Le ministre de l’Économie, de la Compétitivité et de l’Innovation d’Andorre, Gilbert Saboya, a parlé avec all-andorra.com des perspectives d’ouverture de l’aéroport d’Andorre-la Seu d’Urgell et d’autres questions liées au déplacement des touristes et des résidents d’Andorre.
L’interview : Irina Rybalchenko
Vous avez personnellement parlé quelque fois d’attirer les investissements étrangers et de construire une “ville intelligente”, de contrôler automatiquement le trafic, etc. Comment pourriez-vous commenter l’accroissement des embouteillages aux frontières d’Andorre et d’Espagne?
A la frontière, venant d’Espagne, il y a deux postes différents. Le poste de douane où la « Guardia civil » espagnole contrôle les véhicules qui descendent d’Andorre ou y montent. Du côté français, c’est pareil. Ça n’a rien à voir avec le contrôle d’identité. Cela se produit à la frontière, et il y a un poste de contrôle, tant du côté espagnol que du côté andorran.
L’Andorre n’est pas dans l’espace Schengen. Il y a donc un point de contrôle dans les deux sens. L’Andorre arrête des véhicules pour contrôler les identités – ça prend du temps, c’est vrai, mais on continuera de le faire. C’est pour des raisons de sécurité. On ne peut pas transiger sur la sécurité en renonçant aux contrôles – ce n’est pas une bonne idée.
Mais peut-être est-il logique d’augmenter le nombre d’agents de police vérifiant les documents?
A la frontière, il doit y avoir le même nombre d’agents espagnols que d’andorrans. Si nous augmentons le nombre d’agents de police et que l’Espagne ne le fait pas, cela ne donnera rien. Il n’y a pas une solution unilatérale.
Et qu’est-ce qui vous empêche de le faire? Comment envisagez-vous de résoudre ce problème, qui entraîne une détérioration de l’écologie et de l’image touristique d’Andorre?
Il est difficile de trouver une solution qui permette de faire face aux pics de haute concentration de véhicules. Dans les moments de haute concentration de visiteurs, rien que le ralentissement à la frontière crée des bouchons.
C’est-à-dire que les bouchons resteront comme aujourd’hui aux heures de pointe?
Oui, parce que nous ne sommes pas dans l’espace Shengen et que cela oblige à maintenir des contrôles à la frontière. Lors des pics de visiteurs, il est difficile d’éviter les ralentissements, et donc les bouchons.
Une autre question tout aussi sensible. Quand l’infrastructure de l’aéroport sera-t-elle prête pour des vols réguliers? Cette question a été débattue depuis plusieurs années et il n’y a pas encore de progrès…
Pour avoir des vols réguliers, cela nécessite certains instruments dont le GPS. En Espagne, il n’y a aucun aéroport aujourd’hui qui soit équipé uniquement avec le GPS. Tous les aéroports d’Espagne combinent le GPS avec d’autres instruments de navigation. Mais c’est beaucoup plus cher. Et pour l’aéroport d’Andorre-la Seu d’Urgell, ce ne sera pas rentable car l’aéroport est situé en montagne et ne peut pas accueillir de gros avions.
Donc le processus de préparation de l’aéroport d’Andorre-la Seu d’Urgell est plus difficile. Le fait d’être le premier aéroport à pouvoir être homologué en GPS-only prend plus de temps.
La réalité est que la première fois qu’un projet aéronautique aafin de mettre en oeuvre le systèmes GPS a été proposé remonte au mois de juillet 2017. Donc les trois parties – les autorités andorranes, Aéroports de Catalogne et les autorités compétentes espagnoles – ont commencé à travailler sur le dossier aéronautique à partir de cette date.
Le calendrier prévoit la possibilité d’une conclusion de la phase de design de l’installation d’ici le mois de décembre 2018. On devrait pouvoir passer dès lors à la phase d’implémentation.
Si ce calendrier se confirme, et cela est tou à fait possible, bien qu’il faut être prudent, cela nous amènerait au mois de mai 2019, avec l’aéroport fonctionnel en systême d’appoximation instrumentale GPS.
