Lamborghini, l’icône de la pop culture automobile : entre désir et fantasme

“Une Lamborghini n’est pas seulement une voiture rapide hors du commun, une pièce de design singulier ou un concentré de technologie avant-gardiste. Une Lamborghini, c’est une promesse, un rêve, une image, parfois un fantasme. Choisies par les personnalités les plus en vue, elles sont devenues des stars sur la scène automobile”

En 2020, la Cité de l’Automobile met à l’honneur Lamborghini et réunit des modèles phares du constructeur italien, signés par les plus grands noms de la carrosserie et du design. De Miles Davis au Pape François, du Chah d’Iran à Michael Jordan, de Rod Stewart aux princes de Monaco, de Paul McCartney Christophe ou Johnny Hallyday à Jay-Z, Kim Kardashian, Jamiroquai et Guy Berryman du groupe Coldplay, les Lamborghini font tourner les têtes des artistes et des personnalités les plus en vues de leur époque.

En 1967, le prince Rainier III et la princesse Grace de Monaco ouvrent le Grand Prix au volant de la Marzal, une sensationnelle étude signée par le designer Marcello Gandini pour le carrossier Nuccio Bertone.

Chefs d’États, artistes, stars du rock ou du cinéma, industriels, traders, pilotes ou play-boys, plébiscitent Lamborghini et en font un symbole de la pop culture automobile.

Dépassant les idées reçues, l’exposition explore ce qui fait la séduction et la singularité de ces voitures de sport italiennes superlatives, aussi bien sur la route que sur les écrans, depuis la création de la marque en 1963 par Ferruccio Lamborghini jusqu’aux concept-cars ou aux SUV de luxe les plus actuels.

Des véhicules rares, tels la Miura star du film The Italian Job (1969), le concept-car P140 ou la moto Lamborghini Design 90, mais aussi la spectaculaire Huracán Evo Spyder, ou la réinterprétation conceptuelle d’une Urraco par le designer et architecte français Tristan Auer, permetent d’apporter un éclairage nouveau sur la dimension spéciale de cette marque, des années 1960 au XXIe siècle.

En complément des véhicules d’exception, l’exposition présente de nombreux documents et œuvres (archives, dessins, photographies, séquences de films…)

La force du design

Un regard particulier est proposé sur les lignes de forces des créations signées par le designer star Marcello Gandini, auteur notamment de la Miura, la première super sportive de route à adopter le moteur en position centrale arrière des voitures de course pour dépasser les 300 km/h, ou de la sensationnelle Countach, emblématique de la démesure des années fastes de la décennie 80.

Entre désir et fantasme

L’exposition envisage aussi la manière dont Lamborghini incarne le rêve automobile ultime. Des voitures fières de leur identité latine et héritières des codes créatifs italiens, qui se distinguent par leur radicalité et leur esthétique poussant jusqu’à la limite les théories du design et de la technique de leur époque.

L’audace des parti pris

L’exposition offre une vision transversale d’une marque avant-gardiste et audacieuse qui a su se forger une place à part dans l’univers des GT et des supercars par sa singularité et ses partis pris. Un vent de liberté, un fantasme hédoniste, qui continuent de bouleverser les codes, dans une époque en pleine transformation et sont, pour la Cité de l’Automobile, un élément dans la réflexion contemporaine sur les mobilités.

À l’entrée de l’exposition, un tracteur agricole à chenille évoque les origines des premières innovations de Ferruccio Lamborghini.

Une fresque chronologique et thématique permet une vision d’ensemble de l’histoire de la marque. L’exposition confronte de manière inattendue une grande GT élégante de la fin des années 60, Huracán Evo Spyder, présentée dans un coloris turquoise inhabituel, et d’une véritable voiture de course. Cette rencontre s’appuie sur le propos du film “The Man Who Haunted Himself” de Basil Dearden, consacré au thème de la double personnalité et dans lequel Roger Moore pilote une Islero. Une illustration de l’ambivalence des voitures créées par Lamborghini. Elles peuvent être sages ou audacieuses. Elles peuvent être de grandes routières ou de redoutables machines de course.

Lamborghini a été la première marque automobile sportive de luxe à oser sortir de la route, en imaginant d’audacieux véhicules tout-terrains. Longtemps avant la vogue des SUV et autres véhicules de loisir aujourd’hui très prisés, Lamborghini développait sa vision d’avenir du plaisir automobile en liberté avec ses puissants 4×4 LM002.

