Les vestiges du château d’Àger (cat. El castell d’Àger), avec ceux de l’église collégiale de Sant Pere, se trouvent au-dessus de la colline qui domine le village. Les quartiers de Sant Pere, Sant Martí, Solsdevila et la rue Pedró, distribués de façon échelonnée sous le château, étaient dans l’enceinte muraillée. En dehors des murailles étaient situés les faubourgs de Sant Martí et de Pedró.
La vallée et le château d’Àger furent conquis par Arnau Mir de Tost lors de la première moitié du XIe siècle. Les documents font référence à la forteresse et à son territoire castral. Le château est documenté depuis l’année 1034, en possession d’Arnau Mir de Tost. En 1046, il fut conquis à nouveau par les musulmans et en 1048 reconquit définitivement par Arnau Mir.
En 1038, quand Arnau Mir fit une donation de certains francs-alleux à Ollemar et Xeno, il est précisé qu’ils sont « in kastrum de Ager » et les suivants territoires adjacents du territoire du château sont indiqués : « de parte orientis in Nogera, de meridie in sera de Nor, de occiduo in Nogerola, a parte vero circii in sera de Ares », des territoires adjacents qui représentent le domaine de la vallée et qui se répètent en 1042 par l’affranchissement de francs-alleux concédés à Exabel et Garoca et dans d’autres documents de 1060 et 1068.
Il n’y a aucune évidence physique ni de documents que le château ait une origine romaine mais nous pouvons considérer une origine islamique. Dans la chronique d’« al-‘Udrï » la fortification de différentes forteresses est mentionnée entre lesquels se trouve « Ayira ». Le château d’Àger aurait été fortifié depuis le début de l’organisation de la frontière supérieure à l’époque califale. Étant donné la localisation privilégiée et la construction magnifique, Arnau Mir de Tost transforme la forteresse en son centre politique et résidentiel prioritaire et le comte lui reconnaît des droits juridictionnels et une autonomie presque absolue dans cette zone de la frontière.
Nous trouvons un mention de 1061 sur la « chambre » ou salle noble, élément essentiel d’un château résidentiel de l’époque. En 1068, Arnau Mir de Tost et sa femme Arsenda cèdent le château à l’abbaye de Sant Pere d’Àger qui en devient le propriétaire et son abbé le seigneur alleu.
Cependant, le château continue en possession de la famille Cabrera, vicomtes d’Àger et plus tard des comtes d’Urgell, descendant d’Arnau Mir de Tost, comme feudataires de Sant Pere d’Àger, circonstance qui implique de nombreux conflits au cours des siècles.
Lors de la guerre des faucheurs (1640-1652), Àger combat contre le roi d’Espagne, Philippe IV. En 1644, le château est conquis par les troupes du roi après une défense vigoureuse et quand il se trouvait tellement de temps sous siège qu’il n’y avait plus d’aliments.
Ils se révoltèrent l’année suivante, mais en octobre 1646, le village d’Àger passe à nouveau à être domaine espagnol, après avoir conquis le château d’Àger. Il se libéra à nouveau mais en 1652 il fut réduit de force enfin définitivement. Les vestiges conservés sont rares si nous considérons l’importance qu’avait cette construction, placé dans l’enceinte souveraine des murailles d’Àger, à côté de l’église collégiale. L’élément essentiel du château devait être une grande salle ou le château-palais résidentiel des vicomtes.
Nous conservons du château une partie du rez-de-chaussée d’un grand bâtiment rectangulaire divisé en deux nefs parallèles placées à un niveau inférieur du sol de l’église. Sur ces nefs se trouverait possiblement la salle majeure du château-palais, tel que nous observons dans d’autres exemples de cette époque-là, comme au château de Llordà qui fut construit un peu avant sous les ordres d’Arnau Mir de Tost même. Du côté Est des nefs nous y trouvons la muraille. Les nefs ont une largeur de 3 m et une longueur de plus de 16 m. La hauteur dépasse les 5 m. Elles devaient être couvertes avec une voûte en berceau droite.
L’appareil est fabriqué de pierres taillées allongées, rectangulaires de taille moyenne (15 cm x 30 cm). Nous pouvons le dater de la moitié du XIº siècle.
Pour comprendre cette construction nous devons la placer en relation avec les murailles de l’enceinte souveraine qui protégeaient tout le sommet de la colline et avec les constructions religieuses construites dans son intérieur. Les clochers et les absides avaient sûrement un important rôle défensif. Ces constructions en relation avec l’église collégiale furent agrandies au détriment de l’espace occupé par le château. Ainsi, il y a des vestiges de possibles constructions qui touchent les cloîtres en relation avec la forteresse, peut-être même antérieures aux vestiges du château-palais.
Nous avons découvert récemment la base de la tour de garde construite par Arnau Mir de Tost comme élément essentiel pour la défense de la vallée d’Àger, qui se coordonnait avec d’autres tours comme celle de Claramunt, Fontdepou, la tour de Sanuy, la tour du Negre, etc. Avec un diamètre de 18 m et un mur d’une épaisseur de 2 m, nous calculons qu’elle devait avoir une hauteur de plus de 20 m et elle est considérée une des tours militaires les plus grandes de Catalogne.
Le palais vicomtal mais aussi la grande tour de garde datent du XIe siècle, quand commença la construction de l’ensemble sur les vestiges d’une muraille précédente qui entourait toute l’enceinte souveraine, probablement d’origine musulmane (IXe siècle).
Coordonnées : 42 ° 0′13 ″ N 0 ° 45′45 ″ E