Madame la syndique générale,
Distinguées autorités,
Mesdames et Messieurs,
À un moment comme celui-ci, je sens le poids de l’histoire sur mes épaules. Je suis profondément honoré -voire ému- d’avoir été élu Chef du gouvernement et d’avoir prêté serment dans une institution, le Conseil Général, dont nous célébrons les premiers 600 ans d’histoire cette année. Six siècles pendant lesquels le parlement a représenté activement et de façon pacifique la volonté de générations d’Andorrans. Les murs de cette Casa de la Vall sont imbibés d’une bonne partie de cette histoire.
Si les consellers, en tant que représentants des citoyens, occupent leurs sièges en vertu d’une relation de confiance avec les citoyens, j’occupe ce siège grâce à la confiance qu’une majorité de consellers a placé en moi. Par conséquent, ce n’est pas seulement la force de l’histoire passée que je sens, mais aussi la responsabilité de l’histoire que nous écrivons tous ensemble.
L’Andorre est une démocratie représentative et parlementaire. Profondément parlementaire. Aujourd’hui, un nouveau chapitre commence pour le Gouvernement ; et il commence -précisément- à la Casa de la Vall, l’endroit symbolique d’où émane le pouvoir tenu par le Gouvernement et où le Gouvernement doit toujours rendre des comptes. L’endroit où tout commence.
En Andorre et dans tout le monde, les personnes demandent une meilleure représentation et des sociétés plus inclusives. L’un des principaux objectifs de la législature qui vient de commencer et du mandat que j’ai reçu est, précisément, de réussir que les institutions soient plus proches des citoyens et plus ouvertes à leur participation. Ce qui ne veut pas dire que nous devons nous éloigner de notre longue, très longue, très ancienne tradition d’une démocratie représentative. Mais au contraire, ceci veut dire
qu’il faut la faire plus représentative, afin que la relation de confiance qui nous unit avec les citoyens soit encore plus forte.
Afin de réussir ceci, l’Andorre n’a pas besoin de se réinventer, mais de se redécouvrir ; de mettre en valeur tout ce qui nous a distingué toujours : la proximité entre dirigeants et dirigés et la capacité d’écoute de ceux qui exercent une responsabilité publique. De temps en temps, le plus original est de tourner aux origines.
C’est pourquoi, chaque fois que nous devons aller plus loin, chaque fois que nous devons changer quelque chose, nous revenons ici, à la Casa de la Vall.
Le Conseil Général et le Gouvernement sont appelés à parcourir ce chemin de redécouverte. Et je sais, madame la syndique, que cette question est une priorité aussi importante pour vous que pour moi.
Les citoyens s’expriment de façon pluraliste et nous exigent des consensus. Le pacte pour un Gouvernement de consensus veut réfléchir cette pluralité et matérialiser ce consensus, en commençant une culture de coalition qui, bien que nouvelle, elle a toujours été représenté -en quelque sorte- dans la tradition andorrane.
J’espère que nous serons capables, depuis le consensus et la participation, de faire face à l’enjeu de construire une Andorre prospère et solidaire, respectueuse de l’environnement et capable de trouver son endroit dans un monde globalisé, tout en conservant son identité.
Madame la syndique,
Pour finir, j’aimerais prononcer quelques mots de reconnaissance envers tous ceux qui m’ont précédé au poste de Chef du gouvernement : M. Òscar Ribas Reig, M. Josep Pintat Solans –qui, malheureusement, n’est plus parmi nous-, M. Marc Forné Molné, M. Albert Pintat Santolària, M. Jaume Bartumeu Cassany et M. Antoni Martí Petit.
Leur passage au Gouvernement sera toujours une référence et une formation pour moi, d’une valeur inestimable.
Au début de ce bref discours, j’ai exprimé que je sentais le poids de l’histoire sur mes épaules. Et peut-être je n’ai pas été assez clair. Parce que l’histoire d’un pays comme l’Andorre -avec une longue tradition de paix, de stabilité institutionnelle, de régime parlementaire, de démocratie et de respect pour les droits des personnes- ne sera jamais un poids. Mais au contraire : il s’agit d’une base solide pour construire un projet de progrès et de justice.
L’histoire d’Andorre et l’héritage de ceux qui nous ont précédé dans l’exercice des responsabilités publiques n’est pas un fardeau, mais un endroit élevé d’où nous pouvons entrevoir de nouveaux horizons.
Aujourd’hui je suis seul dans cet espace réservé au Gouvernement, mais je serais bientôt accompagné d’une équipe de femmes et d’hommes déterminés à travailler d’arrache-pied dans ces nouveaux horizons.
Que nous soyons toutes et tous dignes de la confiance que nous a fait le Conseil Général et que, en fin de compte, nous ont fait les citoyens.
Que nous soyons capables, devant chaque faute, d’assumer la responsabilité de nos erreurs.
Et que nous ayons l’humilité de dire, devant chaque réussite, de paraphraser les paroles d’Isaac Newton :
« Si nous avons pu voir plus loin, c’est que nous nous tenions sur les épaules de géants. »
J’espère être digne de son héritage.
Merci beaucoup et vive l’Andorre !