Le château de Ciutadilla (cat. El castell de Ciutadilla) est un bâtiment de Ciutadilla (Urgell) déclaré bien culturel d’intérêt local. Il s’agit d’une ancienne forteresse médiévale du XIº siècle avec des éléments postérieurs romans et gothiques, transformée au cours du XVIº siècle en un palais de la Renaissance qui survit jusqu’en 1835. La première mention écrite est du 30 septembre 1029, quand une sentence arbitrale parle des murailles du château et dit que le seigneur justicier est Guerau de Guimerà.
En 1061, un accord est documenté entre les époux Guillem Ramon de Camarasa et Arsenda avec Bernat d’Oluja qui prévoit que ce dernier recevra les châteaux de Guimerà et de Ciutadilla avec la moitié des dîmes. Bernat d’Oluja promit aux époux qu’il serait leur vassal et leur prêta serment de fidélité. En 1165, le camp fortifié de Ciutadilla est cité à nouveau dans le testament du castillan Bernat d’Oluja, descendant du précédent et feudataire de Guillem de Cervera.
Au XIIIº siècle (1265-98), nous avons des informations de rencontres violentes entre les habitants du château de Ciutadilla et ceux du château de Nalec pour le droit d’utilisation des eaux de la rivière Corb. En 1358, Gispert de Guimerà apparaît comme seigneur de Ciutadilla. Son fils et successeur de la seigneurie, Gispertó, est retrouvé aux fouages des années 1365-70, qui disaient que Ciutadilla, inclue dans le vicariat de Montblanc, avait 100 foyers. En 1462, la Guerra de la Generalitat ayant éclaté contre le roi Joan II, Guerau de Guimerà fut déclaré ennemi de la Principauté par le Conseil général et celui-ci ordonna la confiscation de ses biens.
L’historien S. Sobrequés rapporte qu’au siège de Força Vella de Gérone, en 1462, entre les assiégés se trouvait Jasper de Guimerà i de Relat et son fils Francesc Benet de Guimerà. Ainsi, on peut conclure que la famille servait le parti jeaniste. Au XVIº siècle, Gispert de Guimerà transforme l’ancien château militaire en un magnifique palais de la Renaissance, et en plus construit la tour maîtresse, qui donne du caractère au château et au village. Ramon de Guimerà, seigneur de Ciutadilla, devient en 1640 plénipotentiaire de la Députation générale de Catalogne, en vue de conclure une aide militaire avec la France pour lutter contre la Castille.
La famille Guimerà dirigèrent Ciutadilla et son territoire jusqu’à la fin du XVIIº siècle. La descendance se fusionna par mariage avec la famille Meca, les barons de Castellar del Vallès. En 1702, le titre de marquis de Ciutadilla est créé, qui est passé aux Cortés d’Andrada, aux Sentmenat et actuellement à la famille Sagnier.
Situé à différents niveaux au sommet d’une colline à côté du village, le château, même s’il a été profondément rénové au XVIº siècle, a maintenu à l’extérieur la structure de forteresse originale, et une bonne partie de ses ornements et enceintes intérieures répondent aux empreintes médiévales de construction.
Il avait une double enceinte fortifiée, l’extérieur plus grossier, devant le fossé, et l’intérieur de pierre taillée épaisse, avec des embrasures en parties basses et de larges ouvertures avec linteau et rejingot, de nos jours bouchés, couronnées par des créneaux au couronnement, ce qui correspond à la rénovation pendant la Renaissance des niveaux inférieurs d’époque médiévale.
La seule tour conservée, de l’hommage, suit aussi ce schéma, qui érige ses corps supérieurs sur des fondements anciens avec des ouvertures moulées.
La forteresse donne forme à une enceinte quadrangulaire avec des bâtiments disposés autour d’une cour trapézoïdale, qui manifestent aussi les différentes phases de construction. Ainsi, malgré l’état en ruine, on peut supposer que les dépendances seigneuriales se trouvaient à l’aile droite de la cour, tandis que l’aile gauche abritait les entrepôts et les dépendances militaires. Dans la zone noble se distingue la salle, avec de grands arcs surbaissés qui soutenaient un toit, de nos jours perdu, et l’ancienne chapelle avec une voûte nervurée. L’escalier noble, sur le côté de la cour d’armes, fournit accès aux séjours placés à l’étage principal, avec des entrées ajourées.
Une photographie de 1943 permet encore de percevoir la bonne conception de cet accès, composé d’un perron avec des arcs rampants sur des colonnes toscanes et une balustrade qui donnait sur un palier avec une galerie d’arcs en plein cintre qui sont aussi sur des colonnes ; au bout du perron il y avait une porte avec un cadre de pilastres et un fronton.
Cette partie, malheureusement perdue il y a quelques années, est la plus caractéristique de l’ensemble d’interventions qui donnèrent au bâtiment, à la fin du XVIº (1582), une apparence résidentielle. En effet, même si les travaux dans le château continuèrent au cours de la fin du Moyen-Âge, les interventions de la Renaissance, même si seulement partielles, sont particulièrement importantes.
Tout d’abord parce qu’elles ont déterminé la cohabitation, à caractère décoratif, d’éléments grammaticaux classiques et d’autres encore contenus dans la tradition gothique.
D’autre part, les interventions de la Renaissance du château de Ciutadilla doivent être interprétés dans un contexte plus vaste de rénovations réalisées dans d’autres châteaux de Lleida (Arbeca, Albi, Puiggròs, Bellpuig…) pendant le XVIº siècle qui peut-être furent nécessaires dû aux dégâts causés par la guerre civile du XVº siècle, et qui tendaient à doter les vieilles constructions de caractère palatin, mais, sans perdre leur fonction militaire originale.
En 1702, autour du château fut créé le marquisat de Ciutadilla qui, en 1971, appartenait à la famille Sagnier. Le château fut abandonné en 1908, et alors commença une période de dévastation lente jusqu’à il y a quelques années où sa récupération a été tentée.
À droite du portail d’accès au château, se trouve une magnifique tour maîtresse quadrangulaire de sept étages, avec un mâchicoulis et une baie vitrée de la Renaissance aux étages supérieurs, qui encore de nos jours exposent, avec les vestiges encore en place, comment était ce magnifique château.
La cour intérieure de forme trapézoïdale a, du côté nord, un grand escalier qui jusqu’au début du siècle avait une galerie supérieure avec une colonnade magnifique. Abandonné aux intempéries, en 1908, une partie du bâtiment commença à s’effondrer et petit à petit la plupart des éléments architectoniques cédèrent, avec l’aide du vandalisme. Au début du XXIº siècle, les travaux d’une rénovation très petite commencèrent pour arrêter sa dégradation totale.