Aujourd’hui, avec le Urus, le tout-terrain puissant et rapide, la marque a développé un nouveau concept: le Super Sport Utility Vehicle. Ces véhicules hors normes sont réunis et présentés.

Lamborghini a aussi développé des motos parmi les plus puissantes et originales de la production de deux roues. Une de ces très rares machines, peu connues, est exposée pour la première fois.

Une signature stylistique qui doit beaucoup au coup de crayon du designer italien Marcello Gandini. L’exposition lui rend un hommage appuyé en présentant non seulement deux de ses créations les plus emblématiques mais aussi des documents rares, mais aussi en exposant un très rare concept-car.

UN RÊVE INTIME: LA PERSONNALISATION

Présentée pour la première fois, la Lamborghini Urraco personnalisée par le designer et décorateur français Tristan Auer, avec son studio Tristan Auer Cartailoring, illustre parfaitement la poursuite d’individualité des propriétaires de ces voitures rares, aux raffinements subtils.

« Urraco » désigne un « petit taureau » en tauromachie espagnole. Elle est dotée d’un moteur V8 en position transversale, de suspensions indépendantes sur les quatre roues, de freins autoventilés et de jantes en magnésium.

Pour cette interprétation très spéciale, l’architecte d’intérieur et designer français Tristan Auer a fait le choix d’intervenir en deux temps, ce qui rend la démarche originale : une restauration dans les règles de l’art pour la partie extérieure de la voiture, fidèle à l’origine, quand l’aménagement intérieur fait l’objet d’une exécution personnalisée, avec des matériaux et des revêtements spécifiques, contemporains, qui n’existaient pas à l’époque et qui ont été choisis par Tristan Auer pour traduire sa vision spécifique de l’univers de la marque.

L’AVANT-GARDE AU SERVICE DU FANTASME AUTOMOBILE

Pour clore le parcours, le visiteur découvre, pour la première fois en France, la plus célèbre et emblématique des Lamborghini Miura : la voiture apparaissant dans la séance d’ouverture du film The Italian Job (1969). La séquence d’ouverture du film, montrant cette Miura évoluant dans les routes de montagne des Alpes, aux rythmes de la chanson « On days like these » chantée par Matt Monro, sur une musique de Quincy Jones, est l’une des scènes de cinéma liée à l’automobile les plus célèbre et les plus chargée en émotions. L’exposition présente également le témoignage de Guy Berryman, bassiste du groupe Coldplay, amateur averti de belles automobiles et amoureux de la marque Lamborghini.

Né sous le signe du taureau, le 28 avril 1916, Ferruccio Lamborghini n’était pas du genre à se laisser dicter sa conduite. Ce fils de cultivateurs d’Emilie-Romagne diplômé de l’école de mécanique de Bologne, ayant bâti sa fortune en produisant des machines agricoles et des brûleurs, est entré dans l’arène de l’aventure automobile en 1963, à la suite d’un coup de colère contre Enzo Ferrari.

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« Tu sais conduire un tracteur, mais tu ne sauras jamais conduire une Ferrari » lui lance un jour le Commendatore, tandis que le fabricant de tracteurs vient faire réparer sa Ferrari. Ferruccio Lamborghini décide alors de détrôner la marque implantée Maranello.

Il s’entoure des meilleurs jeunes ingénieurs du moment (Giotto Bizzarrini, Giampaolo Dallara ou Paolo Stanzani) et construit une usine à Sant’Agata Bolognese, près de Modène, pour produire des GT rapides.

La marque italienne se tient volontairement éloignée de la course mais va bénéficier d’une aura inversement proportionnelle à la confidentialité de sa production.

Lamborghini est l’un des premiers dans l’histoire automobile qui ne repose pas sur la compétition puisque la marque s’en est presque toujours tenue à distance.

Si Ferruccio Lamborghini s’est éteint le 20 février 1993, la marque n’a cessé de renaître et de conquérir les passionnés. Au sein du groupe Volkswagen depuis 1998, la marque italienne continue d’étonner, avec des projets toujours plus innovants et porteurs d’un tempérament affirmé. Les noms des modèles en témoignent : encore aujourd’hui, ils évoquent l’univers de la tauromachie ou sont empruntés à des taureaux célèbres.

