Notre ratio de capital de première catégorie de plus de 30 % est déjà le plus élevé en Andorre, dit le président-directeur général de Vall Banc Christoph Lieber

président-directeur général de Vall Banc

Le président-directeur général (PDG) de la nouvelle banque d’Andorre – Vall Banc – Christoph Lieber a parlé à all-andorra.com de l’avenir de la “private banking” d’Andorre et des plans stratégiques de la banque.

Interview : Irina Rybalchenko

Avant d’être nommé PDG de Vall Banc et de venir à Andorre, vous avez travaillé en Allemagne et en Suisse. Quelle est, selon vous, la plus grande différence entre les systèmes bancaires dans ces pays et en Andorre ?

Dans ces trois pays, les clients apprécient les services bancaires privés. Cependant, les banques suisses et allemandes sont capables de réaliser les transactions très complexes et offrent à leurs clients une gamme de services plus étendue. Je pense qu’Andorre rattrapera son retard ces prochaines années, étant donné que le gouvernement d’Andorre a toujours beaucoup soutenu son secteur bancaire. Après tout, ce secteur constitue environ 20 % du PIB d’Andorre, tandis que le secteur bancaire suisse représente moins de 10 % et les banques allemandes seulement 5 % de leurs PIB respectifs.

En raison de la grande importance du secteur bancaire andorran sur les performances économiques du pays, le gouvernement est non seulement très attentif à ses besoins mais le territoire de compétence du secteur est aussi très large. Les niveaux de secret bancaire et de protections des actifs sont élevés. Les clients bénéficient de règlements bancaires très stricts protégeant leurs droits et leur vie privée. De plus, tous ces règlements sont conformes aux règles de l’OCDE et permettent aux banques andorranes de fournir à leurs clients des services bancaires de pointe, complexes et sûrs.

Le marché bancaire privé souffre de la levée du secret bancaire dans le monde entier. En 2018, Andorre signera l’accord sur l’échange de renseignements fiscaux. Comment cela impactera-t-il le secteur bancaire andorran ?

Dans la plupart des pays, le secteur bancaire privé croit à mesure que la richesse privée augmente à l’échelle mondiale.

Les pays dont la proposition de valeur pour les investisseurs s’est fortement appuyée sur les politiques de secret bancaire doivent à présent repenser leur service et se concentrer davantage sur la qualité de leurs services et les performances de leurs stratégies d’investissement.

L’accord sur l’échange automatique de renseignements fiscaux n’entraîne pas la divulgation intégrale des informations sur les bénéficiaires. Les autorités sont intéressées par les comptes bancaires pour des raisons fiscales mais elles ne recevront pas d’informations sur les données privées sensibles, les mouvements de fonds ou des détails sur les investissements.

Néanmoins, les pays signataires de l’accord s’engagent à ce que les institutions financières et les autorités fiscales dans le pays de résidence du client à des fins fiscales s’échangent plusieurs types d’infirmations. Cela inclut des informations sur l’identité du client, telles que le nom adresse et le numéro d’identification fiscale ; des informations sur le compte bancaire du client telles que le nom de l’institution financière et le numéro de compte du client ainsi que des informations financières telles que le solde du compte, les dividendes, les revenus et le produit brut.

Andorre maintient toujours un degré élevé de secret bancaire et offre ainsi la confidentialité à ses clients tout en restant pleinement conforme aux règlements internationaux de bonnes pratiques via le processus de connaissance de la clientèle qui filtre le financement des activités terroristes.

De plus, Andorre devient un territoire de compétence conforme à la transparence fiscale et dans l’ensemble, offre une stabilité politique, économique et financière, y compris des pratiques politiques démocratiques solides. Elle est bien réglementée et dispose d’une longue tradition d’expertise bancaire. À ce titre, chez Vall Banc, nous sommes assurés que le marché bancaire privé à Andorre poursuivra son développement.

Vall Banc planifie-t-elle pour autant de diversifier son activité et d’inclure des services bancaires d’investissement ?

