J’essaie que le musicien sente ce que je sens, a dit le directeur artistique et musical de l’Orchestre symphonique des jeunes de Barcelone

J'essaie que le musicien sente ce que je sens, a dit le directeur artistique et musical de l'Orchestre symphonique des jeunes de Barcelone

Carlos Checa sauta à la scène internationale en Chine en 2005, en dirigeant l’Orchestre de chambre de Hong Kong. En 2009, il joua à Londres avec des critiques excellentes en dirigeant l’Orchestre philharmonique royale dans le Cadogan Hall, et invité personnellement par le chef d’orchestre Gustavo Dudamel, il fit son début au Venezuela, en mai 2014, avec El Sistema. Depuis 2015, il est le directeur artistique et musical de l’Orchestre symphonique des jeunes de Barcelone (JOSB). En octobre 2016, il s’engage comme directeur musical d’orchestre symphonique avec le label de musique Universal Music.

Carlos Checa a aussi dirigé l’Orchestre philharmonique de Wroclaw, l’Orchestre philharmonique poméranienne de Bydgoszcz (Pologne), l’Orchestre symphonique nationale de Costa Rica, l’Orchestre nationale du Pérou, l’Orchestre symphonique de Xalapa (Mexique), l’Orchestre symphonique de Mendoza (Argentine). En Espagne, il a dirigé des orchestres tels que l’Orchestre symphonique de Radio Televisión Española, l’Orchestre Symphonique des îles Baléares, l’Orchestre Philharmonique de Galice, l’Orchestre Symphonique d’Estrémadure, l’Orchestre de Cordoue, l’Orchestre symphonique provençale de Malaga, l’Orchestre symphonique de la région de Murcie, l’Orchestre symphonique de Ciudad Real, l’Orchestre classique de Sainte-Cécile, l’Orchestre Manuel de Falla et l’Orchestre symphonique de Tenerife.

Depuis la saison 12/13, il a dirigé des concerts habituellement dans la ville de la musique de Cuenca, tels que l’hommage à Teresa Berganza dans l’Auditorium de Cuenca, la tournée des principaux auditoriums de la communauté de Castille-La-Manche avec le titre Le Petit Ramoneur une opéra de Britten, et la célébration du 20º anniversaire de l’Auditorium de Cuenca, avec la production de l’opéra La Flûte Magique de Mozart.

Dans le domaine de la musique contemporaine, il a dirigé les premières de compositeurs espagnols tels que Andrés Valero Castells, José Luis López de Aranda, Albert Carbonell et Paco Toledo, de qui la compagnie EMEC publia récemment sa symphonie Hipodámica, une œuvre qui fut enregistrée sous la baguette de Carlos Checa avec l’Orchestre Manuel de Falla.

Carlos Checa a dirigé des solistes tels que Xuefei Yang, José Menor, Mathilde Borsarello, Cristina Montes, Luís Fernando Pérez, Alejandro Friedhoff et des concerts symphoniques et des tournées internationales avec des artistes tels que Isabel Pantoja et à partir de juin prochain aussi avec Miguel Ríos.

Carlos Checa commença ses études de direction d’orchestre à Barcelona, sa ville natale, sous le chef d’orchestre Francesc Llongueres. Il étudia plus tard avec le chef d’orchestre Albert Argudo dans le Conservatoire supérieur de musique et obtint sa licence de chef d’orchestre avec honneur. Il se spécialise en composition, instrumentation et pédagogie musicale. En 2005, Carlos fonda le festival FIMUC Serranía de Cuenca et en 2006 il reçut une bourse d’étude de l’Orchestre nationale de jeunes d’Espagne.

Carlos a reçu des cours de chef d’orchestre avec Kurt Masur, Antoni Ros Marbà et George Pehilvanian.

Après le concert en Andorre, nous avons parlé avec Carlos à propos de son orchestre, sa vision de la musique et les particularité de diriger une orchestre composée de musiciens jeunes.

Interview : Irina Rybalchenko

Il s’agit peut-être d’une question traditionnelle : quand avez-vous décidé de connecter votre vie avec la musique ? Est-ce que vous jouez un instrument de musique ?

J’ai commencé les études de musique quand j’avais 6 ans, j’ai étudié le piano, hautbois et violon et quand j’avais environ 17 ans c’est quand j’ai réellement “connecter” avec la direction d’orchestre, quand j’ai créé une composition comme travail d’harmonie. Il s’agissait d’une pièce pour une chorale et un orchestre que je devais diriger en fin de cours et à partir de ce moment j’ai commencé les études de direction d’orchestre : c’est ainsi que j’ai découvert ma passion.

J’ai dirigé les orchestres symphoniques d’Espagne, Costa Rica, Pérou, Xalapa (Mexique), Mendoza (Argentine), l’orchestre philharmonique de Wroclaw (Pologne), les orchestres nationales de Honduras, Venezuela… Est-ce qu’il y a des différences émotionnelles dans la musique de musiciens de différents pays ?

Il y en a beaucoup, le caractère plus latin contraste avec la mentalité d’Europe centrale et en même temps c’ est très différent à celle de la Chine, mais la musique est un langage universel et pour moi c’est très enrichissant de pouvoir collaborer avec des orchestres tellement différentes.

Quelles qualités sont nécessaires pour diriger un orchestre ?

