Lorsque nous abordons les implications économiques et sociales de la crise du COVID-19, nous devons partir d’un principe très simple : la coresponsabilité, a déclaré Xavier Espot, chef du gouvernement d’Andorre

Lorsque nous abordons les implications économiques et sociales de la crise du COVID-19, nous devons partir d'un principe très simple : la coresponsabilité, a déclaré Xavier Espot, chef du gouvernement d'Andorre

photo: govern

Le message du chef du gouvernement d’Andorre, Xavier Espot :

« Depuis le début de la crise provoquée par le COVID-19, le Gouvernement a poursuivi une politique de communication et de transparence de l’information. Le porte-parole, le ministre de la Santé et moi-même avons fait des comparutions régulières pour informer sur l’état de la situation et expliquer le plus en détail possible les mesures que le Gouvernement a décidé de prendre à chaque moment. Les autres ministres ont également eu un dialogue fluide avec les représentants de la société civile dans chacun des domaines de leur compétence. C’est ainsi que nous l’avons fait et nous continuerons de le faire.

L’exceptionnalité et la transcendance des mesures que le Gouvernement vient d’accepter ce soir justifient cette comparution, qui est également extraordinaire. Nous sommes confrontés à une situation qui mettra à l’épreuve notre maturité et notre résilience en tant que société et en tant que pays. Le Gouvernement a, à tout moment, pris les mesures nécessaires pour faire face à l’évolution d’une crise qui progresse à des rythmes imprévisibles. Nous les avons prises avec sérénité et responsabilité, mais aussi depuis la détermination et la fermeté. Nous devons tous être conscients qu’aucune mesure n’aurait empêché ou n’empêchera l’Andorre de vivre la crise de santé publique représentée par le COVID-19. Les preuves scientifiques montrent que tous les pays et toutes les latitudes seront touchées par une maladie qui a déjà été décrite comme une pandémie par l’Organisation mondiale de la santé.

Ce que nous faisons avec toutes ces mesures extraordinaires, c’est d’essayer d’échelonner la contagion, de préserver les personnes particulièrement vulnérables et de minimiser le risque d’effondrement du système de santé publique.

Aucune action ou décision ne garantit ces objectifs. Mais ce que nous savons, c’est que sans de telles mesures, qui peuvent sembler drastiques, nous serions dans une situation totalement impossible à gérer. Mercredi après-midi et hier soir, j’ai comparu pour annoncer certaines actions et mesures qui nous ont permis de garder la situation sous contrôle jusqu’à présent. Cependant, les preuves de plus en plus fondées que nous sommes passés dans notre pays à la phase de transmission communautaire du COVID-19, l’évolution des chiffres de contagion lors des dernières heures dans nos pays voisins, en particulier en Espagne, et le risque que cette situation se reproduise dans notre pays, ont conduit le Gouvernement à adopter un nouvel ensemble de mesures qui seront mises en œuvre à partir de demain.

Selon ce qui vient d’être approuvé par l’Exécutif, à partir de demain samedi et pour une période de prolongation de jusqu’à 15 jours, la fermeture de tous les établissements de loisirs, gymnases, bars, restaurants et centres commerciaux est décrétée, à l’exception de ceux qui vendent des produits essentiels tels que les épiceries et les supermarchés, les pharmacies et les stations-service. D’autre part, l’Administration générale, les Administrations des mairies et l’Administration de la justice, comme nous l’avons convenu avec les maires des sept paroisses et avec le Conseil supérieur de la justice, limiteront leurs services au public à ceux considérés strictement essentiels ; en ce qui concerne toutes les procédures ou actions qui ne sont pas urgentes, elles devront être reportées jusqu’à la fin de ces mesures. Une fermeture plus généralisée est le seul moyen dont nous disposons pour contenir l’épidémie et stabiliser les cas.

Je suis conscient que ces mesures ont des implications importantes pour la vie sociale, économique et professionnelle du pays. La priorité aujourd’hui et toujours est de garantir une gestion de la crise sanitaire aussi ordonnée que possible. Tout d’abord il faut garantir les services de santé pour faire face à la pandémie ; mais ceci ne veut point dire que les conséquences économiques et sociales ne sont pas importantes pour le Gouvernement : et aujourd’hui, je peux vous dire que nous n’ignorerons aucun besoin. C’est pour cette raison que lundi prochain une réunion a été convoquée avec les agents économiques et sociaux pour évaluer les implications que la situation dans son ensemble et ces mesures en particulier ont sur le tissu productif du pays.