À ce jour, n’avons pas l’intention de nous lancer dans le domaine de la banque d’investissement. Cela ne fait pas partie de notre stratégie de base. Notre premier objectif commercial est de concurrencer avec succès les grandes banques internationales en proposant des services de gestion de patrimoine très complexes, en plus d’entreprendre des activités commerciales.

Quels sont les résultats financiers préliminaires de Vall Banc en 2016 ? Quel est le volume d’actifs gérés ?

Les résultats financiers n’ont pas encore été publiés, mais dans l’ensemble nous nous réjouissons des développements de l’activité au cours des six premiers mois, depuis la reprise en juillet 2016.

Alors que le rapport annuel et les états financiers de l’année n’ont pas encore été publiés, je suis heureux d’annoncer que les résultats opérationnels des six premiers mois, depuis la reprise par J.C. Flowers en juillet 2016, ont certainement dépassé nos attentes. Nous gérons à présent des actifs d’une valeur de 2,5 milliards d’euros environ mais, étant donné que la migration est toujours en cours, le transfert d’autres montants significatifs à Vall Banc est attendu au cours des six prochains mois.

Combien de nouveaux comptes clients ont été ouverts chez Vall Banc depuis l’acquisition ?

Nous ouvrons de nouveaux comptes tous les jours. Depuis que Vall Banc a été acquise par J.C. Flowers en juillet 2016, quelques centaines de nouveaux comptes ont été ouverts.

Des comptes ou des actifs sont-ils encore bloqués en raison de la crise de BPA en 2015 ? Les retraits d’espèces sont-ils toujours plafonnés pour les anciens clients de BPA ? Existe-t-il d’autres restrictions ?

Les clients dont les comptes ont été transférés avec succès de BPA à Vall banc peuvent accéder et exploiter leurs comptes sans restriction. Concernant les limites de retrait, aucun citoyen andorran n’y est soumis et les clients peuvent prouver qu’ils respectent le droit fiscal. Les règles de bonnes pratiques internationales que Vall banc adopte s’appliquent bien entendu ici aussi.

En réalité, certains de nos clients qui ont acquis des titres avant la reprise par J.C. Flowers ont connu des désagréments. Leurs positions sont actuellement toujours bloquées, sur la base des accords contractuels avec l’ancien propriétaire. Nous nous efforçons de résoudre ce problème spécifique dès que possible.

Au vu de ce qui précède, quels seront les changements relatifs à la procédure de conformité ?

Suite à la précédente résolution du propriétaire, le gouvernement andorran ainsi que l’agent de surveillance ont mis en place des règles de conformité très strictes au niveau international. En raison de ces mesures, Andorre va devenir un territoire financier reconnu, bien réglementé et conforme, ce qui, en retour, aura un impact très positif sur l’activité future.

Plus spécifiquement, les exigences des banques andorranes pour se conformer à de tels contrôles tels que la connaissance de la clientèle, le blanchiment de capitaux, la lutte contre le financement du terrorisme et les règlements qui régissent les sources de fonds ont augmenté de manière significative. Les exigences sont à présent bien plus strictes que celle de nombreuses banques dans les pays de l’OCDE.

Cette tendance s’accentuera-t-elle à l’avenir ?

Je prédis que les futures exigences reviendront à un niveau plus standard mais qu’elles respecteront encore toutes les conditions de l’OCDE, alors qu’en Suisse, par exemple, ces exigences resteront au niveau supérieur existant.

Quel est votre plan de développement sur le marché intérieur, à la fois tactique et stratégique ?

Notre ratio de capital de première catégorie de plus de 30 % est déjà le plus élevé en Andorre. Notre ratio de liquidité est similaire. De plus, nous avons une gouvernance forte, une grande expertise financière internationale et un modèle d’entreprise solide qui s’ajoute à notre sécurité et sûreté. Par ailleurs, nous sommes une banque tout à fait conforme et nous respectons toutes les règlements internationaux.

En outre, nous établissons un partenariat avec l’un des plus grands gestionnaires de patrimoine au monde. Cela nous permet de proposer des services tels que la gestion des risques de portefeuille, la recherche, l’optimisation du portefeuille, la plate-forme de négociation et l’établissement de rapports dernier cri, qui aideront nos clients à prendre de meilleures décisions d’investissement et nous permettront de concurrencer les banques internationales renommées.