Sera-t-il disponible pour des vols réguliers et privés?
Oui, pour tous avec des avions de 50-60 passagers au maximum. Les avions plus grands ont besoin de piste plus longue. Mais 50-60 passagers ça semble suffisant pour avoir des avions bien remplis.
Combien cela coûte-t-il pour Andorre?
C’est l’aéroport de Catalogne qui en a la charge. L’Andorre participe à hauteur de 300 000 euros annuels.
J’ai lu dans l’un des médias locaux qu’il existe un projet alternatif qui a été proposé aux investisseurs russes – la construction d’un aéroport en Andorre. Est-ce que c’est possible?
La priorité du gouvernment andorras est l’aéroport Andorra- La Seu. C’est une infrastructure existante et située près d’Andorre. Il permet d’accueillir des aéronefs qui sont économiquement rentables. C’est donc notre priorité. La CCIS travaille à un projet. Nous serons attentifs aux conclusions des études. Mais notre priorité est l’homologation de l’aéroport d’Andorra-La Seu avec le systême d’approximation GPS.
Nous avons lu dans les médias qu’une présentation avait eu lieu à des investisseurs russes, mais nous n’avons pas participé à cette initiative.
Vous avez participé aux discussions?
Non. Nous serons attentifs aux conclusions des études. Techniquement, en principe, l’infrastructure est beaucoup plus difficile que l’aéroport à la Seu.
Peut-être serait-il intéressant de construire une voie ferrée depuis l’Hospitalet en France?
C’est un gros investissement. De plus, il faudrait améliorer la ligne de l’Hospitalet. Je ne vois que deux solutions, à court terme, pour améliorer la logistique. C’est l’aéroport à la Seu et l’héliport en Andorre.
À quelle étape en est la construction de l’héliport?
Jusqu’à présent, seule la première phase a commencé. Il faut s’assurer que le design est bon et le projet pleinement viable. Une étude est en cours avec des experts français pour valider la première phase du projet. Le lieu présumé est à Encamp, à côté de FEDA.
Une question sur les permis de conduire. Pourquoi Andorre ne reconnaît-il pas les permis de conduire des citoyens des États-Unis, du Canada, du Mexique, de la Russie, des pays ibéro-américains avec lesquels Andorre a récemment eu des contacts actifs, ainsi que de l’Australie, du Japon, de la Chine, de Singapour, de l’Inde, de l’Indonésie et de la Nouvelle-Zélande?
Il faut négocier avec les pays d’origines pour valider les permis de conduire. Ces accords doivent être réciproques. Il faut prévoir l’homologation pour les résidents de ce pays en Andorre mais aussi pour les Andorrans qui résident là-bas. Il y a des pays pour qui ces négociations ne sont pas prioritaires vu le nombre de cas concernés. Dans certains cas, il y a une homologation complète, mais dans d’autres cas, on reconnait la partie théorique mais on fait passer la partie pratique.
Pour les Français et les Espagnols, ce sont des exceptions?
Il est évident qu’il y a un nombre important de citoyens espagnols et français, et des relations bilatérales très profondes. C’est un accord de réciprocité. Graduellement on s’attache à pouvoir trouver des accords bilatéraux. La plupart des pays européens y sont arrivés. C’est plus facile, le type d’examens est très similaire. En général, notre objectif est de pouvoir faciliter ce processus à tous ceux qui résident en Andorre, de la même façon que pour les Andorrans à l’étranger.
Mais par contre, l’Andorre reconnaît les permis de conduire des pays-membres de l’UE. Pour être précis, l’Andorre dispose d’une réciprocité standardisée des permis de conduire avec l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne, l’Estonie, la France, la Grèce, les Pays-Bas, la Hongrie, l’Irlande, la Lettonie, le Liechtenstein, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, Monaco, la Pologne, le Portugal, le Royaume-Uni, la République Tchèque, la Roumanie, San Marin, la Suède, la Suisse et Chypre. L’ensemble des états membres de l’UE n’ont pas l’approbation de réciprocité avec le Danemark, la Finlande et l’Italie, bien que dans ce dernier cas, nous sommes en négociations.