Le célèbre saxophoniste et compositeur français, David Vincent, à la veille de son concert en Andorre dans le cadre du festival Andorra SaxFest, a parlé avec all-andorra.com sur la culture musicale en général et sur la nouvelle génération de saxophonistes.
Interview : Irina Rybalchenko
Andorra SaxFest est appelé à devenir l’un des festivals de musique les plus importants en Europe. Pourquoi?
Parce que c’est une réunion d’artistes différents, qui travaillent pour diffuser la musique et qui comprennent les problèmes du professionnalisme et de l’éthique musicale en même temps. C’est un festival moderne mais avec une base musicale très profonde. C’est un très bon mélange d’ouvrir à différentes musiques – parfois du jazz, parfois du flamenco, parfois de la musique classique, mais toujours avec une exigence de qualité au top niveau. Et tout ça grâce, à l’organisateur principal, le saxophoniste professionnel Efrem Roca, qui a travaillé énormément pour organiser un tel événement dans une petite ville comme Andorre-la-Vieille.
Andorra SaxFest ce n’est pas juste un festival de musique. C’est aussi un concours pour les jeunes, qui viennent de tous les continents pour apprendre. On a des participants de presque tous les pays d’Europe, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud, d’Australie, de Russie, des pays Asiatiques, de Chine, du Japon etc.
Quel est l’âge des participants?
Un minimum de 17-18 ans jusqu’à 26-27 ans en moyenne. La limite d’âge est 30 ans.
Est-ce qu’il y a beaucoup de festivals similaires en Europe ou dans le monde entier?
Comme ici, pas vraiment. Parce qu’en général les festivals sont très ciblés, très choisis: que du classique, que du jazz etc. Il n’y a pas beaucoup de festivals très ouverts, comme ici en Andorre. Donc c’est une grande force de réunir tout le monde ici et d’organiser une diffusion en direct en ligne sur le web – c’est génial!
Combien de fois vous avez déjà participé au festival Andorra SaxFest?
Cette année, c’est la cinquième fois.
Vous êtes membre du jury du concours international des jeunes saxophonistes depuis de nombreuses années. Qu’est-ce que vous pourriez-vous dire sur le niveau des participants? Y a-t-il beaucoup d’artistes talentueux?
Oui, il y en a beaucoup. Les jeunes qui viennent ici sont déjà assez confirmés et connus – ils jouent très bien. A cet âge, il n’y a plus de problèmes de culture et de recherche de personnalité. C’est normal. A 18 ans, il n’y a pas la même expérience et la même assurance comme avec les plus âgés. Mais le niveau de base est superbe. Ils sont très forts en tant qu’instrumentistes, et parfois en termes de style. Le concours leur donne des idées pour progresser. Mais oui! La musique c’est toute une vie de progressions…
Que peut-on dire sur le niveau des participants: il est chaque année plus haut ou est-il presque pareil?
Ça dépend des années. Cette année, c’est très bon. Il y a eu des années où le niveau était moins fort. C’est comme la vie, ce n’est pas tout plat. Plus il y a de monde, plus cela élève le niveau car il y a plus de compétition. Les gens qui passent le concours international sont déjà pré-professionnels en fait.
Suivez-vous leur carrière professionnelle? Certains d’entre eux ont-ils connu un grand succès?
C’est encore trop tôt pour le dire car le concours existe depuis seulement 5 ans. Mais je connais tous les gagnants des concours et au cours de mes voyages nous nous rencontrons. Le monde des saxophonistes est très petit donc c’est facile de suivre les carrières professionnelles des artistes.
Avez-vous quelques conseils à donner aux jeunes musiciens?
De faire de la musique. Toujours. Ce n’est pas facile. C’est un travail énorme à faire tous les jours, avec au début beaucoup de travail instrumental et technique, maîtriser l’instrument, mais également il ne faut pas oublier l’imagination, réagir sur ce qui se passe, d’avoir assez de liberté pour jouer musicalement. C’est difficile au début. Préoccupé par la technique instrumentale et l’imagination, la fantaisie. Les adultes oublient très vite la fantaisie. Finalement, être musicien c’est garder cet couleur de fantaisie, toujours avoir des idées pour pouvoir s’amuser. Sinon, le musicien va toujours faire les mêmes choses.
Y a-t-il des exercices spécifiques pour entraîner le souffle? Utilisez-vous des techniques de respiration spéciales?
Oui. On peut faire un peu de respiration. Les exercices du matin sont les mêmes que ceux des sportifs. Pour réveiller les muscles, pour se chauffer. Jouer directement sans se chauffer – c’est très dur.
Combien d’heures par jour vous jouez normalement?
Au cours de mes années d’étudiant, c’était au minimum 4-5 heures. Pour progresser c’est obligatoire. Maintenant, je n’ai pas 4-5 heures chaque jour pour travailler – j’ai les concerts, les master-classes, je voyage beaucoup. Il est vrai que je suis toujours en contact avec l’instrument. Je n’imagine pas partir en vacances sans l’instrument. Comme un sportif… Quand je m’arrête une semaine, il faut tout recommencer. Il faut être toujours très constant. Sinon tu vas perdre tout de suite ton énergie.
Les dernières tendances dans le monde de la musique: quel genre de musique jouée au saxophone est maintenant plus apprécié par le public?
Je crois que c’est l’artiste qui doit proposer des choses différentes au public. Si un musicien ne joue que ce que le public attend – ce n’est pas un professionnel. Le musicien doit offrir à chaque fois quelque chose de nouveau. Le but est de donner aux gens la possibilité de découvrir des choses; être capable de proposer des choses pour donner le plaisir de découvrir.
Quels sont les genres de musique qui vous aimez le plus?
Tout. Tout ce qui est bien fait.
Aimez-vous improviser?
Oui, surtout quand je fais du jazz.
Pouvez-vous me parler de votre concert en Andorre, SVP.
Je suis français et je vais présenter le répertoire français. C’est l’esthétique de la musique française de la fin du 19ème au début du 20ème siècle. Le premier morceau de musique est une sonate de César Franck. C’est une pièce magique avec beaucoup de mélodies, beaucoup d’harmonie. Le saxophone est très romantique… Après je vais jouer une grande sonate de Maurice Ravel. Les styles sont très différents. La deuxième c’est comme “un petit bonbon musical”.
Allez-vous nous présenter vos propres œuvres musicales?
L’année prochaine peut-être. Sans doute! J’espère…