Un autre objectif est d’améliorer la qualité des canaux de prestations de services de Vall Banc, afin de permettre aux clients d’accéder à la banque de la manière qui leur convient le mieux : par téléphone, via un média numérique ou en personne.

L’un des objectifs à court terme est d’investir massivement à la fois dans notre banque et dans ses salariés. Nous commencerons bientôt à rénover notre bureau principal et nous avons commencé à investir dans la numérisation.

 

Combien d’argent êtes-vous prêts à dépenser en 2017 pour faire tous ces investissements ?

Le budget est conséquent et soutient notre engagement ferme envers Vall Banc. Nous voulons offrir un accès dernier cri via les médias et les appareils numériques ainsi que des services très personnalisés et sur mesure via nos chargés de relations clients. Nos salariés sont également essentiels à notre activité, ce qui explique pourquoi nous effectuons actuellement de nombreuses sessions de formation qui nous permettront de proposer de meilleurs services de conseil à nos clients, notamment des conseils et des services sur les meilleurs investissements ; et ce, pour nous permettre de bien comprendre les besoins personnels et financiers de nos clients ainsi que leur propension au risque et leur capacité de risque.

Planifiez-vous d’étendre vos activités à l’international ?

Je pense que nos ressources et notre énergie devraient être ciblées, ce qui signifie que nous ne serons pas en mesure de servir des clients dans toutes les régions du monde.

Nous planifions de nous concentrer sur tous les pays de l’UE, la Suisse et bien entendu sur le marché local. Actuellement, Vall Banc a également un important client basé en Europe orientale, en Russie et en Amérique latine.

Étant donné qu’Andorre n’est pas membre de l’UE, nous n’avons pas de passeport bancaire européen. Nous prévoyons néanmoins de promouvoir Andorre en tant que centre financier alternatif pour les pays de l’UE et la Suisse.

 Qu’allez-vous faire exactement ?

Nous ferons des tournées dans les pays comme la Suisse, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Nous organisons également des campagnes de RP en Espagne et en France pour expliquer nos stratégies et avantages principaux aux clients potentiels.

Je considère que mon rôle est celui de l’ambassadeur andorran du secteur bancaire de l’UE.

 La banque travaille-t-elle avec des clients américains ?

Travailler avec des clients américains nécessiterait de négocier des titres américains et de détenir une licence de la Commission des valeurs mobilières des États-Unis (SEC). Cela impliquerait de se conformer à de nombreux règlements séparés et exigences de paiement de taxes. Par conséquent, le marché américain n’est pas un marché cible pour nous.

L’informatique bancaire moderne est indispensable pour la réussite de l’entreprise. Quel genre de nouveaux services informatiques allez-vous développer pour vos clients ?

Comme mentionné précédemment, nous investissons à la fois dans la numérisation des systèmes informatiques de la banque et dans la facilité d’accès pour les clients, via des services numériques. Nous mettrons en œuvre un serveur numérique frontal qui permettra à nos clients d’accéder à leurs actifs 24 heures sur 24. De plus, grâce à notre partenariat imminent avec l’un des plus gros prestataires de services de gestion de patrimoine, auquel j’ai fait référence précédemment, nous serons en mesure de proposer à nos clients les stratégies d’investissement les plus complexes ainsi qu’une plate-forme de négociation mondiale de titres, de marchandises et de devises, de la manière la plus efficace qui soit.

Quelle est votre opinion sur le lingot d’or et les autres métaux en tant qu’investissements ?

Les actifs physiques tels que les marchandises ont de nombreux inconvénients. Si l’on tient compte du risque spécifique d’un portefeuille individuel, je recommanderais de conserver un maximum de 5 % à 10 % d’actifs bancables dans des marchandises, comme l’investissement dans l’or et les autres métaux. Ceci étant dit, nous sommes heureux de conseiller nos clients individuellement sur toutes les catégories d’actifs.

 

 

 

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