Des chercheurs bordelais, spécialistes de l’addiction, étudient le bénéfice d’un traitement thérapeutique mensuel en lieu et place d’une prise quotidienne. Au-delà d’un intérêt scientifique, cette étude nationale a pour but d’évaluer comment améliorer la prise en charge des patients.
En France, il est estimé qu’environ 230 000 personnes présentent une addiction aux opiacés, plus particulièrement à la morphine et à l’héroïne. Différents traitements existent dont la méthadone ou encore, pour un peu plus de la moitié de cette population, la buprénorphine, médicament couramment utilisé depuis 1996. Jusqu’alors ce traitement était prescrit en dose journalière par voie orale mais une nouvelle forme de ce traitement a vu le jour il y a un peu plus d’un an : la buprénorphine d’action prolongée ou BAP.
Elle se présente sous une forme injectable sous-cutanée, hebdomadaire ou mensuelle par un professionnel de santé. C’est ce traitement qu’étudient aujourd’hui les chercheurs du laboratoire Sommeil, addiction et neuropsychiatrie (SANPSY, unité CNRS et université de Bordeaux). En effet, cette unité de recherche rattachée au département Bordeaux Neurocampus a l’habitude de coordonner des études cliniques. L’étude OBAP, pour Observatoire buprénorphine d’action prolongée, est une étude dite prospective et observationnelle. C’est-à-dire que son but est d’évaluer les effets de la BAP dans le cadre naturel de son utilisation, sans autre intervention.
Marc Auriacombe, professeur de psychiatrie et addictologie à l’université et directeur de SANPSY, dirige cette étude. Il tient à rappeler que l’addiction est bien considérée comme une maladie mentale dans les classifications internationales. Appelée aussi trouble de l’usage dans la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), ouvrage de référence international décrivant et classifiant les troubles mentaux.
Elle se caractérise par une perte de contrôle de l’usage dont la conséquence est un usage excessif et une accumulation de complications secondaires. « Parallèlement à l’augmentation de la mortalité, l’addiction s’accompagne ainsi de nombreux dommages dans toute la sphère bio-psycho-sociale. Dans cette situation, une prise en charge spécifique en addictologie devient nécessaire » explique-t-il.
Avec une dose hebdomadaire ou mensuelle, ces derniers sont déchargés d’une partie de la contrainte propre à la prise de tout traitement de maladies chroniques à savoir la quotidienneté, la gestion des boîtes chez soi, le nombre de passages pour délivrance, la stigmatisation associée à la prise, etc.
Pour l’addiction aux opiacés, le traitement par buprénorphine peut permettre de façon aiguë de traiter le syndrome de sevrage qui peut survenir au moment de l’arrêt de l’usage de l’opiacé problématique. Mais il permet surtout de réduire sur le long terme le risque de rechute en réduisant le phénomène dit de craving , ce désir persistant et anormal, une sensation ressentie à la fois comme pressante, perturbante et non souhaitée.