en mesure de trouver une vraie solution pour l’éviter.

Mais l’économie n’est pas tellement important aujourd’hui. Le problème le plus important est la sécurité. C’est un problème général.

Généralement parlant, la façon de concevoir la politique d’immigration européenne est-elle correcte selon votre point de vue?

D’un côté, en fournissant un refuge politique, l’UE doit justifier les attentes des personnes, respecter les droits de l’homme, l’éducation, etc. C’est une question complexe. D’un autre côté, je peux comprendre ceux qui veulent préserver leur vie. En parlant de mon pays, je dirais qu’il n’est pas très attrayant pour les réfugiés. Donc, nous ne sommes pas confrontés à de nombreux défis. Nous avons des personnes handicapées qui viennent de Libye et demandent de l’aide à nos systèmes de santé. Certains d’entre eux nous demandent de rester mais ce n’est pas un grand nombre.

Si nous étions confrontés au même problème, nous serions très fermés. La majorité des personnes d’origine islamique et de différentes ethnies est une source d’affrontements politiques. Je ne pense pas que nous serions ouverts et un très bon pays d’accueil pour les réfugiés.

Quel est votre avis sur la mondialisation de l’économie et ses conséquences sur la classe moyenne?

La majorité de l’élite politique est issue de la classe moyenne. Je veux parler de personnes bien éduquées. Généralement, la classe moyenne disparaît petit à petit. La situation n’est pas la même que celle des années 70-80 au siècle dernier, quand la classe moyenne était un des fondements de la société. Maintenant, nous avons de plus en plus de personnes très riches et de plus en plus de personnes extrêmement pauvres. À cause de cela, nous avons aujourd’hui des groupes de pression de populistes et des extrémistes.

Comment les relations entre l’Europe et les États-Unis évolueront-elles après les élections présidentielles aux États-Unis?

Il n’y aura pas un grand changement après l’élection présidentielle américaine. Dans un grand pays, c’est la bureaucratie qui crée la politique générale. Je n’attends pas de changements extrêmes.

De votre point de vue, qui a le plus de chances : Hillary Clinton ou Donald Trump?

Si vous parlez d’un point de vue normal, Clinton aurait le plus de chances. Si vous considérez la tendance actuelle partout dans le monde, Trump serait également un possible vainqueur. De toute façon, il y a une très petite différence entre eux.

Quelles sont les conséquences en cas de séparation du Royaume-Uni de l’UE? Peut-elle provoquer l’effondrement de l’UE?

Le reste de l’UE restera ensemble. Tout d’abord pour des raisons de sécurité. Les petits pays ne seraient pas en mesure de lutter contre le terrorisme mondial. En restant ensemble, c’est le seul moyen de contrôler la situation. Il y a plus d’avantages de posséder une UE solide. C’est pourquoi elle va survivre.

Tous les petits pays d’Europe, comme le Liechtenstein, l’Andorre, Monaco, Malte ne font pas partie de l’UE. Qu’en pensez-vous?

Les petits pays ne sont pas membres de l’UE car cette position les aide à maintenir leur compétitivité fiscale. Officiellement, ils sont hors de l’UE mais ils sont dans le cœur de l’UE.

Quelles sont les relations entre la Bosnie-Herzégovine et les entreprises de pétrole et de gaz russes? Le projet “South stream” a été arrêté. Êtes-vous déçu de cette décision?

C’était une bonne idée de construire un pipeline pour connecter le nord de la Bosnie-Herzégovine avec le projet “South stream”. Nous l’avons soutenu et nous avons été déçus par la décision d’arrêter ce projet car nous avons eu un accord pour importer du gaz par l’intermédiaire de ce projet. Mais c’était une décision sur laquelle nous n’avions pas le dernier mot. J’apprécierais s’il était possible de relancer ce projet. Nous ne prévoyons pas d’autres sources de gaz dans un avenir proche.

Comment les relations avec Zabubezhneft qui produit des lubrifiants dans votre pays évoluent-elles?

Zarubezhneft possède une raffinerie en Bosnie depuis 8 ans. La société a aussi un grand nombre de stations de gaz en Bosnie. Lukoil a aussi des stations de gaz grâce à l’activité de la société en Serbie. Actuellement, les deux entreprises ont déjà investi environ 200 millions d’euros dans notre pays et nous espérons que les investissements vont augmenter. Il est également important que les entreprises apportent leur connaissance pour notre marché.

Qu’est-ce que vous pensez de la politique des sanctions de l’UE envers la Russie?

Des négociations valent toujours mieux que des sanctions. L’étape actuelle n’est pas acceptable. Psychologiquement, l’UE et la Russie ont des intérêts différents au Moyen-Orient et en Ukraine. Mais j’espère qu’un compromis sera trouvé. Une coopération normale serait beaucoup plus utile pour les deux parties.

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