Lorsque nous abordons les implications économiques et sociales de la crise du COVID-19, nous devons partir d’un principe très simple : la coresponsabilité. Tous les secteurs et toutes les parties concernées devront faire des efforts. Chacun recevra selon ses besoins et chacun devra donner selon ses capacités. Et ce principe relie à la fois les secteurs privé et public ; tant les entrepreneurs, comme les employés et les travailleurs indépendants ; tant les secteurs qui subissent déjà directement et gravement les conséquences de cette crise, comme ceux qui ne les ont pas encore subis. Nous n’avons pas arrêté de travailler à cet égard et nous avons convenu aujourd’hui avec Andorran Banking d’accorder des prêts bonifiés aux sociétés ayant des problèmes de liquidité jusqu’à un montant de 60 millions d’euros et avec le Gouvernement en tant que garant.

Nous procéderons également, autant que nécessaire, au report ou à la division des taxes et frais du Gouvernement et des Mairies. Nous modifierons la Loi sur la sécurité sociale pour fournir une couverture sociale appropriée aux personnes en congé en raison de la détection ou le soupçon du COVID-19, en particulier dans le cas du personnel de santé qui est en première ligne de cette crise. Et nous adapterons la législation du travail pour que, toujours en garantissant la réception du salaire, tant les salariés comme les entreprises se répartissent équitablement les conséquences de l’arrêt de travail en raison de la fermeture ou de la réduction d’activité.

Dans le même esprit, si nécessaire, le personnel de l’Administration sera mobilisé pour effectuer des tâches d’intérêt général autres que celles de son poste. La situation nécessite la participation de tous et toute solution ou mesure palliative que nous adoptons devra être équitable et inclusive. Je voudrais remercier le ton et le contenu général des propositions que le patronat adressa hier au ministre de la Présidence, de l’Économie et de l’Entreprise, dont certaines ont déjà été approuvées par le Gouvernement et d’autres sont à l’étude.

Ce sont des propositions propres d’une société civile mûre et capable de penser en raison de l’intérêt général. Tout comme l’attitude et la main tendue que nous avons saisi des syndicats. Nous devons également être reconnaissants de l’attitude responsable et modèle des domaines skiables, de Caldea et de nombreuses autres sociétés et entreprises, qui non seulement ont compris la gravité de la situation, mais ont anticipé et agi en conséquence. Je disais que la crise du COVID-19 met à l’épreuve notre degré de maturité en tant que pays. Je pense également que nous donnons un bon exemple.

Au nom de l’ensemble du Gouvernement et en mon nom, je tiens à remercier très sincèrement tous les fonctionnaires, en particulier le personnel de santé et d’urgence. Des jours difficiles arrivent pour ceux qui travaillent à l’hôpital et aux centres de santé. Et nous avons tous le devoir social de faciliter leur travail et de contribuer à la gestion la plus ordonnée possible de la situation. La gratitude s’étend également aux employés du secteur privé, aux travailleurs indépendants, aux professionnels et aux entreprises qui font de grands efforts pour s’adapter à cette situation.

Et pour finir, sans pour cela être moins important, mes remerciements les plus sincères aux personnes qui font partie des institutions de l’État. Ces jours-ci, je suis en contact permanent avec les services des coprinces, qui ont toujours été et sont, dans les moments critiques, un pilier fondamental de la stabilité d’Andorre. En outre, le Gouvernement compte avec le soutien et de la collaboration du syndicat et du Conseil supérieur de la justice. Les groupes parlementaires aussi, ceux de la majorité comme de l’opposition, sont également un exemple de loyauté institutionnelle qui devrait nous rendre fiers en tant que pays.

Enfin, les Mairies, en tant qu’institutions plus proches de la vie quotidienne des citoyens, mènent à bien leur mission avec excellence. Chacun, sous sa responsabilité, publique ou privée, devrait apporter son soutien et donner l’exemple du patriotisme. En quelques heures, le 27º anniversaire de l’approbation par référendum de la Constitution de 1993 sera célébrée. Ce 14 mars, l’Andorre entra par la grande porte de la communauté internationale, et fut pleinement reconnue comme un État souverain. Notre souveraineté et notre identité remontent à plusieurs siècles, mais la Constitution signifiait sa reconnaissance officielle.

En raison du COVID-19, les événements publics célébrant la Constitution ont été suspendus. Mais il n’y a pas de meilleure fête que celle que nous pourrons faire demain et dans les jours à venir : en donnant un exemple de maturité, de responsabilité, de strict respect et de discipline des règles convenues par les pouvoirs publics, et de solidarité avec ceux qui souffrent la crise de forme plus directe ».

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