Connaître l’œuvre, la technique pour l’exprimer, sens du contact, humilité, capacité pour diriger un groupe, talent et passion pour la musique.

Est-ce qu’il existe un idéal dans votre profession que vous admirez ?

J’ai ces modèles de grands directeurs comme Abbado, Rattle ou Dudamel. Je suis très reconnaissant à tous les professeurs que j’ai eu lors de la formation musicale et j’admire en vérité tous ceux qui montent sur une scène et transmettent la musique avec authenticité : parfois il peut être un artiste consacré et d’autre fois un jeune qui tout juste commence.

Le directeur d’orchestre est principalement un stratège. Il doit comprendre par lui-même comment diriger l’orchestre pour arriver au résultat désiré. Quelle est votre stratégie?

J’essaie que le musicien “sente ce que je sens” avant qu’il “fasse ce que je lui dis parce que… c’est comme ça”, c’est-à-dire que j’essaie de convaincre musicalement avec une proposition. Je désire aide les jeunes à faire sortir leur potentiel, ils sont dans une période de formation et je dois les essayer à construire ce pont émotionnel pour qu’ils sachent exprimer avec fluidité ce qu’ils ont dans leur intérieur. Ce qui se passe avec la JOSB (Orchestre symphonique de jeunes de Barcelone) c’est que comme il s’agit de l’orchestre que je dirige d’habitude, il existe une connexion spéciale, un enthousiasme général et nous apprécions beaucoup les concerts.

Quelle est l’histoire de l’Orchestre symphonique de jeunes de Barcelone (JOSB) ? Est-ce qu’il y a des musiciens qui ne sont pas de Barcelone qui en forment part ? Est-ce que c’est facile pour eux d’avoir une relation avec les musiciens jeunes ? Une perspective spéciale, un certain état d’esprit sont nécessaires, non ?

Il y a quelques années, j’ai pensé : “Si des villes comme Boston, New York, Rome ou Milan, pour donner quelques exemples, ont leur propre orchestre de jeunes, Barcelone ne peut point rester derrière”, ce désir tout avec l’envie de former une grande famille musicale ont été la stimulation qui m’a permis fonder l’orchestre. La JOSB est ouverte à des musiciens de toutes les nationalités, Barcelone est une ville cosmopolite et celui-ci est l’esprit de l’orchestre. Évidemment la plupart sont de Barcelone et sont nés en Catalogne mais il y a beaucoup de musiciens des autres parties d’Espagne qui étudient à Barcelone et font les auditions pour entrer à la JOSB, mais aussi des étrangers qui passent par ici ou des résidents, à qui ils leur semble très attractif d’être partie de l’orchestre.

Même si les musiciens d’un orchestre peuvent avoir un très haut niveau d’actuation, il leur est difficile de naviguer à travers cet espace de sons. Et dans ce sens-là, le directeur titulaire de l’orchestre est la seule aide pour pouvoir le réussir. Comment est-il possible d’entendre chaque musicien simultanément, quand il y en a 50 ou plus ?

En fait nous sommes plus de 60 musiciens. Il est vrai qu’il y en a de très jeunes de 15 ou 16 ans et d’autres de plus grands de 23 ou 24. J’aime cette différence parce que de cette façon ils partagent entre-eux des connaissances, talents, efforts, ils s’aident entre-eux et j’essaie de les rassembler, de faire un groupe, une famille musicale. Pour moi ceci fait partie de ma profession, de les écouter tous, c’est une capacité qui se développe avec la pratique et il arrive un jour où nous sommes capable d’écouter tous les détails de cet instrument appelé orchestre. Pour eux c’est la même chose, ils apprennent à s’écouter dans cet instrument et à jouer dans une orchestre de jeunes permet une pratique qui est indispensable dans la formation d’un instrumentiste.

Est-ce que vous pourriez m’expliquer un peu le programme et le répertoire de l’orchestre pour la saison prochaine, s’il vous plaît?

Cette tournée à travers d’Huesca et d’Andorre, la deuxième qu’effectue la JOSB a été vraiment fabuleuse pour nous. Avec les tournées commence une période de cohabitation où il y a du temps pour parler et renforcer les relations humaines. Ça a été une grande opportunité de se rendre en Andorre et j’espère que nous pourrons y retourner bientôt.

Depuis le début de la JOSB, nous avons déjà effectué 25 programmes symphoniques différents et cette cinquième saison nous avons encore l’idée de continuer à jouer les principaux chefs d’œuvres du répertoire symphonique, pour arriver à jouer entre 30 et 36 programmes différents. Nous nous sommes positionné depuis le début dans le concept de saison : nous avons offert des concerts gratuits ou solidaire de façon régulière et nous avons créé la plate-forme où les jeunes puissent sortir de leurs centres habituels d’enseignement dans un cadre différent pour pouvoir développer et élargir leur formation.

Cette année nous comptons avec des directeurs invités comme Josep Caballé, Iñigo Pirfano ou Tomàs Grau. Je suis encore en train de décider certaines œuvres mais, par exemple, nous réaliserons pour la première fois une nuit où l’opéra sera le sujet principal. Nous voulons aussi faire face à une symphonie de Brahms, ou après avoir joué les huit, nous jouerons la dernière symphonie de Beethoven, la neuvième… Enfin, sans aucun doute une saison attractive et émouvante nous attend.

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