Repères chronologiques

1916 : Naissance de Ferruccio Lamborghini à Renazzo de Cento (Province de Ferrare, Italie)

1948 : Fondation de la société Lamborghini Trattori, à Cento

1951 : Tracteur L 33, premier tracteur entièrement conçu par Lamborghini, et produit en série. Système vaporisateur à brevet Ferruccio Lamborghini

1963 : Fondation de « Automobili Ferruccio Lamborghini » à Sant’Agata Bolognese

1964 : Présentation de la première Lamborghini, la 350 GTV au Salon de Genève

1966 : Présentation de la Miura et de la 400 GT.1968 : Présentation de la Marzal et de l’Islero

1970 : Présentation de la Jarama et de l’Urraco.1971 : Présentation du prototype Countach

1972 : Vente de « Lamborghini Traticci ». Automobili Lamborghini est en difficultés

1973 : La marque est pénalisée par le premier choc pétrolier

1974 : Lamborghini vend le reste de ses actions et prend sa retraite

1980 : Ferruccio Lamborghini cède son entreprise en location-gérance aux frères Mimran, industriels français de l’agroalimentaire

Janvier 1981 : Ils fondent la Nuova Automobili Ferruccio Lamborghini SpA

1987 : Lee Iacocca, président de Chrysler, prend le contrôle de Lamborghini

1992 : Chrysler cède Lamborghini à la société indonésienne MegaTech

1993 : Lancement de la Diablo Le 20 février, Ferruccio Lamborghini, victime d’une crise cardiaque, décède à l’hôpital de Perouse

1998 : Audi (groupe Volkswagen) rachète Automobili Lamborghini

2001 : Présentation de la Murcielago

2003 : Lancement de la Gallardo

2007 : Lancement de la Reventon

2011 : Lancement de l’Aventador, première supercar Lamborghini de série dotée d’un châssis monocoque en fibre de carbone. Son dessin plus agressif marque un tournant et la radicalisation du design.

2014 : Lancement de la Huracán

2018 : Présentation du SUV Urus

2020 : Lamborghini annonce le Sián, un véhicule hybride de nouvelle génération.

Lamborghini Murcielago LP 650-4 Roadster (2009)

Lamborghini Islero S 400 GT (1969)

Lamborghini Miura P 400 (1967)

Lamborghini Murcielago LP 670-4 SV SuperVeloce (2009)

Lamborghini Countach

Scénographie de l’exposition

L’exposition présente une dizaine de modèles, issus de MUDETEC – musée Lamborghini et de collectionneurs privés, qui montrent l’étendue du savoir-faire de Lamborghini.

La scénographie de l’exposition a été conçue tel un parcours autour de l’histoire de la marque au Taureau. 60 années d’innovations et de passion à travers les designer de la marque italienne.

Le projet offre une scénographie dynamique et non chronologique, avec des oppositions de style et d’époque mis en valeur par des enseignes lumineuses. Radical, rupturiste, anguleux, fantasmatique, pop et coloré, furent les lignes directives issue de l’ADN Lamborghini pour mettre en valeur ces fabuleuses voitures qui sont déjà des stars à elles seules. La scénographie de l’exposition joue sur des effets de miroirs, sur la forme triangulaire qui rappelle le dynamisme des supers cars et la sensation de vitesse ainsi que sur des effets lumineux (LEDS, effet néon).

Les scénographes : Franck Sikorski et Yann Le Saec Né d’une rencontre professionnelle, ce duo se complète par leurs parcours différents : Franck Sikorski a fait une école d’art et développé un sens accru du touche à tout tandis que Yann le Saëc se dirige tardivement vers l’architecture à l’école Boulle.Cette richesse se sublime dans leur création commune qui se caractérise par leur passion à raconter des histoires et à faire vivre des expériences à leur public.

Autour de l’exposition

Pendant l’exposition, les visiteurs peuvent piloter une voiture de rêve sur l’autodrome de la Cité de l’Automobile :- Lamborghini Urraco de 1974

Expérience au prix de 90€ TTC les 7 tours d’autodrome.

Huracán Spyder LP610-4 de 2016

Expérience au prix de 120€ TTC les 7 tours d’autodrome.

Chaque jour, un visiteur tiré au sort pourra démarrer le moteur V10 d’une Huracán Spyder au cœur de l’exposition et rouler jusqu’à l’autodrome.

À 11h les week-end et jours fériés, assistez au spectacle de la Cité de l’automobile et gagnez votre baptême en Huracán Spyder en tant que passager de cette voiture mythique.

L’exposition se déroulera jusqu’au 10 janvier 2021.

Irina Rybalchenko

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