Le survivalisme est apaisant pour les gens soumis au stress toute l’année, dit Cédric Hoareau, accompagnateur en montagne, guide de pays & conteur

Actuellement, le survivalisme et le bushcraft sont les termes internationaux qui deviennent de plus en plus populaires parmi les touristes. Voulez-vous vous sentir en tête-à-tête avec la nature pyrénéenne, presque seul, mais sous la protection d’un professionnel qui vous apprendra à construire des abris, à allumer un feu à l’aide d’une pierre et à cuisiner les plantes sauvages et les insectes ? Cédric Hoareau, accompagnateur en montagne, guide de pays & conteur (www.transpyr66.com), vous y invite.

« Je dois connaitre à peu près 20 ou 25 histoires du Pays Catalan. Toutes les légendes que je raconte se situent dans les Pyrénées catalanes ou ariègeoises. Ce sont, pour la plupart, de vraies légendes de pays, transmises oralement, ou recueillies auprès des gens du pays, souvent les ainés. On peut en trouver certaines, en bibliothèque, le souvenir et l’histoire couchés sur les pages de quelques livres…

Ces histoires traitent de la montagne, de ses contraintes, de ses plaisirs… Elles parlent des bergers, des troupeaux, des lacs, des rivières, des ponts, des animaux, des pierres, des arbres, des fleurs, des hommes et des femmes, des ours, des loups… mais aussi de personnages imaginaires comme les fées, les sorcières, le diable…

Aujourd’hui, le survivalisme et le bushcraft deviennent de plus en plus populaires. C’est une bonne chose ce retour à la nature. C’est apaisant pour les gens soumis au stress toute l’année, mais tonique parfois aussi, selon les activités pratiquées. Cela nous permet, à nous les guides, de partager nos connaissances de la montagne avec les touristes venus de la ville, mais aussi d’éduquer afin de protéger le milieu naturel, en expliquant les conséquences des flux touristiques et des agissements déplacés ou inadaptés des randonneurs.

Aujourd’hui, nous devons cohabiter et respecter les règles de la montagne, afin que tous les pratiquants (randonneurs, pêcheurs, chasseurs, amateurs de VTT, canyoning et escalade) puissent y évoluer et en profiter dans de bonnes conditions, sans détruire ce milieu naturel privilégié.

A partir du printemps, les randonnées observations et photos animalières vont commencer et début avril on met en route des matinées cueillettes de morilles et bois de cerfs. De mai à début de juillet, j´organise des randos botaniques, avec l’identification et l’utilisation des fleurs sauvages, ainsi que les balades « Bains de forêt et bien être » (la nouveauté 2023).

Généralement, d’avril à septembre on réalise des trekkings sur plusieurs jours en Pays Catalan, de la montagne à la mer.

En été, de mai à septembre, depuis 15 ans j’organise un stage de survie « Deux jours face à la nature » dans la forêt, sur les secteurs de Dorres et Angoustrine, pour tout type de public. C’est une expérience formidable pour les enfants et les adultes!

Le week-end survie dure un jour et demi et se déroule selon une succession d’épreuves, ou plusieurs équipes « s’affrontent » dans la joie et la bonne humeur :

Epreuve 1 : orientation. Chaque équipe munie d’un talkie-walkie, d’une boussole et d’une carte devra se rendre sur le lieu du bivouac. Epreuve 2 : construction des abris. Un fagot de perches de noisetier, de la ficelle et un couteau de survie pour fabriquer un abri pour la nuit, en un temps record ! Epreuve 3 : trouver de l’eau potable. L’eau, indispensable à la survie en pleine nature, est cachée dans la forêt. Le parcours est varié (rochers, arbres, ravin…) et semé d’embuches…

Epreuve 4 : chasse aux insectes, champignons et fleurs comestibles pour compléter le repas du soir. Epreuve 5 : brancard et évacuation. Chaque équipe devra fabriquer un brancard avec les moyens du bord, de manière à évacuer un “blessé” du bivouac à la rivière (chronométré !). Epreuve 6 : à l’aide d’une pierre à feu, vous devrez allumer un feu (à l’archet pour ceux qui maitrisent la pierre à feu). Epreuve 7 : GPS basique pour localiser et trouver les boissons apéritives (bières et sodas). Epreuve 8 : chaque participant pourra s’essayer à l’épreuve d’équilibre des poteaux!

Après des épreuves, on calcule les points par équipe. Puis vous pouvez prendre une douche chaude (solaire). Le soir, nous cuisinons ensemble les repas trappeur au coin du feu avec les plantes sauvages, les champignons et les insectes…

Le second jour, je vous propose Epreuve 9 : fabrication d’une flèche polynésienne et épreuve de lancer avec propulseur. Je vous apprends aussi à faire de la ficelle végétale et des bracelets. Vers 12 heures, nous finissons l’activité et nous baignons aux sources chaudes naturelles de Dorres (41°C).

Cependant, il existe deux autres stages Bushcraft de 2 et 3 jours, qui s’adressent à un public expérimenté, en recherche d’autonomie en montagne.

En hiver, j’organise les sorties avec des nuitées en igloo… Savez-vous comment vous préparer à de telles balades ? Il faut s’entrainer dans le congélateur (je plaisante). Il faut juste une condition physique correcte, sans aucun problème musculaire, articulaire ou cardiaque et pouvoir porter un sac à dos de 12 à 13 Kg. En guise d’équipement, il faut se munir de vêtements coupe-vent et respirants supportant la neige et le froid, d’un bonnet, de gants chauds et de gants mappa format XL (pour les enfiler avec vos gants), de sous vêtements et de gants de rechange, de chaussures de rando montantes ou de bottes à neige, d’une couverture de survie, d´eau, de lunettes de soleil, d’un sac à viande (ou drap de sac de couchage) et d’un pique-nique.

En plus de l’encadrement par un accompagnateur en montagne professionnel avec assurance RCPRO, sont fournis : les raquettes, les bâtons, les pelles à neige, les sacs de couchage et les matelas isolants.

L’aventure dure 1 jour et demi et 1 nuit.

Le secteur des Camporells, sous les Pics Pérics, nous offre des congères de neige de plus de 4m ! Au départ de la station de Formiguères, après une courte montée en télésiège, il faudra gravir +360m de dénivelé, pour atteindre la Serre de Mauri et le refuge des Camporells à 2240m d’altitude, qui nous accueillera pour le repas du soir et le petit déjeuner.

On me demande parfois quelles tendances de l’écotourisme se développent plus activement aujourd’hui ? L’écotourisme responsable, à pied, ou en itinérance douce (VTT, canyoning, cheval…), avec un retour à la nature et une recherche de vie plus saine, plus bio, avec la récolte de plantes comestibles selon la saison…

Les gens veulent surtout éviter la foule, et profiter du moment, cherchant parfois à se dépasser dans l’effort, mais toujours contemplatifs, face à l’immensité de nos chères Pyrénées.

Le post covid a donné l’impulsion à de nombreuses personnes. Aujourd’hui, les gens sont plus sensibles au climat, à l’environnement, à leurs déchets, à leur façon de s’alimenter, à leur empreinte carbone… De plus, le gouvernement français et de nombreuses sociétés privées via les nouvelles technologies (smartphone et applications de comptage de pas) encouragent la population à bouger et à marcher, en comptant le nombre de pas effectués dans la journée.

L’alchimie entre vente de matériel, hygiène de vie et alimentation, sport accessible à tous (la marche) et la notion d’éco-responsabilité, semble fonctionner, et l’éco-tourisme ne s’en porte que mieux ».

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